Samedi dernier nous avons donné la première représentation d'une longue série à venir de notre nouveau spectacle "Brûler des Voitures". Multiples retours des spectateurs sitôt rideau levé - devant le vin d'honneur de la mairie de Pomarez - très émouvants, très sincères et très positifs. La pièce marque visiblement par son message fort.
Message du temps présent qui rejoint les lignes de Jean-Claude Guillebaud dans son édito de dimanche dernier paru dans Sud-Ouest, titré "La "révolution" américaine" : "... Le système néolibéral s'éloigne peu à peu des valeurs démocratiques élémentaires. on s'accoutume à l'idée que les hommes n'ont pas tous la même dignité..."
J'ai bien aimé mom qui m'avait demandé la veille au soir si "mon théâtre" c'était bien, si j'étais content et s'il y avait eu du monde et qui est venue me voir le lundi en me portant le journal du dimanche, disant : "Il faut que tu lises ce que Monsieur Guillebaud a écrit, moi ça me plaît..." Mom, 92 ans, qui ne sait pas pour qui elle votera en 2017, mais qui jusqu'au bout fera le pari de l'humain. Mom, comme Guillebaud, comme nous, choquée que l'humain soit devenu totalement et absolument jetable à notre époque, qu'il soit travailleur, migrant, jeune à la recherche de taf, vieux plus bon à rien, etc.
Dans notre pièce Jessica essaie de justifier l'injustifiable. Le gamin renversé, écrasé dans la nuit par la bagnole dans laquelle elle était passagère avec ses amis, retour de fête branchée et chargée, n'a pas la même valeur qu'eux. C'est, lui semble-t-il, pour ne l'avoir vu que le temps du choc, de "l'accident" où ils ne s'arrêteront pas, qu'une petite frappe, un voyou, obligatoirement, qui n'avait qu'à pas traîner dans les rues à 4h du matin. Une "cayra" faisant partie de cette sous-culture de dégénérés qui défie la couleur de la peau.
Mais, elle et ses pitoyables comparses se défendent d'être racistes... mais la valeur, ah oui la valeur ! Tout le monde n'a pas la même valeur sur Terre. Et eux, ils vont pas foutre leurs brillantes carrières en l'air pour un mec comme lui. C'est malheureux certes, mais c'est comme ça...
Le Saint Théâtre c'est la vraie Cène de la vie. Moment de communion et de partage. Quand il y a un vrai texte, une vraie mise en scène, le comédien a, avec le fils du charpentier de Nazareth, l'immense pouvoir de transformer l'aqua simplex de tous les jours en vin de vérité, de multiplier les pains et parfois de faire marcher sur l'eau les spectateurs qui assistent au miracle du partage ; non seulement du partage, mais surtout celui de la relation étroite - privilégiée - public & comédiens, celui aussi de la vraie émotion.
Le comédien se donne en sacrifice consenti. Le comédien est parfois trahi par certains zélotes ou autres pharisiens qui ne veulent rien entendre, décideurs publics ou privés qui ne lui facilitent pas la tâche, mais le comédien ne porte pas sa croix, pas de croix, pas de lieu de crucifixion. Encore et toujours un seul lieu, le seul qui vaille, celui de la salle-Cène et du plateau. Celui de la communion et du partage.
Nota : mon Youtube n'est pas visible sur tablettes, iPad, etc. Juste sur ordi, pourquoi ? I don't no...