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The Girlfriend Experience / Dice (2016) : nouvelle stratégie des câblos

Publié le 19 avril 2016 par Jfcd @enseriestv

The Girlfriend Experience est une nouvelle série de 13 épisodes diffusée depuis le début avril sur les ondes de Starz aux États-Unis et Super Channel au Canada. Inspirée du film éponyme de 2009 de Steven Sodenbergh (ce dernier étant ici producteur exécutif), on y suit le parcours de Christine Reade (Riley Keough), une étudiante en droit qui pour arrondir ses fins de mois, en plus d’être stagiaire dans un cabinet d’avocats, fait ses entrées dans le monde de la prostitution de luxe sous le nom de Chelsea. Par contre, à la suite d’une brouille avec sa maquerelle, Jacqueline (Alexandra Castillo), sa vie privée pourrait bien être exposée. De son côté, Dice, composée de six épisodes a été lancée le même jour sur Showtime aux États-Unis et The Movie Network au Canada. Le titre réfère à Andrew Dice Clay, ce célèbre humoriste plus connu dans les années 90 qui nous offre une version un peu caricaturale de lui-même; lui qui a pris de l’âge et qui n’est plus vraiment dans le coup. Que l’on soit dans le drame ou dans la comédie, ces deux séries s’en sortent avec brio, mais ce qui retient surtout l’attention est la stratégie de programmation de ces chaînes télévisées qui offrent aussi à leurs abonnés une manière alternative de consommer les épisodes.

The Girlfriend Experience : une question de pouvoir

On constate dès le départ que Christine, malgré son jeune âge n’a pas froid aux yeux. Elle a beau être l’une des rares à avoir le privilège de travailler pour une prestigieuse firme d’avocats, reste qu’elle est capable de tenir tête à son arrogant patron David (Paul Sparks) et elle fait preuve de la même force de caractère après que sa nouvelle amie Avery (Kate Lyn Sheil), l’introduise au monde de la prostitution. Seulement, cette dernière est avide et pour éviter d’avoir à payer une commission à sa maquerelle, elle rencontre des clients dans son dos, ce qui lui vaut un renvoi immédiat et Jacqueline n’hésite pas à aller éponger ses pertes en vidant son compte en banque auquel elle a accès. C’est maintenant au tour d’Avery de voler Christine qui lui a offert l’hospitalité et ensuite de se volatiliser. L’héroïne, loin de la tenir responsable s’en prend à Jacqueline qu’elle laisse aussi tomber et réussit dans un premier temps à garder tous ses clients qu’elle a inexorablement séduits. Seulement, un jour au bureau elle reçoit une enveloppe avec des photos d’elle de la tête aux pieds en petite tenue, alors que son visage était toujours caché sur celles qu’un photographe avait prises d’elle pour mettre sur le site web de l’agence.

The Girlfriend Experience / Dice (2016) : nouvelle stratégie des câblos

S’il y a une chose qui nous frappe lorsqu’on entame le premier épisode de The Girlfriend Experience c’est la froideur des lieux et surtout des personnages. On ne connaît pratiquement rien de Christine qui se lance tout bonnement dans un métier qui en dégoûterait la majorité. Elle veut de l’argent et ce n’est pas avec ses économies d’étudiante ou avec son stage qu’elle vivra dans le confort auquel elle aspire. Pour elle, tous les moyens sont bons et elle va tout simplement chercher l’argent où il se trouve. Et c’est probablement là le point fort de la série; jamais elle ne nous apparaît comme étant une victime, pas plus qu’en objet de fantasmes. Dans sa vie de tous les jours, elle ne fait rien pour se mettre en valeur qu’il s’agisse de sa tenue, de sa coiffure et de l’absence de maquillage. On comprend bien vite que la série n’est pas à propos de la prostitution, mais du pouvoir en général. Subalterne au travail, c’est elle qui mène les hommes à cravate dans la chambre à coucher. Et au fil des épisodes, on comprend que ce qu’elle fait n’est pas nécessairement plus dégradant que David qui à la veille de perdre des clients se met pratiquement à genoux pour les garder, allant jusqu’à leur offrir plusieurs mois gratuits en échange de leur fidélité… tout n’est qu’une question de point de vue.

