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Suppresion des Nuits romanes : mauvais scénario pour le spectacle

Publié le 16 avril 2016 par Blanchemanche
#NuitsRomanes#NouvelleAquitaine
Publiéle 16/04/2016 par agnès lanoëlle
Chez Astoria, ex-prestataire des Nuits romanes
Chez Astoria, ex-prestataire des Nuits romanes© PHOTO C. LEVAIN

La suppression brutale du festival pourrait avoir de lourdes conséquences pour les artistes et intermittents du spectacle. En Charente-Maritime et Charente, les candidats pressentis pour l’édition 2016 sont sous le choc.

«Imaginez que les Francofolies de La Rochelle cessent brutalement. Et bien l'arrêt des Nuits romanes, c'est bien pire en terme d'emplois ». Patrice Massé, de la CGT spectacle Poitou-Charentes, a trouvé la formule pour résumer l'onde de choc provoquée par la suppression brutale des Nuits romanes (1). Avec 170 soirées, 250 spectacles et près de 170 000 spectateurs réunis chaque été, le festival était devenu un rendez-vous culturel emblématique de l'ex-région Poitou-Charentes. Mais ce qui ne saute pas toujours aux yeux des politiques comme du grand public, c'est que derrière la culture, il y a de l'emploi. Beaucoup d'emplois. En 2015, les Nuits romanes auraient officiellement employé 533 artistes et autant de techniciens sur les quatre départements concernés.PublicitéEn Charente-Maritime, comme chez nos voisins, la nouvelle a secoué le monde du spectacle et les candidats pressentis pour l'édition 2016. C'est le cas de la compagnie de théâtre rochelaise Avis de tempête. La troupe, qui compte neuf salariés, est encore sous le choc. Elle avait bloqué cinq dates pour cet été, et donc refusé d'autres contrats. Elle venait de transmettre des devis et attendait le marché public. « Nous avions travaillé sans le moindre doute. Nous avons appris la nouvelle par la presse et nous en sommes restés atterrés, les bras ballants. Comment peut-on prendre une telle décision violente, incohérente et totalement irrespectueuse pour les artistes comme le public ? », s'interroge Virginie Parmentier, administratrice de la compagnie.Elle confirme « un gros manque à gagner » dans un contexte économique difficile pour le spectacle vivant. En clair, les temps sont durs pour la petite troupe. « Ces dates étaient indispensables pour nous cet été. Cette décision inattendue est dangereuse pour la vie d'une compagnie, pour la culture mais aussi les villages qui nous accueillaient. C'est un très mauvais signal pour la culture que lance M. Rousset », poursuit-elle.Avis de tempête avait participé à deux éditions des Nuits romanes. Selon la troupe, habituée à partir sur les routes, « c'était une très belle proposition artistique. On croisait un public qui ne venait jamais dans les théâtres. Pour certaines personnes, c'était une destination de vacances ». Virginie Parmentier se souvient encore avec émotion de cette soirée, où la compagnie a joué devant 1 800 personnes, dans un village de 700 âmes… Souvenirs et colère.

