Hap and Leonard // Saison 1. 6 épisodes.
BILAN
Sundance TV s’est lancée il y a quelques années dans la production de séries originales et le moins que l’on puisse dire c’est que la chaîne, dérivée du festival du film indépendant, tente des choses originales en nous plongeant dans des endroits un peu reclus des Etats-Unis. On a pu le voir avec Top of the Lake de Jane Campion, mais également dans The Red Road (annulée après 2 saisons) sans compter sur Rectify ou même One Child. Il y a des tas de choses intéressantes sur cette chaîne et Hap and Leonard était la dernière petite création. C’était une créature étrange au premier abord avec laquelle on se familiarise assez rapidement finalement. Au travers d’une saison parsemée de bons et de moins bons épisodes, nous avons eu quelques fulgurances, notamment dans « War », qui est l’épisode climax en perdant la moitié de son casting. Ce qu’il y a de bien dans « War » c’est sa façon d’utiliser à la fois l’histoire et l’action comme un tout. La scène d’action centrale de l’épisode est justement là où Hap and Leonard est à son paroxysme. C’est ce genre de séquences qui fait aussi l’intérêt d’une série comme celle-ci, nous plongeant dans une sorte de bandits à la petite semaine qui tentent de mettre la main sur un paquet d’argent, se le font voler, puis vont tenter de le retrouver, et puis des vilains sont dans les parages, etc.
Dans une ambiance un peu plus chaude et marécageuse que Banshee, je trouve que Hap and Leonard a certaines similitudes avec la série de Cinemax, si ce n’est que Hap and Leonard ne se prend pas trop au sérieux ou en tout cas une cool attitude que l’on ne retrouve nulle part ailleurs. En télévision, je pense que Hap and Leonard est le bon mix entre les séries des années 60-70 où l’esbroufe et le fun était un élément plus important que le reste et une série beaucoup plus moderne qui pose des questions et propose aussi un récit d’action sombre et torturé. La série n’oublie jamais ses personnages et le fait que cela soit une adaptation d’un livre est une bonne chose. Cela permet la réussite de cette série car la narration gagne justement des points de ce côté littéraire qu’elle hérite forcément de son inspiration de départ. Il y a des choses intéressantes dans toute cette saison, et pas seulement dans « War ». Même si ce dernier cristallise plus ou moins tout ce pourquoi Hap and Leonard vaut le coup, il y a aussi tout un tas de trucs un peu moins joviaux qui ne sont pas toujours brillants non plus. Comme le dernier épisode, immense déception. En effet, « Eskimos » m’a surtout donné l’impression que l’on s’est un peu moqués de nous. Derrière une ribambelle de bons sentiments cassant l’action de « War » se cache un épisode différent.
Un anti-season finale. Cela aurait pu être fascinant si j’étais en train de rattraper deux saisons de Hap and Leonard et que je devais donc enchaîner avec la suite mais là, la question est surtout de savoir si je veux revenir l’année prochaine ou non. L’action de la saison se situe donc autour de cette argent qu’il y avait dans la rivière et cela a créé une rivalité entre l’équipe de Hap et celle de Soldier. La rivalité avait su se confronter dans l’épisode « War » avec une certaine efficacité et le terrain, aussi boueux soit-il avait été préparé de façon assez soignée malgré tout. Car mine de rien, depuis le premier épisode toute cette intrigue se suit bien. S’il y a des trucs qui ont échoué en cours de route (notamment dans l’épisode 3) c’est en grande partie à cause des relations entre les personnages et notamment avec Trudy. J’aime beaucoup cette dernière tout de même, en grande partie car elle reste touchante et plus ou moins une femme comme les autres. Je sais bien que dans le fond elle reste une femme parfaite pour Hap and Leonard, en grande partie grâce au fait qu’elle est incarnée par Christina Hendricks. Cette dernière a une classe que d’autres non plus. Elle est la femme parfaite pour ce genre de série qui a un côté un peu rétro. Elle a ce truc de pin up qui se retrouve avec une bande de loubards. Le casting est en plus de ça très bon. James Purefoy et Michael Kenneth Williams ont chacun de quoi nous faire plaisir là aussi.
Et c’est une très bonne chose. L’intrigue de la saison serait piquée à plusieurs romans de Lansdale, s’avère être tout de même suffisamment bien structurée pour que l’on ne s’ennuie pas. Il y a des déceptions (et le dernier épisode en fait partie) mais globalement le tout se tient assez bien. Le schéma est simple et l’utilisation des personnages l’est tout autant, ce qui aurait pu être une erreur ailleurs mais s’avère être une réussite ici. Malgré toutes les qualités que Hap and Leonard a au fond d’elle, il y a aussi quelque chose qui ne fonctionne pas toujours dans le ton qu’elle s’emploie à présenter. La série a du mal à trouver un équilibre confortable entre plusieurs éléments du genre, sans compter le fait que cela se situe au Texas dans les années 80. Et même lors des points forts de l’histoire, on a l’impression que le tout est sous-joué ou en tout cas, en dessous de ce que Hap and Leonard est réellement capable. Le script manque cruellement de caractère par moment, le tout restant tout de même équilibré par le fun et la bonne humeur qui rode, en plus de cette intrigue qui au fond sait rester assez agréable pour se suivre sur six épisodes. Après tout c’est court, cela ne demande pas de s’engager trop longtemps et le voyage reste agréable malgré les défauts. Je suis donc parfois partagé (surtout sur la fin) d’une série qui avait le potentiel de réveiller un truc.
Note : 6/10. En bref, agréable petite série qui aurait pu être meilleure.