Dice : « A living legend »…

Sans nécessairement évoquer la retraite, on s’intéresse au quotidien de l’humoriste qui a déjà atteint la soixantaine. Ainsi dans le premier épisode, lui et sa petite amie Carmen (Natasha Leggero) se rendent au mariage (gay) du frère de cette dernière à Las Vegas. Avec son ami surnommé « Milkshake » (Kevin Corrigan), ils décident de placer quelques paris, mais quel que soit le casino où ils jouent, ils perdent des sommes importantes et Dice a tôt fait de trouver ce qui cloche : un homme bedonnant personnifiant Elvis est toujours dans leur entourage et leur porte malchance. Dans l’épisode suivant, il retrouve dans les poubelles les résultats d’un sondage de magazine rempli par Carmen et les conclusions sont sans équivoque : il craint au lit. À l’opposé, son ami l’acteur Adrien Brody vient de se faire offrir un nouveau rôle et demande à passer quelques jours avec l’humoriste afin de s’inspirer de sa masculinité légendaire… Enfin, dans le troisième, il accepte d’être un cobaye sur scène dans un spectacle de Criss Angel.

Le câble nous a offert plusieurs séries de type « faux-documentaires » ces dernières années, les exemples les plus probants étant The Comeback avec Lisa Kudrow et The Comedians avec Billy Crystal et Josh Gad dans lesquels ces acteurs se jouaient eux-mêmes, mais avec un brin de caricature. Dans les deux cas, une équipe tournait un documentaire sur les coulisses des nouveaux (faux) projets auxquels ils étaient affiliés, donc, en lien avec leur vie professionnelle.

The Girlfriend Experience / Dice (2016) : nouvelle stratégie des câblos

Avec Dice, c’est l’intimité de l‘humoriste qui nous intéresse et pour un auditoire âgé de moins de 40 ans, étranger de surcroît, on hésite à entamer la série, le nom d’Andrew Dice Clay ne nous disant pas grand-chose d’autant plus que la première impression n’est pas la meilleure : grossier, macho (d’ailleurs, au cours de sa carrière, il s’est mis entre autres plusieurs fois à dos des groupes de défenses des droits des femmes) et n’ayant surtout pas la langue dans sa poche. Pourtant sous cet extérieur rustre, nous faisons la connaissance de quelqu’un de plutôt attachant. Certes, il s’exprime assez mal, mais le contenu finit toujours par l’emporter sur la forme, notamment lorsqu’il modifie dans un discours aux mariés des vers de Shakespeare « My kingdom for a horse » par « my kingdom for a cock ». De plus, on a droit à une bonne dose d’autodérision alors qu’il joue volontairement les has-been (à un moment, il dit à une amie : « Do you know anybody at Youtube? »). Certes on n’est pas dans le grand art, mais reste que l’exercice qui consiste à exploiter le personnage principal en retournant contre lui ses pires défauts a quelque chose d’assez original.

Cela tient sûrement du hasard, mais autant Starz que Showtime ont décidé de mettre tous les épisodes en ligne de leurs séries sur leurs plateformes respectives. Pour ceux qui sont déjà abonnés à ces chaînes via le câble, l’accès à la VSD est gratuit. Pour les « cord cutters »; ceux qui ne veulent rien savoir du câble, ils n’ont qu’à s’abonner aux plateformes web des chaînes ou encore y avoir accès s’ils sont membres du service d’Amazon. Selon les dirigeants de ces groupes, le public qui regarde en ligne et celui qui préfère la formule linéaire de la télévision forment deux groupes distincts qui ne sont pas en compétition : il suffit seulement de s’adapter aux nouveaux usages. Dans le cas de The Girlfriend Experience, c’est le binge-watching qui vient sauver la série parce que l’action ne devient qu’intéressante à partir du troisième épisode et dès lors, on a envie de se rendre jusqu’à la fin. C’est moins vrai dans le cas de Dice qui fonctionne par intrigues séparées, mais avec seulement six épisodes pour une saison, on ne se plaindra pas d’avoir plus d’une option de visionnement : on est en 2016 après tout et espérons que d’autres suivront.


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