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L'édito de la semaine: un fossé abyssal

Publié le 17 avril 2016 par Podcastjournal @Podcast_Journal
Rédacteurs et stagiaires: cliquez sur cette barre pour vous connecter en back-office de la rédaction! Le nom de la directive d’abord. L’intitulé est vague et veut tout et rien dire, secret d’abord puis affaires. Tout cela est bien mystérieux et vague. Cela veut dire quoi au juste "affaires"? Les néophytes que nous pouvons être du monde des "affaires" justement n’ignorent pas qu’existe l’espionnage industriel et autres malversations du même genre. Tout comme, nous savons que certaines entreprises mettent beaucoup d’énergie à dissimuler leur bénéfice ou pour tricher sur certaines lois. Au moment où le scandale des "Panama papers" éclate, la dichotomie entre les mondes ne pouvaient pas être plus flagrante. Entre ceux qui manipulent, puisqu’il est reconnu que ce sont les grands groupes industriels et leurs cabinets d’avocats qui sont à l’origine de la directive et ceux qui devraient profiter des possibilités offertes par les impôts payés. Au milieu, le medium qui normalement permet de découvrir ce que les premiers cachent au second. Les journalistes, les lanceurs d’alerte, ceux qui font leur métier ou pas d’ailleurs, ceux qui révèlent, ceux qui dénoncent, vont avoir encore plus de mal à enquêter au sein de ces grands groupes "secrets".
Le fait que de nombreux groupes de pression, ONG, syndicats, journalistes, juristes et sans parler de la pétition lancée par celle qui désormais incarne en France la révélation des affaires - justement -, Élise Lucet; pétition qui a recueilli plus de 500.000 signatures ne semble pas avoir troublé plus que cela ceux qui sont censés représenter les citoyens européens à Strasbourg et à Bruxelles, puisque les parlementaires ont adopté à une très large majorité cette fameuse directive.
Décidément ce n’est plus un fossé c’est un abysse.
Pendant ce temps-là, le président de la République française passe à la télévision publique dans une sorte d’exercice de communication que beaucoup ont jugé au mieux inutile, au pire mauvais. Lui tente de faire croire à un rapprochement avec le citoyen lambda. Tout le monde a joué semble-t-il son rôle à la perfection. Le casting était presque parfait. Un président qui se veut normal et qui l’est peut-être, par sa médiocrité jouée et assumée, des journalistes présents au musée de l’Homme mais l’esprit déjà ailleurs, entendez, volant vers les élections présidentielles de 2017. Léa Salamé passait aussi un casting. Elle pense l’avoir réussi. Tant mieux pour elle. Des citoyens concernés dont les journalistes relèvent qu’ils ont osé interrompre le président. Il n’y a que chez nous pour le relever. Cet homme rappelons-le n’est là que parce qu’il a été élu par ces mêmes citoyens. Lui couper la parole n’est pas manquer de respect à l’homme, il s’agit d’un dialogue, pas d’une révolution. Enfin pas encore.
Et si nous avions un doute sur cet abysse entre eux et nous - je sais c’est manichéen -, la chancelière allemande nous a rassuré en donnant raison au président turc Recep Tayip Erdogan, en autorisant qu’une procédure de lèse-majesté soit lancée contre l'humoriste allemand Jan Böhmermann. Ce dernier a cru malin de déclamer des vers grossiers et injurieux sur le président turc. Celui-ci n’a évidemment pas apprécié et l’a fait savoir à Angela Merkel qui s’est retrouvé pris au piège entre politique migratoire et liberté d’expression. La loi autorise cette dernière à donner l’autorisation de porter plainte, la démarche reste par conséquent légale. Mais en même temps, il est important pour l’opinion publique allemande de ne pas donner l’impression de se coucher devant celui pour qui la liberté d’expression est le dernier des soucis. Pas facile de diriger… ferions-nous mieux qu’eux? Pas sûr… mais nous, nous n’avons pas demandé à y être.


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