Pas mal de boulot aujourd’hui, donc une note un peu plus courte qu’habituellement.
Le trajet en rickshaw m’a encore une fois surpris par la diversité du tissus urbain traversé. D’habitude, les conducteurs ne sachant que peu où ils se situent dans la ville (et surtout où est la destination prévue), ne s’aventurent pas en dehors de ce qu’on pourrait appeler “les grandes artères”. De grandes artères, il s’agit plus de routes à double sens, avec des bouchons du type “retour de Normandie par l’A13 un dimanche soir pluvieux”, ajoutant à cela la qualité plus que limite de la chaussée.
Cela dit, ce matin, le bougre avait l’air de connaitre sa ville. On est donc passé du quartier de Cooke Town ou je vis, maisons calmes et passages déserts, à un ensemble de toutes petites rues complètement défoncées, visiblement un quartier populaire, avec un monde incroyable dans la rue. Non pas des gens qui marchent ou traversent, non, des gens qui vivent dans la rue, des vendeurs de fruits, des nettoyeurs de vaisselles, des vieux qui regardent les vaches passer etc.
Troisième tableau de mon excursion, la foret. On sort rapidement de la ville pour longer une voie de chemin de fer déserte et bordée par des taillis très verts (vu la flotte qui tombe ici, personne ne s’en étonnera), taillis que broutent placidement des vaches. Puis on tourne par une piste en terre, et le touc touc traverse une foret dense qui se mue d’un coup en périph complètement saturé. Un tournant sec sur la droite, et me voila au bureau.
Un bon raccourci pour un prix de course très raisonnable, 60 rp (1,2 euros).
Boulot sympa, ça carbure, et j’ai eu l’occasion de voir leur système de Workflow dont parle Friedman dans son livre (cf note précédente). En gros ce sont des fichier excel qui permettent de suivre quotidiennement l’avancée du travail, d’ajuster les plannings, de pister les erreurs commises, que ce soit leur provenance géographique ou leur nature technique et enfin de les corriger.
Il faut se rappeler que le bureau travaille en flux tendu avec le reste du monde et que les infographistes font quasiment les 3/8… ça fait rêver le 1er étage du 40 av George V non?
☺
J’ai raconté hier les gouts musicaux de mes voisins, mais j’ai pu avoir une vision d’ensemble du bureau aujourd’hui.
En fait le matin et l’apres midi, c’est -relativement- calme, mais à l’heure du dej, les musiques se mettent en marche, et la ruche qui n’était que somme d’individualités se révèle soudainement en tant qu’ensemble homogène.
Je passe sur le déjeuner, dont vous avez la photo-ci dessous mais je commence à m’habituer…
Hier soir donc, je vous disais être allé prendre un verre avec un des Ogilvien. J’ai pu avoir un aperçu, grace à son histoire, de l’évolution incroyable qu’ont vécu les Indiens depuis 15 ans. Il vient d’une famille “middle class” (selon son expression) de Bombay, deux parents profs d’Université. Jusqu’au début des années 90, l’Inde était un pays socialiste. Un Cuba bis. Lui et sa famille ont mis 8 ans à avoir un frigo, 12 à avoir une ligne de téléphone et il était financièrement inenvisageable de voyager. Ses parents ont, cela dit, fait un essai d’immigration vers le Canada, mais échaudés par un racisme violent, ils sont revenus en Inde rapidement.
Aujourd’hui, 15 ans apres la fin de l’ère socialiste, et même si dans la Constitution et dans la fiscalité, il reste des traces importantes, les choses ont radicalement changé.
Cet Indien (31 ans) est allé faire ses études aux Etats Unis, son frère et sa belle soeur habitent à NY et travaillent pour IBM, lui est donc à Bangalore chez Ogilvy… et il ne faut pas plus d’une heure ou deux pour acheter et se faire livrer un frigo neuf… pourvu qu’on soit dans la bonne tranche sociale.
Car la “middle class” a, selon lui, presque totalement disparu. Au profit de riches et de très pauvres.
Bien évidemment, ces informations, cette expérience, est celle d’un indien parmi 1,2 milliards d’individus, mais elles correspondent plutôt bien au très petit entre aperçu dont j’ai pu être le témoin depuis mon arrivée.
Je suis rentré en rickshaw comme tous les jours, une heure d’embouteillage monstre… ca ferait presque regretter Paris aux heures de pointe… Heureusement la voix du muezlim m’accueille en rentrant. Home sweet home !
Je sais, je suis trop bavard et ma note s’est allongée toute seule… J’arrete là pour en garder un peu pour demain.
Namaste !!