Magazine Asie

Vous avez dansé ? Et bien poussez maintenant !

Par Antoinehl

Une autre matinée à Bangalore, Inde.
Ciel bleu, air poussiéreux, et bien sur ce matin, pas d’électricité. Je commence à m’habituer aux douches froides…
A huit heures trente, as usual, je passe un bon 5 minutes à démarrer ma Enfield.
Enfin le moteur part et je m’engouffre tranquillement dans le traffic dense de ce mardi indien.

Stop.
Et puis d’un coup, un petit bruit sec et la moto qui cale.
Le câble d’embrayage a cassé net. Au milieu d’une avenue. D’un périphérique.
Mais un périphérique saturé de poussière ocre, construction du métro oblige.
Les indiens qui sont derrière moi n’apprécient pas que je perturbe le désordre organisé de leur safari automobile et me le font savoir par force klaxons.
.
Premier dilemne de la journée.
> Situation: La Bullet Royal Enfield pèse 185 kg, auquel on ajoute 4 kg d’essence, plus mon sac à dos avec ordi à l’intérieur.
La distance camp de base maison / mine bureau est d’environ 6km. Et je suis à mi chemin.
> Question: Vaut il mieux faire demi-tour ou aller jusqu’à l’agence ?
> Décision : Traverser l’avenue à deux sens me parait difficile. Et puis une fois rentré chez moi, il faudrait prendre un rickshaw. Pas de changement de cap. Direction Bagman Tech Park.

Dix minutes plus tard, deuxième dilemne.
> Situation: une bonne dizaines de bus m’a frôlé. Oui oui, ceux qui font un petit millier de morts par an juste à Bangalore.
Je finis par rejoindre un rickshaw qui lui aussi pousse son véhicule. Echanges d’amabilités, et je lui demande où est le garage le plus proche. “Take right sir”
> Question: Faut il écouter les conseils d’un rickshaw man qui ne parle pas anglais et par voie de conséquence, dont on ne sait s’il a bien compris la question?
> Décision: Traversée dangereuse de la double voie, et, comme la route descend, je grimpe sur la moto et me laisse porter jusqu’à la fin de cette looooongue ligne droite.
Ayant fini par trouver dans une impasse le “mechanical”, ce dernier me rétorque qu’il n’a pas le bon câble, et qu’il faut aller chez Enfield (à 5 bons kilomètres de là).

Quinze autres minutes plus tard, intermède.
Remontée très très pénible de la descente prise quelques minutes au par avant.
J’ai déjà perdu 2kg, (toujours ça de moins à transporter).
Toujours en contre sens de la route, il va falloir que je change -encore- de coté. Mais le bureau se rapproche

Encore dix minutes plus tard: troisième dilemne.
> Situation: Croisement pour se retrouver sur la route qui mène directement au bureau.
Au stop, plusieurs personnes observent un européen qui ne ressemble plus à grand chose, la poussière recouvrant sa figure.
Et là, sur une motocyclette, un barbu avec des lunettes dont Elton John serait jaloux, me fait des grands signes. Il y a un garage pas loin. Mais à l’opposé de la où je vais.
> Question (récurrente): Petit expatrié, ferais-tu plus confiance à un barbu qu’à un moustachu ?
> Décision: 1/Hésitation. 2/Approbation. 3/Demi-tour.

Drôle d’endroit.
Quittant la route principale, je m’engage dans un enchevêtrement de baraques, plus proches d’un bidonville que de l’avenue George V.
Slalom entre les poules, les chèvres et les trous de la chaussée.
Le garage est là. Et il a mon câble.
Dix minutes de réparation. La moto repart.
Je ne ressemble plus, mais vraiment plus à rien.
J’ai vidé une bouteille d’eau en buvant à l’indienne, tenant le goulot à 10cm de ma bouche.
5 minutes plus tard, et me voila devant mon ordinateur. L’open space est climatisé. Le bonheur.

Conclusions de ce début de journée:
>> J’ai fait mon sport du mois.
>> J’ai découvert une partie de la ville où jamais je ne serais entré sans raison.
>> J’ai appris un nouveau mot “Clutch wire”, ou câble d’embrayage.
>> Je crois que je vais prendre quelques cours de mécanique pour pouvoir me débrouiller la prochaine fois.

Maintenant le boulot peut commencer…


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