Coup de bambou

L'Apmac (association pour le prêt de matériel d'animations culturelles) basée à Saintes avait été sélectionnée avec quatre autres prestataires. Elle devait assurer toute la logistique et la technique de 12 nuits l'été prochain. Pour candidater à l'édition 2016 et répondre à l'appel d'offres publié cet hiver, deux salariés à temps complet avaient travaillé pendant trois semaines.L'Apmac compte dix salariés et travaille avec un fichier de plusieurs dizaines d'intermittents du spectacle. Son régisseur principal, Christophe Chiron, a appris la nouvelle en « off » par les services de la Région. « Bien sûr, c'est un gros coup de bambou, une perte importante. C'était pour nous un gros marché », confirme-t-il. Pour chaque Nuit, c'était entre 8 et 12 technciens qui travaillaient. Mais pas seulement. « On faisait travailler beaucoup de monde. Quand vous débarquez à une dizaine de personnes, forcément vous faites aussi tourner les hôtels, les restaurants… », poursuit Christophe Chiron. Pour l'heure, le régisseur accuse le coup mais espère rebondir. Heureusement, l'Apmac a multiplié les rendez-vous dans la saison. L'association est notamment prestataire sur les Sites en scènes ou encore sur Les Jeudis du jazz.(1) Deux pétitions « Sauvons nos Nuits romanes » et « Touche pas à nos Nuits romanes » ont déjà recueilli 10 000 signatures.Même désarroi en Charente« On vient d’investir près de 150 000 euros dans du matériel parce qu’il y avait la perspective des Nuits romanes. Et, du jour au lendemain, on apprend qu’il n’y aura rien », raconte Denis Pelletier, le responsable d’Astoria. Anciennement baptisée Sonomixx, cette SARL rouillacaise s’est taillé une belle réputation dans le monde du spectacle vivant. Avec ses cinq scènes, son parc son et lumière à la pointe de la technologie, la PME intervient dans des festivals tels que Blues passions, Musiques métisses, la Foire expo de Barbezieux ou la Fête du cognac…Prestataire régulier sur les Nuits romanes, Denis Pelletier a logiquement fait acte de candidature pour 2016. « On jette près de six semaines de boulot à la corbeille. On a passé des journées entières à imaginer la mise en scène de chaque site sur lequel on était candidat. J’ai fait travailler un éclairagiste puisqu’il fallait absolument joindre le plan lumière au dossier d’appel d’offres… Rien que ça, ce sont environ 3 000 euros partis en fumée ». Denis Pelletier est bien placé pour mesurer l’impact du festival itinérant. L’impact économique sur la restauration, le commerce ou l’hôtellerie et, plus généralement, sur l’emploi… L’impact culturel dans des villages et des lieux qui ont perdu l’habitude de rayonner : « Les Nuits romanes, ce sont énormément de souvenirs. À Fors, par exemple, l’an dernier, une petite commune des Deux-Sèvres. Ressentir le bonheur des gens, ça n’a pas de prix… Il y a des chantiers que l’on peut faire pour le côté alimentaire. Mais, avec les Nuits romanes, cela n’était pas le cas. Aujourd’hui, l’élan est brisé ».Pour toute nouvelle officielle, Denis Pelletier a reçu mercredi un coup de fil des services de la nouvelle Région. Ils lui ont simplement confirmé l’annulation du festival. Et le responsable d’Astoria ne croit pas au revirement de dernière minute. Pas plus qu’à une reprise en main de l’événement par des collectivités déjà empêtrées dans leurs soucis budgétaires.Bertrand Ruizhttp://www.sudouest.fr/2016/04/16/mauvais-scenario-pour-le-spectaclememe-desarroi-en-charente-2332437-1391.php

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S'il y a deux choses à NE PAS RETIRER AU PEUPLE FRANÇAIS, c'est sa culture et son histoire...En Poitou-Charentes, elles sont étroitement associées dans notre Festival des Nuits Romanes.Depuis 10 ans, celui-ci a connu un grand succès populaire, attirant chaque année de plus en plus de spectateurs picto-charentais, mais aussi de plus en plus de touristes (il n'y a qu'à compter le nombre de britanniques présents à chaque spectacle....).Pour 2015, les chiffres étaient éloquents : + de 150.000 spectateurs, 170 soirées, 250 spectacles organisés dans les 4 départements du Poitou-Charentes, et mettant en valeur les plus belles églises romanes de notre région.Alors monsieur Rousset, votre argument qui consiste à dire "ça coûte trop cher et je ne peux pas faire l'équivalent en Limousin et en Aquitainen'est pas digne de l'homme dont la liste est arrivée largement en tête dans nos quatre départementsNe rayez pas systématiquement ce qui provient des autresLes retombées en terme d'image et de développement économique sont très largement bénéfiques et vous le savez bien...


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