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Critiques Séries : Section Zéro. Saison 1. Pilote & Episode 2 (France).

Publié le 05 avril 2016 par Delromainzika @cabreakingnews

Section Zéro // Saison 1. Episodes 1 et 2. La chimère (Pilote) / Au royaume des morts.


Olivier Marchal (Braquo) revient sur Canal + pour une toute nouvelle création originale, une série de SF dystopique, avec l’aide de Laurent Guillaume pour qui ce sont les débuts de scénariste. Bon, Olivier Marchal veut nous présenter cela comme un polar d’anticipation, c’est un peu la même chose. On retrouve alors les éléments de prédilection de Marchal tout en ajoutant un peu de la sauce Mad Max pour ce qui devrait être notre plus grand plaisir. Mais le problème de cette série est le manque cruellement de profondeur. On a l’impression que rien n’est vraiment creusé sur l’histoire des personnages alors que les scénaristes mettent plutôt la violence en avant. En effet, la violence condamne le scénariste à de sanglantes escalades de plus en plus paroxystiques, quitte même à oublier toute l’ambition qu’il y avait derrière le précepte de base. Du coup, Olivier Marchal se fait un kif dans lequel il prend soin de faire du vent avec un manque cruellement de réflexion. Nous sommes en 2024 et pourtant, la série n’arrive pas à faire état de cette époque correctement. Certes, visuellement on nous montrer l’état du monde mais le visuel ne suffit pas, surtout que dans une série dystopique, on a besoin aussi d’une légère réflexion afin de cerner le pourquoi du comment.

En Europe, dans un futur proche, les Etats endettés ont renoncé à leur souveraineté au profit de multinationales, immenses agrégats économiques ultra-puissants. Parmi ces nouvelles "sociétés titans", Prométhée, l'une des plus puissantes et dangereuses, ne cesse d'étendre son emprise sur la Fédération. Son but : remplacer la police par une milice privée, le Black Squad, dirigée par le dangereux Munro, et créer une armée d'hommes robotisés, les Mékas. Sirius, flic idéaliste, veut se battre pour empêcher la disparition du monde dans lequel il a vécu. Il va entrer en résistance et diriger un groupe d'élite, la Section Zéro, qui utilise tous les moyens, y compris l'illégalité et la violence. Derrière ce combat politique se joue également pour lui le combat d'un père et d'un mari pour retrouver les siens.

Au travers de ces deux premiers épisodes, je me suis donc posé tout un tas de questions. La série se gangrène elle-même au fil de ces deux épisodes, tirant un peu trop sur la corde. On sent que Olivier Marchal a adoré Mad Max tant l’inspiration est visible là dedans, mais le sous-texte de Mad Max manque cruellement ici étant donné que le niveau de lecture politico-sociétal manque cruellement de profondeur. Je pense que le créateur a peur du futur, qu’il a peur que le monde soit condamné par ses dettes à lâcher sa souveraineté à des multinationales. C’est un peu un révolutionnaire Olivier Marchal. En tout cas, cela se ressent assez dans Section Zéro, dans sa volonté de dépasser le sujet de base afin de raconter quelque chose qui pousse justement l’angoisse qu’il doit avoir au fond de lui dans un état paroxystique. Je m’attendais vraiment à quelque chose de beaucoup plus efficace. Certes, il y a de l’action mais quand on a déjà vu Braquo, il y a des tas de dialogues que l’on a déjà entendu. Certes, c’est adapté à l’époque dépeinte mais ce n’est guère suffisant. Surtout que la profondeur du récit n’est pas la force de Section Zéro. Bien au contraire. On passe alors d’histoires de flics sensées apporter un semblant d’émotion (notamment à la fin du premier épisode) mais l’effet est là aussi très étrange, à des histoires de gangsters de l’époque.

Il ne se passe que très peu de choses finalement. Dès que Section Zéro tente d’entrer sur le terrain de la politique et de la situation du monde, on ne sait pas trop dans quelle direction aller là non plus. On aurait par ailleurs pu espérer quelque chose de la part du suédois Ola Rapace mais ce dernier est aussi charismatique qu’une porte fenêtre. Autant dire, qu’il n’y a pas grand chose à en ressortir et l’effet est donc forcément limité là aussi. Même le reste du casting, pourtant intéressant, ne fait pas d’étincelles. On a alors l’impression que Section Zéro a surtout voulu être un exutoire où Olivier Marchal peut tabasser des gens et mettre en scène de la violence dans le monde de coucher ses peurs, ses pulsions et ses angoisses. De plus, la mécanique utilisée est plus ou moins celle que l’on a déjà vu dans Braquo alors pour la bonne dose d’originalité, on va repasser. La seule chose dont on est sûr c’est que Section Zéro est bien une série Olivier Marchal et elle fonctionne plus ou moins en tant que tel. C’est donc une série assez rythmée mais cruellement vide que l’on nous propose et qui oublie malheureusement ce qu’il y avait de plus important. Cela reste un projet ambitieux et je vais aller voir ce que les prochains épisodes nous réservent mais j’y vais un peu sans espoir.

Se baser sur les poncifs de la SF des années 80 (certes, cela a réussi à Mad Max mais cette dernière franchise a su s’adapter au monde moderne pour son retour). Le futur est dépeint de façon très classique finalement avec tous ses clichés : le sexe comme façon de se souvenir que l’on est humains, la drogue, les entreprises qui ont le contrôle de tout, des tatouages, etc. Au bout d’un épisode, on a déjà vu pas mal de choses et ce ne sont que des clichés alignés sans véritable saveur. Le style, proche par moment du cyberpunk plus que de la dystopie que l’on connaît actuellement au cinéma, n’est pas des plus excitant. Malheureusement. Surtout que c’était une bonne idée que de proposer de la SF sur Canal +. La chaîne démontre ici qu’elle ose quelque chose. L’arrivée de Tchéky Karyo à la fin de l’épisode 2 comme personnage pivot pourrait donner un nouvel élan à Section Zéro, si tant est que la série en fait vraiment quelque chose.

Note : 3/10. En bref, une série de SF manquant cruellement à ses ambitions de départ dans un style bourré de clichés.


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