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DOOM édition 2016, les racines oubliées

Publié le 18 avril 2016 par _nicolas @BranchezVous
DOOM édition 2016, les racines oubliées Exclusif

Les gens de chez Bethesda et d’id Software ouvraient grand les portes, cette fin de semaine, de la portion multijoueur du nouveau DOOM, histoire que les joueurs se fassent une idée du remake de ce jeu iconique.

Résultat? Un gros haussement d’épaules. Et un soupir de déception. À croire qu’après tout ce temps, les développeurs n’ont pas été en mesure de comprendre ce que désiraient les joueurs. Du moins, sur PC, où les notes accordées à cette version test étaient majoritairement négatives. Car sur Xbox One et PlayStation 4, au contraire, les amateurs de jeux de tir à la première personne semblaient extatiques. Et voilà ce qui en dit long sur l’héritage de la révolution entamée il y a 23 ans par ce même id Software.

Scénario

L’histoire est connue : des démons envahissent une base de recherche sur Mars, et le joueur est le dernier espoir de l’humanité en sa qualité de Marine gonflé à la testostérone.

L’histoire est connue : des démons envahissent une base de recherche sur Mars, et le joueur est le dernier espoir de l’humanité en sa qualité de Marine gonflé à la testostérone. Armé jusqu’aux dents, il devra dézinguer du mutant et du démon en quantités industrielles, préférablement sur fond de musique inspirée des hymnes métal des années 1980 et 1990.

Pour l’essai de la version multijoueur, l’idée consiste principalement à tirer sur les membres de l’équipe adverse et, parfois, de s’en prendre à un démon. Ou de devenir soi-même une créature de l’enfer pour réduire en bouillie les humains impudents qui osent vous prendre pour cible.

Jouabilité

Les espoirs étaient particulièrement grands depuis que l’annonce du retour de DOOM accompagnait la sortie, en 2014, du jeu Wolfenstein : The New Order, lui aussi édité par Bethesda. Autre série malmenée au fil du temps, Wolfenstein a réussi le tour de force de combiner innovations modernes et bon vieux plaisir assumé. L’expansion indépendante, The Old Blood, avait poussé la barre encore plus loin sous la forme d’un hommage encore plus senti à Wolfenstein 3D, le grand-père des FPS. Alors quand id Software dit travailler à une version moderne du roi incontesté des shooters, le jeu qui influence le milieu encore aujourd’hui, il était permis de rêver.

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Le rêve ne s’est pas transformé en cauchemar, mais plutôt que de reprendre ce qui avait fait la popularité du DOOM original, en 1993, les développeurs servent plutôt, pour l’instant, un ramassis de quelques bonnes idées piquées ici et là à d’autres jeux ayant bien fonctionné (Unreal Tournament, Crysis), avant de couvrir l’ensemble d’une épaisse sauce au goût décevant de Call of Duty. Bref, les quelques notes de nostalgie sont assourdies par l’équivalent, dans le domaine des jeux vidéo, d’une musique d’ascenseur beige ennuyante.

En fait, le jeu n’est pas fondamentalement mauvais : c’est simplement qu’il ressemble énormément à ce qui pollue l’industrie des jeux vidéo depuis une dizaine d’années. Un titre correct, sans plus, que l’on ressort de façon cyclique en modifiant quelques aspects cosmétiques pour exiger un nouveau paiement de 80$. Sans oublier les contenus téléchargeables, bien sûr!

L’action est lente, terriblement lente. On espérait un arcade shooter classique exigeant des réflexes à la milliseconde près. On obtient un jeu qui bouge, soit, mais qui est définitivement plus adapté aux manettes et aux joueurs de console qu’aux accros du clavier et de la souris. On espérait le retour des armes classiques qui ont fait la renommée de DOOM – le fusil à pompe, la mitrailleuse Gatling, le BFG 9000. On espérait aussi pouvoir se promener dans la zone de combat pour ramasser cinq, six, sept armes et munitions différentes. On se retrouve avec plusieurs armes, oui, mais séparées en diverses classes ou qu’il faut encore débloquer en gagnant des points d’expérience et en montant de niveau. Call of Duty, version DOOM, encore une fois. Et qui a pensé que limiter à deux armes l’inventaire des joueurs était une bonne idée?

