
« Le projet de loi Travail pourra bien être retiré, et Valls sauter, nous ne rentrerons pas chez nous pour autant : ce monde qu’ils construisent avec acharnement pour nous mais contre nous, nous n’en voulons pas ! Un élan populaire est en train de naître », lance ce collectif né dans l'élan du film Merci patron !, de François Ruffin. Leur objectif ? Ne pas rentrer chez soi après la manifestation de demain, comme à chaque fois, mais occuper une place, aux quatre coins du pays, afin de « débattre et construire concrètement la convergence ». Autrement dit : tout faire pour rassembler, sans sectarisme ni divisions de clans et de clochers, les lycéens et les salariés, les chômeurs et les syndicalistes, les écologistes et tous ceux qui vivent la discrimination au quotidien. Nous leur avons posé quelques questions.

« Nous pouvons bloquer le pays et contraindre le gouvernement à entendre nos voix. »Il a, en effet, été lancé à Paris. Nous y sommes nombreux ; les ressources et les forces vives y sont forcément les plus nombreuses — mais il s'agit avant tout d'un événement autogéré. À chacun de s'en emparer ! Il n'y a aucune volonté de centralisme parisien. Nous pensons au contraire qu'il s'agit là d'une perception faussée de la réalité, du fait d'une sous-représentation médiatique des luttes locales. Aujourd'hui, nous sommes heureux d'être débordés et de voir qu'à Aubenas, Caen, Clermont-Ferrand, Grenoble, Lyon, Le Mans, Nantes, Nice, Rennes, Reims et Toulouse, des Nuits Debout s'organisent.

Occupation de place en Espagne (EFE/Chema Moya)En quoi la convergence des luttes est-elle capable de « faire peur », comme vous dites ?L'idée n'est pas neuve. Nous luttons chacun de notre côté et, pourtant, en remontant à la racine de nos maux, nous désignons tous le même ennemi : l'oligarchie, affermie depuis 30 ans, qui ne s'occupe que de protéger les intérêts de la classe dominante. Ce n'est pas compliqué à comprendre dès lors que l'on voit l'inégale répartition des richesses dans le monde ! D’après une étude de l’Observatoire des inégalités, les 10 % les plus riches du monde détiennent 86 % de la richesse mondiale, alors que la moitié de la population mondiale ne dispose que de 0,5 % de cette richesse. Le milliardaire Warren Buffett a bien raison de déclarer : « Il existe bel et bien une guerre des classes mais c’est ma classe, celle des riches, qui fait cette guerre et nous sommes en train de la gagner ! » Opposer à leurs privilèges nos voix et nos actions, mais aussi nos rêves, c'est le pari qu'on se lance pour la Nuit Debout. Si on parvient à associer la détermination et le nombre, nous pouvons bloquer le pays et contraindre le gouvernement à entendre nos voix. Nous pouvons faire peur aux élites en prenant ensemble la rue. C'est en nous rassemblant que nous inverserons le rapport de force, alors à nous de « faire classe » !Et quels résultats attendez-vous ?Pour le moment, on se considère comme une grosse équipe logistique qui s'est définie comme objectif de permettre l'occupation de la place de la République, à Paris, le 31 mars à partir de 18 heures — après la manifestation et pour les trois jours qui suivront, comme cela a été déclaré en préfecture. La suite ne dépend pas de nous mais de ceux qui se reconnaîtront dans le mouvement et qui le prendront en main. On considère que la machine doit se lancer. Ensuite, on espère qu'elle vivra ! Pour nous, la Nuit Debout n'est pas la fin de quelque chose mais le début d'un mouvement ; c'est avant tout cela, la convergence. On veut rassembler le plus largement possible ceux qui se reconnaissent dans notre constat, et avancer ensemble à travers une nouvelle façon de faire : c'est-à-dire faire sens et faire commun.
Si vous voulez soutenir ou participer à la Nuit Debout : [email protected]http://www.convergence-des-luttes.org
Ont répondu à nos questions : « tou.te.s les Camille du collectif Convergence des luttes ».
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http://www.revue-ballast.fr/nuit-debout/