La frilosité comme principe de société

Dimanche 15 juin 2008 09h36 - LA FRILOSITÉ COMME PRINCIPE DE SOCIÉTÉ - société Quelle est la différence entre la prévention et le principe de précaution. C'est simple la précaution s'applique dans l'hypothèse d'un risque dont on n'est pas sûr c'est à dire en " l'absence de certitudes, compte tenu des connaissances scientifiques et techniques du moment " ( par exemple les OGM) La prévention, elle, s'applique lorsque le risque est connu et réel ( par exemple le nucléaire). Les risques connus et réels sont innombrables. Il est raisonnable de pratiquer la prévention, elle découle d'une attitude responsable et nécessite une connaissance des dangers potentiels et de ses parades élémentaires. mais il est également raisonnable d'admettre qu'il n'existe pas de société sans risque ni danger malgré les précautions prises. La dérive possible au souci préventionniste est l'obsession névrotique du danger et notre société à la poursuite du mythique risque zéro risque(!) dans un souci louable de protéger les citoyens et leur environnement d' instituer la frilosité comme une règle de société et de réduire progressivement les libertés individuelles comme peau de chagrin dans une optique sécuritaire .
Il semble que le simple fait d'être vivant est un risque en soi et que toute action, décision, initiative, comporte un risque même s'il est calculé. Les cascadeurs, les sportifs, les pilotes le savent, l'expérimenté Tabarly le savait. Nous le savons lorsque nous montons dans un avion dans un train dans une voiture. L'éducation des enfants ne peut se passer de ce facteur car il a une valeur d'initiation à la connaissance du monde, à la condition humaine et à la construction de soi. Comment nier par exemple que le sport dont tout un chacun reconnait la valeur éducative comporte un risque ? Comment nier que lancer son enfant dans une cour de récréation comporte un risque corporel et même psychologique si celui-ci n'est pas préparé à un affrontement potentiel? Ce besoin éducatif d'affrontement avec les réalités de la vie dans un monde qui tend à vouloir éradiquer ses dangers s'est concrétisé il y a quelques décennies par la création des "terrains d'aventure", initiative pleine de signification sur l'évolution de notre société. Lorsque j'étais gosse, mon terrain d'aventure c'était la rue et pour rien au monde mes parents n'auraient voulu m'éviter cette initiation-là. Dehors dès le matin les jours de congés scolaires nous rentrions lorsque les réverbères s'allumaient après avoir frôlé mille dangers dont nous sortions miraculeusement vivants. j'en frémis rétrospectivement !
La lecture du numéro spécial de "Que Choisir" intitulé " tout pour réussir ses vacances" donne quelques conseils préventifs accompagnés d'un impressionnant listing de trousse à pharmacie en cas d'incursion dans un pays exotique. Ce qui suggère que le simple touriste, appareil photo sur l'abdomen, est un intrépide aventurier qui s'ignore. On rappelle notamment qu'il faut proscrire les salades et les crudités à moins de les laver soi-même avec de l'eau désinfectée. Il faut entre autres éviter la consommation de fruits non pelés, de coquillages et de fruits de mer crus, de glaces locales, de gâteaux à la crême et de lait non pasteurisé, n'absorber que de l'eau préalablement bouillie, éviter les glaçons, et proscrire les baignades en eaux douces qui sont de "véritables bouillons de culture"Il faut porter des sandales au bord des piscines et des plages et éviter de s'allonger directement sur le sable. Se méfier également des morsures et piqures d'insectes, des scorpions et des serpents, des brûlures du soleil, des rapports sexuels sans préservatif. Si l'on arrive à éviter ces dangers, il est possible de passer de bonnes vacances dans la méfiance et la suspicion.
Mais rassurons-nous : finalement le risque zéro existe bien, il suffit de ne pas naître !
Pour garder le sourire : fausse pub Urgo
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