Design

Visuellement, DOOM nouvelle mouture passe le test. Enfin, si l’on peut se fier sur les deux cartes accessibles durant cette séance de test ouverte à tous. Les environnements sont suffisamment chargés, les points d’accès sont nombreux, et les couleurs s’entremêlent correctement pour offrir des arènes divertissantes et variées. 

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Idem pour les effets spéciaux : explosions, flammes et lumières s’entrechoquent dans un ballet sanglant. Les joueurs se massacrent allègrement dans de grands éclats orange et rouges, alors que bonis de points de vie, d’armure, et de munitions émettent une pâle lueur bleue, verte ou encore jaune.

Rien à redire sur les décors, donc. De toute façon, à moins de s’éloigner longtemps de l’action, les joueurs sont normalement trop occupés à se tirer dessus pour s’attarder à une éventuelle faute de goût dans la conception visuelle. Notons également que du côté des options graphiques, id s’est donné passablement de marge de manœuvre avec une multitude de choix concernant l’anticrénelage, la largeur angulaire (field of view) ou encore le taux de rafraîchissement de l’image. Celui-ci est bloqué à un maximum de 60 images par seconde dans le cadre de la bêta, mais les développeurs promettent qu’il n’y aura pas de plafond dans la version finale du jeu.

On accroche peut-être sur les indicateurs visuels qui tendent à inonder l’écran d’informations pas toujours essentielles. Le nombre de points de vie et d’armure, le nombre de munitions, le pointage… pas besoin de grand-chose de plus.

Ambiance

La trame sonore du premier DOOM avait fait sensation. Vingt ans plus tard, la musique du jeu est toujours facilement reconnaissable, et les reprises abondent en ligne. Pourquoi a-t-on choisi de faire jouer les participants à la bêta dans le silence le plus total?

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Oui, il finit par y avoir de la musique dans les menus, mais lorsque vient le temps d’affronter d’autres joueurs dans l’arène, l’environnement sonore n’est que bruits de tirs et explosions. Ou encore la voix de l’annonceur qui répétera inlassablement les mêmes informations encore et encore.

Conclusion

Il faut espérer (très fort) que la campagne solo en vaille la peine. Oui, le premier DOOM avait lancé la mode des arcade shooters multijoueurs à l’époque où il fallait encore passer par une connexion modem pour s’étriper en ligne, mais le jeu est surtout passé à l’histoire en raison des niveaux à franchir seul. 

Est-ce à dire qu’id Software et Bethesda auraient dû éviter de se mouiller dans le bassin traître du multijoueur? Peut-être.

S’il est difficile de fournir un avis définitif sur un jeu en n’ayant eu que deux modes multijoueurs à se mettre sous la dent, et ce en une fin de semaine seulement, la différence entre les notes accordées par les joueurs de console et les joueurs sur PC s’explique facilement : les FPS de type Call of Duty engrangent des millions, voir des milliards sur Xbox et PlayStation. Sur PC, parmi les joueurs qui seront potentiellement intéressés par DOOM, il y a ceux qui ont déjà joué aux précédentes versions, et qui en gardent souvent un souvenir très vivace. Alors quand ceux-ci se retrouvent confrontés à un jeu aux fonctionnalités génériques, les critiques fusent rapidement.

Est-ce à dire qu’id Software et Bethesda auraient dû éviter de se mouiller dans le bassin traître du multijoueur? Peut-être. Après tout, Wolfenstein s’était justement distingué en n’offrant que la campagne solo. Mais pour percer sur le marché des consoles, il semblerait qu’il soit nécessaire de mousser le jeu en ligne.

Peut-être que le produit final sera fantastique, et qu’id Software renouera avec sa gloire passée. La prudence est toutefois de mise.

Et pour ceux qui voudraient calmer leur fringale de FPS particulièrement solides et rapides, il est recommandé de se tourner vers Quake Live, Brutal DOOM, ou encore la version actuellement en développement d’Unreal Tournament. Les deux derniers sont gratuits – pour Brutal DOOM, quelques manipulations sont nécessaires, mais DOOM lui-même est tombé dans le domaine public depuis belle lurette –, et Unreal Tournament, présentement en version alpha, pousse l’audace jusqu’à être déjà meilleur que l’actuelle portion multijoueur du nouveau DOOM. Comme quoi il n’est pas toujours nécessaire de sortir son portefeuille pour avoir accès à des jeux de qualité.


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