The Magicians // Saison 1. 13 épisodes.
BILAN
L’opération lancée ces deux dernières années par Syfy est assez offensive en matière de nouvelles séries. En doublant la production de nouveautés, faisant des alliances avec d’autres pays (notamment son fidèle allié le Canada), elle nous a dégoté énormément de nouveautés de plus ou moins bonne qualité : 12 Monkeys, The Expanse, Wynonna Earp, Z Nation, Dark Matter, Killjoys et encore Hunters récemment. En somme, Syfy veut nous proposer des nouveautés à la pelle et tenter de trouver des hits pour son antenne. Si ce n’est pas facile, The Magicians est déjà renouvelée pour une saison 2. Après un pilote correct et curieusement intéressant, j’avais hâte de voir ce que pouvait donner la suite. Hâte était un bien grand mot, surtout quand dès le second épisode j’ai senti une sorte d’entourloupe. Mais après avoir imaginé durant deux épisodes que The Magicians n’était pas la bonne série promise sur la longueur dans le pilote, elle s’est rattrapé, enchaînant des surprises comme « The World in the Walls », premier bon épisode de la série, ou « The Strangled Heart » jusqu’au paroxysme atteint dans « Homecoming ». D’ailleurs, ce dernier est un épisode assez étrange dans le sens où The Magicians a enfin trouvé une façon de faire avancer ses intrigues sans sacrifier le développement émotionnel de ses personnages et c’est forcément très important pour rester attaché à ce qu’ils cherchent à raconter sur la longueur.
Plus ou moins présentée comme le Harry Potter du petit écran, je trouve que ce n’est pas forcément la meilleure comparaison à faire. Certes les deux ont des similitudes mais c’est un raccourci beaucoup trop réducteur à mon goût. Mais The Magicians reste convaincante, en grande partie car elle s’appuie surtout sur le roman culte de Lev Grossman, Les Magiciens, et qui a déjà été comparé à Harry Potter par le passé. En effet, parler d’une école de magie suggère forcément de parler de Harry Potter. Le héros a des pouvoirs qu’il découvre brusquement, etc. On en rajoute une couche ou pas ? L’avantage de cette formule magique c’est qu’ici le public visé est différent. En effet, les personnages sont explorés en profondeur dans un univers très complexe. Au travers de The Magicians, on découvre qu’il y a deux niveaux de lecture. Le premier ce sont tous les éléments qui font penser à Harry Potter : l’école, les relations amoureuses, l’aventure, etc. mais ce qui fait l’intérêt de The Magicians c’est bien évidemment la réflexion qu’il y a derrière et l’analyse d’un monde qui est faite au travers de ses personnages. C’est là que l’allégorie est forte et donne coeur à The Magicians. En tout cas, de mon point de vue.
C’est une série qui cherche donc à parler d’âmes hantées par l’adulescence et donc le passage à la vie adulte. Au fond, The Magicians est une sorte de métaphore cachée derrière tout un tas de choses fantastiques. L’allégorie fonctionne car elle n’est pas perchée, elle est soignée et intelligente. Cela permet donc de parler de l’avenir que l’on a du mal à voir venir, du fait que l’on se sent seul dans le monde, de la dépression, etc. des thématiques fortes et riches qui sont aussi en adéquation avec l’état de la société actuelle. Mine de rien, The Magicians propose d’aller bien au delà de la magie afin de réfléchir sur le monde qui nous entoure. La magie n’est là que pour enrobe une vraie réflexion que la série met plus ou moins bien en abîme. Je ne vais pas dire que cela fonctionne toujours mais cela fonctionne assez bien dans son ensemble malgré tout et c’est déjà pas mal à mon humble avis. Le héros se retrouve avec une destinée bafouée, des rêves tout aussi bafoués, etc. cachés derrière cette magie le laissant enfant au fond. La série a aussi ses faiblesses, dans l’écriture pas toujours rythmée ou juste mais The Magicians parvient à transformer quelque chose de simple au départ en une vraie réflexion. C’est intelligent et le côté labyrinthique de la narration aide beaucoup.
Si 13 épisodes est suffisant pour se rendre compte des capacités de The Magicians, la série risque de bien nous surprendre l’année prochaine quand elle va revenir. En mélangeant l’univers à des histoires beaucoup plus propres et intimes, la série parvient à sortir du lot. C’est ce qui fait tout l’intérêt de The Magicians à mon humble avis, et que c’est une série beaucoup plus ambitieuse que l’on ne pourrait probablement l’imaginer.
Note : 7/10. En bref, une agréable surprise signée Syfy.