Demolition // De Jean-Marc Vallée. Avec Jake Gyllenhaal, Naomi Watts et Chris Cooper.
Jean-Marc Vallée, réalisateur du très bon Dallas Buyers Club, revient avec une toute nouvelle histoire, une tragédie aussi touchante qu’étrange. Disons que le personnage de Davis est très difficile à cerner. Il incarne plusieurs choses : le deuil impossible, le burn out, etc. et la métaphore qu’il y a derrière finalement serait donc celle de tout démolir pour tout mieux reconstruite. Ou mieux SE reconstruire. Demolition a au moins le mérite d’être visuellement irréprochable. Jean-Marc Vallée propose donc quelque chose de visuellement intéressant, se voulant à la fois âpre et réaliste afin de faire une sorte de constat du monde actuel. En effet, le burn-out est quelque chose qui a du mal à être reconnu et pourtant, c’est une maladie chronique qui existe et qui touche de plus en plus de gens dans ce monde. L’échec de Demolition vient surtout du fait que l’on devrait donc avoir énormément d’empathie pour quelqu’un qui incarne quelque chose que l’on pourrait vivre un jour avec un sens assez aigu du réalisme. Bryan Sipe a beau avoir écrit un scénario assez original, il n’en reste pas moins difficile à pénétrer. On a donc du mal à crever l’abcès. L’avantage tout de même ici est de pouvoir parler d’espoir ou en tout cas de quelque chose d’assez proche.
Banquier d'affaires ayant brillamment réussi, Davis a perdu le goût de vivre depuis que sa femme est décédée dans un tragique accident de voiture. Malgré son beau-père qui le pousse à se ressaisir, il sombre de plus en plus. Un jour, il envoie une lettre de réclamation à une société de distributeurs automatiques, puis lui adresse d'autres courriers où il livre des souvenirs personnels. Jusqu'au moment où sa correspondance attire l'attention de Karen, la responsable du service clients. Peu à peu, une relation se noue entre eux. Entre Karen et son fils de 15 ans, Davis se reconstruit, commençant d'abord par faire table rase de sa vie passée …
Moi qui m’attendais à voir un film original et intelligent, je me suis retrouvé finalement avec un mélodrame assez banal et légèrement cliché qui ne méritait vraiment pas du tout un traitement aussi médiocre. Surtout que Bryan Sipe au travers de son scénario a fait l’erreur de trop en faire. Je pense qu’appuyer sur sa métaphore de la démolition pour tout mieux reconstruire c’est un peu trop, surtout que ce n’est pas comme si le film se contentait d’un moment phare, il en veut plusieurs quitte même à un moment donné à nous irriter. Jean-Marc Vallée tente alors de donner à son fils des allures différentes, au travers d’une mise en scène qui parvient à donner de la lumière aux acteurs mais c’est beaucoup trop léger et fade pour véritablement donner quelque chose. Jake Gyllenhaal est alors l’un des atouts de Demolition, tentant de donner corps à un personnage qu’il est vraiment difficile de cerner. Mais je trouve vraiment dommage de ne pas avoir réussi à aller plus loin que le bout du nez du héros. L’arrivée de Naomi Watts dans le film aurait pu être intéressante mais là aussi le film échoue à nous émouvoir de cette relation amoureuse de tragédie. Je pense donc que l’association de tous ces gens n’a pas réussi à faire des étincelles et pourtant, le réalisateur de Dallas Buyers Club et Jake Gyllenhaal tentent vraiment de faire de leur mieux.
Et l’on reste de marbre. Porter un regard à la fois tragédie et cynique sur la société qui nous entoure, cela aurait pu donner quelque chose de neuf, une façon comme une autre de se moquer de certaines conventions actuelles sauf que c’est loin d’être l’unanimité. Pourquoi vouloir tout incarner par des symboles ? J’ai un peu de mal à comprendre l’idée que derrière chaque histoire importante de Demolition il doit y avoir une métaphore. Si j’avais vraiment envie de voir quelque chose de différent, que j’ai été au bout non sans peine, je pense vraiment que tout ce beau monde était capable de faire beaucoup plus de choses intéressantes. Ne serait-ce que Jean-Marc Vallée.
Note : 4/10. En bref, un échec malheureux.