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L'indignité du revenu de base inconditionnel

Publié le 12 avril 2016 par Francisrichard @francisrichard
Photo reprise du site de Nicomaque (https://nicomaque.com/)

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Le 5 juin prochain le peuple suisse va voter sur l'objet d'une initiative populaire intitulée: Pour un revenu de base inconditionnel. S'il est adopté, la Constitution sera modifiée comme suit:

Art. 110a (nouveau) Revenu de base inconditionnel

1 La Confédération veille à l’instauration d’un revenu de base inconditionnel.

2 Le revenu de base doit permettre à l’ensemble de la population de mener une existence digne et de participer à la vie publique.

3 La loi règle notamment le financement et le montant du revenu de base.

Les partisans de cette initiative ajoutent sur leur site: Remarquez bien que nous ne votons que sur le principe, aucun montant et aucun mode de financement n’est proposé dans ce texte (bien que plusieurs idées existent). Ce sera un choix ultérieur.

Parlons donc du principe puisque montant et financement sont indéterminés et que nous pouvons gloser sur eux indéfiniment.

Il s'agit donc de permettre à l'ensemble de la population de mener une existence digne et de participer à la vie publique. Ne considérons ici que la première proposition.

Que signifie mener une existence digne?

Est-ce vraiment mener une existence digne que de recevoir un montant sans rien avoir à faire pour le mériter? Cela signifie tout simplement qu'une partie des gains de ceux qui font, ou qui feront encore quelque chose, est versée à des fainéants au sens étymologique du terme.

La pente de l'être humain est celle du moindre effort. C'est en luttant contre cette pente qu'il acquiert sa dignité, qui est de ne dépendre de personne pour s'assumer, autrement dit d'être libre. L'histoire montre que ce combat de toujours lui a permis de se dépasser et de créer des richesses. 

En recevant un revenu, sans rien avoir à faire en contrepartie, l'être humain est incité à ne pas faire d'effort, à se reposer en quelque sorte sur un oreiller de paresse, qui, naguère, était considérée comme un des sept péchés capitaux. C'est-à-dire qu'il est incité à suivre sa pente, celle du moindre effort.

Est-ce vraiment mener une existence digne que de recevoir un revenu de la main visible de l'Etat sans avoir à manifester sa reconnaissance pour ce cadeau inconditionnel? Il est en effet plus facile pour sa conscience de vivre aux dépens de tout le monde que d'être reconnaissant à quelqu'un en particulier.

En fait, si l'on ne veut pas que les bénéficiaires du revenu en question soient reconnaissants à l'égard de quelqu'un en particulier, c'est pour qu'ils ne puissent pas se rendre compte qu'ils sont en fait les bénéficiaires d'un vol. Car qu'est-ce d'autre qu'un vol que de prendre dans la poche des uns pour remplir celle des autres?

Le vol évidemment suppose que la propriété soit reconnue. La propriété, sujette de plus en plus à caution, est pourtant la condition sine qua non de la liberté de l'être humain, sans laquelle il ne peut pas créer de richesses. Chacun pourtant est (ou devrait être) propriétaire de son capital humain, c'est-à-dire des facultés qu'il développe, et des fruits de son travail.

C'est parce qu'il développe ses facultés et qu'il sait pouvoir conserver les fruits de son travail que l'être humain crée des richesses. Ces richesses lui sont profitables ainsi qu'aux autres quand il peut les échanger librement et respectueusement avec eux, sans qu'elles lui soient confisquées d'une manière ou d'une autre.

Quand l'Etat n'assure pas la sécurité des biens et des personnes et quand, au contraire, il porte atteinte à la propriété, donc à la liberté des êtres humains, pour la redistribuer, il commet un vol, légal peut-être, mais un vol. Et c'est la légalité de ce vol, illégitime pourtant, qui permet de donner bonne conscience à ceux qui en bénéficient.

Pour que cette bonne conscience ne soit pas écornée, on a inventé de nouveaux droits, ce qu'il faut bien appeler des droits-créances, puisque ce sont des droits à quelque chose. Ces nouveaux droits, qui n'en sont pas, diffèrent des droits naturels, qui sont des droits de faire quelque chose. C'est au nom de ces faux droits que l'on spolie.

Parmi ces droits artificiels, il y a ainsi le droit à la couverture des besoins de base, sans laquelle l'existence ne pourrait, dit-on, être menée dignement. Outre que ces besoins de base varient d'un être humain à un autre, en cas de malheur, ils devraient être couverts par l'assurance, et si insuffisante, par la charité privée.

De tout ce qui précède, nous pouvons conclure à l'indignité pour l'être humain du revenu de base inconditionnel. Il ne peut en effet que conduire, à la longue, à l'asservissement de tout le monde:

- ceux qui se contenteront de ce revenu de base dépendront de la manne de l'Etat, qui devrait tendre inexorablement à l'épuisement, faute de richesses créées suffisantes;

- ceux qui, ne se contentant pas de ce revenu de base, seront spoliés pour alimenter cette manne, s'ils ne sont pas incités à s'exiler vers des cieux plus cléments, à condition toutefois qu'on le leur permette...

Francis Richard


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