ien que le Creux-du-Van n’égale en rien le Mont-Olympe, son aura et sa splendeur préservée en font un lieu de balades apprécié par nombre de visiteurs envoûtés.
Au siècle dernier, l’endroit était si beau et sauvage, la roche était si escarpée et volage que de vieux amis ont imaginés y installer un roi alors menacé.
A partir d’un petit noyau de population venu tout droit du paradis de Savoie, le Maître des cîmes entamait une folle reconquête des grands espaces dominés autrefois.
Et avec l’aide de Fritz Zbinden, Robert Hainard et Archibald Quartier, le bouquetin des alpes allait aussi devenir roi des crêtes du jura neuchâtelois.
C‘est en 1965 que l’aventure débuta, avec l’arrivée près de la ferme Robert des tous premiers bouquetins nés non loin de là chez le voisin Bernois.
Suivirent nombre de cousins caprins venus de différents sommets alpins qui permirent de créer dans le Jura un solide noyau de fiers bouquetins pantois.
Et bien que les naissances n’aient jamais conduit à l’aisance, quelques nouveaux-venus valaisans auront contribué à garder en vie à la petite compagnie.
Sous l’oeil attentif de Michel, qui vieille avec amour et passion sur des bouquetins qu’il connait tous par un petit nom choisi.
Si les étagnes et les cabris s’accommodent tant bien que mal au flux croissant de visiteurs déambulant sur les hauteurs du cirque rocheux,
Les boucs préfèrent s’exiler en des endroits reculés pour passer un été moins tourmenté que face à l’objectif de tous ces curieux.
C’est quand le froid polaire fait son retour sur leur domaine de pierre que les mâles tous guillerets se rapprochent du pierreux muret.
Pour se mesurer virilement et parader auprès de ces dames en espérant être celui qui saura raviver la flamme d’un amour secret.
Aujourd’hui, Fritz, Robert et Archibald, veillent probablement encore sur ce lieux, quelque part depuis le ciel étoilé.
Michel arpente toujours l’endroit, le pas décidé et le regard affuté, armé de son bâton de marche qui devient trépied le temps d’un cliché.
Et même si le Creux-du-Van n’est pas le Mont-Olympe, force est de constater que dans cet amphithéâtre naturalisé,
Les titans règnent encore, qu’ils soient cornus aux sabots veloutés, ou bipèdes infatigables jamais lassés de parcourir ce lieu aimé.
Val-de-Travers, le 16 avril 2016