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Pierre B, le saint des supporters parisiens

Publié le 10 avril 2016 par Playeur.co @playeurco

Avec plus de 15000 followers sur twitter, Pierre B, avocat dans la vie est en charge de la défense des supporters du PSG. Rencontre avec ce fan de sport pour le blog playeur.co.


Pierre, peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je suis un passionné de sport, notamment du PSG. Au quotidien, je suis avocat.

Tu es en charge de la défense des dossiers juridiques des supporters du PSG, comment en es-tu arrivé là ?

Des amis et des connaissances ont fait l’objet de mesures illégales, abusives ou discriminatoires soit pour avoir soutenu une conception associative et populaire du football au Parc des Princes, soit pour avoir été assimilés à tort à ces supporters revendiquant un retour des associations. Cela m’a profondément choqué pour les connaître très bien et savoir qu’en aucun cas ils ne pouvaient mériter un tel traitement.

En tant qu’ancien abonné du Parc, je sais la valeur de l’engagement des associations de supporters dans le soutien au club, même dans les difficultés, et dans l’organisation de l’animation des tribunes. Ca a toujours été un bonheur d’aller au Parc pour son ambiance.

De fil en aiguille, différentes personnes concernées par ces problématiques m’ont contacté et lorsqu’elles m’ont convaincu de leur honnêteté, de leur fiabilité et de leur respect des règles de bonne conduite, j’ai accepté de les accompagner. Défense des droits et défense d’une conception associative du supportérisme.

Quel regard portes-tu sur le plan Leproux 6 ans après ? N’a-t-il pas conduit (seulement) à vider le Parc des Princes de toute son ambiance ?

Le Plan Leproux était nécessaire. Des groupes minoritaires ont gangréné le Parc par un combat politico-idéologique déconnecté du sport et par une violence ayant conduit à l’irréparable. Mais il devait être provisoire. Les 13.000 abonnés ont été doublement pénalisés : d’abord victimes des comportements délictueux de ces minorités que les pouvoirs publics et le club n’ont pas su contrôler, ensuite punis comme s’ils étaient tous responsables de ces débordements.

Avec le rachat du club et l’arrivée des stars, le Plan Leproux a été détourné de son objet. Il est devenu pérenne. Cela a permis au club d’écarter les associations de supporters qui sont parfois un frein à la hausse des tarifs billetterie. Cela a aussi permis aux clubs et pouvoirs publics d’écarter un mode de supportérisme qu’ils méprisent et qu’ils ont peur de ne pas savoir gérer : pour ne pas admettre qu’ils ont leur part de responsabilité dans les graves incidents de 2010, ils ont désigné un bouc-émissaire. Laisser revenir ce bouc-émissaire permettrait de démontrer que ces supporters n’étaient pas « Le Problème » et que le club et les pouvoirs publics étaient aussi responsables.

L’hypocrisie est d’autant plus manifeste que le club, qui a longtemps cru pouvoir se passer de l’ambiance, est désormais en train de se contredire. Notamment sous la pression des joueurs excédés par un stade atone ou versatile, le club copie les codes des associations de supporters (tifos, mégaphones, tambours, autorisation d’être debout, slogans…) et revient sur toutes les mesures de sécurité qu’il jugeait indispensables (cession des abonnements, suppression des barrières plexiglas, abandon progressif de l’aléatoire et des interdictions de regroupements…). Le club rêve d’un retour des associations de supporters sans les associations de supporters, pour ne pas admettre ses torts et probablement aussi par orgueil après avoir injustement accusé de tous les maux et violé les droits de gens irréprochables.

Plus globalement, la France a enfin de grands stades mais ils sont vides, as-tu une explication ?

La France a construit des stades plus grands et plus neufs en pensant qu’ils se rempliraient automatiquement. Le football français n’a mené aucun travail de fond global et de long-terme sur le développement d’une culture stade. A cet égard, la politique de répression massive et abusive des pouvoirs publics (plus de 200 déplacements de supporters interdits cette saison) et la volonté de déstructurer les associations de supporters détruisent le socle du supportérisme. On ne va pas au stade seulement pour voir le match, mais pour l’atmosphère et l’ambiance. Sinon on reste dans son canapé.

Les clubs français ne jurent que par les droits télé dont ils sont devenus totalement dépendants. Ils nient la valeur d’un soutien populaire dans le stade et n’ont que peu d’égards pour les recettes billetterie. Il se trouve par ailleurs que la France n’est pas nécessairement aussi attachée au football que ses voisins, notamment avec la concurrence de sports comme le rugby qui vampirise le Sud-Ouest. Les clubs de football professionnels sont beaucoup regroupés en Bretagne, dans le Nord-Est et dans le Sud-Est. Ce qui fait que chacun d’entre eux a une zone de chalandise plus réduite.

Le PSG est champion au bout de 30 journées après sa victoire à Troyes 9-0, inquiétant ou valorisant?

Très inquiétant sur le niveau de la L1 cette année où aucun club n’arrive à être régulier derrière le PSG. Ce qui n’enlève rien à l’excellence du parcours du PSG.

En tant que supporter du Real Madrid, que penses tu de la nomination de ZZ ? N’arrive-t-elle pas un peu trop tôt ?

Il n’est jamais trop tôt pour se lancer. On jugera sur les actes. De toute façon, Zidane est autant là pour son charisme sportif et son aura que pour ses qualités de technicien. La clé pour lui sera de savoir s’entourer puis de bien gérer son recrutement estival. 

As-tu par ailleurs un avis sur l’affaire de la sextape de Matthieu Valbuena. Karim Benzema doit-il doit aller à l’Euro ?

Ce n’est ni aux journalistes, ni aux hommes politiques, ni à moi de nous prononcer. Il est présumé innocent donc cette question ne nous concerne pas tant que la justice ne s’est pas prononcée. Quand bien même il serait condamné, cela n’interdit pas de faire son travail. C’est au sélectionneur et au vestiaire de décider.

Martin Fourcade, que nous avions interviewé il y a quelques semaines, vient d’éclabousser les championnats du monde de biathlon de toute sa classe. A quel niveau le places-tu dans la hiérarchie des plus grands sportifs français ?

Il est impossible de hiérarchiser parmi les sports ou parmi les époques. Ce qui est certain c’est qu’il réalise des performances absolument stratosphériques. Il bosse énormément, il a du talent et il a un physique hors norme. Il doit sa réussite à son intelligence et à son équilibre. On sent bien que c’est un garçon réfléchi qui sait rester à sa place et qui n’hésite pas à donner son avis de manière argumentée et constructive. Pas besoin de le comparer à qui que ce soit pour savoir que c’est un très grand champion du sport mondial.

Le XV de France de Novès, tes impressions ?

C’est beaucoup trop tôt pour juger. J’ai deux motifs d’espoir. Sur le terrain, il a les qualités et le staff pour donner une patte offensive et intelligente à cette équipe. Il connaît le succès comme peu d’entraîneurs français. Hors du terrain, je pense qu’il est capable, avec les dirigeants actuels, de faire évoluer le fonctionnement fédéral du rugby français pour offrir aux clubs et à la sélection un nouveau modèle de travail en commun. Il faut abolir les barrières structurelles du rugby français qui se sont élevées depuis 1995 et le professionnalisme. Il faut arrêter de penser clubs et sélections comme des entités aux objectifs rivaux. Guy Novès est capable d’être l’un des acteurs d’une refondation de ce système de pensée.

Klay

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