Heartbeat est une nouvelle série de 13 épisodes diffusée depuis la fin mars sur les ondes de NBC aux États-Unis et Global au Canada. Toutes les intrigues tournent autour de la cardiologue Alexandra Panttiere (Melissa George) de l’hôpital St Matthews à Los Angeles dont le cœur bat définitivement la mesure lorsqu’il s’agit de ses patients, mais de façon moins régulière lorsqu’il est question de ses relations amoureuses. Série vaguement inspirée de la carrière de la Dre. Kathy Magliato, Heartbeat ne se contente pas d’exploiter les codes ultrastandardisés du genre médical; elle les bousille. Entre cas extrêmes, histoires de cœur inintéressantes et humour douteux, on passera aisément son tour, d’autant plus que le téléspectateur a amplement le choix avec les autres nouveautés de l’année prenant place dans un hôpital.
Un sentier plus que battu : il est défoncé
Plus que simple cardiologue, Alexandra est aussi chef d’innovation à l’hôpital où elle travaille. Connaissant son métier sur le bout des doigts, elle n’a aucune difficulté à persuader des hommes fortunés à investir dans l’établissement, mais c’est la trop grande passion qu’elle porter envers son métier et ses patients qui risquent de la perdre. En effet, rétive aux contraintes administratives que lui impose son administratrice que l’on pourrait surnommer « miss protocole », Millicent Patel (Shelley Conn), elle se retrouve plus d’une fois sur la corde raide. Côté cœur, Max (Joshua Leonard), le père de ses deux enfants l’a laissé il y a plusieurs années pour un homme et elle tente, non sans efforts de bâtir une relation solide avec sa nouvelle moitié, le docteur Pierce Harrison (Dave Annable qui a définitivement la tête de l’emploi puisqu’il endossait le même métier dans Red Band Society…). Cependant, l’arrivée à St Matthews du chirurgien en chef Jessie Shane (Don Hany) la rend sur la défensive puisqu’elle n’est pas insensible à ses charmes, d’autant plus qu’à l’époque où elle était stagiaire, ils étaient amants.
On a l’habitude avec le genre médical, presque toujours scénarisé de façon procédurale, de nous présenter des patients aux prises avec des maux qui sortent de l’ordinaire : un simple rhume ou des courbatures n’auraient en effet aucun intérêt pour le téléspectateur, mais dans le cas de Heartbeat, on se surpasse en la matière au point où ça devient ridicule. Dans le second épisode par exemple, nous avons droit à deux sœurs siamoises (Justina Machado) et l’une des deux étant atteinte d’un cancer, on doit absolument les séparer au moyen d’une chirurgie alors que dans l’épisode suivant, Alexandra a affaire à un patient (Nick Thurston) qui après avoir été victime d’un accident dans sa jeunesse, parle à l’envers. Évidemment, dans les deux cas, l’opération est extrêmement risquée puisque seules quelques médecins au monde s’en sont sorti avec brio (moments de tension…) et dans le deuxième cas, l’opération est mise à mal en raison de rien de moins qu’un tremblement de terre!
L’autre problème avec la nouveauté de NBC est que tout tourne autour d’Alexandra. La regarder exceller constamment dans la salle d’opération n’a rien de vraiment divertissant et l’on accorde beaucoup trop d’attention à ses problèmes de cœur avec des flashbacks qui nous laissent complètement indifférents. À trop miser sur elle, les autres n’ont inévitablement pas leur place au soleil et comme les principaux protagonistes sont tous des Blancs, pour faire bonne figure, on a droit à une ribambelle multiethnique, mais en arrière-plan seulement : surtout les stagiaires qui maladroits, ne sont là que pour ajouter quelques répliques naïves destinées à détendre l’atmosphère, quand ils ne sont pas tout simplement silencieux, comme c’est le cas de Marty (Rudy Martinez), le « second » d’Alexandra, un Hispanique qui la suit comme un petit chien.
Des blagues qui tombent à plat
C’est avec une musique upbeat qu’on essaie de donner une tonalité plus légère à Heartbeat et passé les jeux de mots peu inventifs en relation avec le métier d’Alexandra (« Let’s get this heart where it belongs », « You Stole my heart », etc.), il faut un sacré sens de l’humour pour apprécier les efforts des humoristes-scénaristes. Dans le premier épisode, Deana (Hayley Sales), une des patientes chouchous de la protagoniste n’en a plus pour longtemps à moins qu’on lui trouve un donneur pour son cœur et justement voici un échange entre les deux femmes : Alexandra :« Mr. Agostini was declared brain dead! » Deana: « Shut up. » Alexandra: « It’s better. She was suffering. » Deana: « You’re not just saying that to make me feel better! ». Le problème est qu’on apprend que le cœur est destiné à un autre, mais voilà que l’ex de Deana se suicide devant une partie du personnel hospitalier afin qu’ils puissent prélever son cœur. Cette scène est à peine dramatisée, pour ne pas dire prise à la légère et jamais dans le scénario on ne revient sur l’incident. Elle a son cœur, c’est tout ce qui importe.
Puis, comme Alexandra et Pierce passent le plus clair de leur vie à l’hôpital, il ne leur reste plus beaucoup de temps pour des moments intimes. Dans le troisième épisode, ils passent carrément à l’acte à l’hôpital et plus tard, Alexandra du haut d’une chaire en compagnie de ses stagiaires regarde son amoureux en train d’opérer un patient et leur explique le processus : « Do you notice how deftly Dr. Harrison closes his eyes and takes complete control over the bleed? As he applies just the right amount of pressure… Clamp. And he moves in to slowly make a definitive repair of the vessel, forcing it to succumb to his will. His hands manipulate the cava… until his portal vein is in position to receive his lance. Sa voix est langoureuse, on sent qu’elle perd peu à peu ses moyens et c’est tout juste si elle n’est pas en train d’avoir un orgasme sur place.
Enfin, question de s’amuser entre collègues, un stagiaire surnomme sa collègue asiatique “Ping Pang Pong”, faisant ainsi rire toute l’assistance… en chœur.
À l’origine, Heartbeat était prévue pour l’automne, mais Melissa George étant enceinte, le projet a été reporté au printemps. Reste qu’avec The Night Shift dans sa grille d’été et Chicago Med dans sa grille d’hiver, NBC exploite le drame médical avec dans ce cas-ci de piètres résultats : 6,3 millions de téléspectateurs avec un taux de 1,4 chez les 18-49 pour son pilote, puis, 5,16 et 4,74 millions pour les épisodes suivants avec un taux identique à 0,9. Des trois séries médicales, c’est celle qui affiche les pires performances et encore, il ne s’agit que du début. Renouvelée ou annulée, on n’en sait rien, mais pour le moment, il serait plus sage de parier sur le coma.