On ne compte plus les études documentant l’intérêt de l’aspirine à faible dose en prophylaxie contre de nombreux cancers. C’est d’ailleurs tout l’intérêt de cette nouvelle méta-analyse de 47 études, à la recherche de preuves de cet effet bénéfique de l’aspirine à faible dose, ici sur le risque de décès chez les personnes déjà atteintes d’un cancer. A concluter dans la revue PLoS ONE.
S’il faut rappeler les effets secondaires possibles de l’aspirine, tels que les ulcères et les saignements de l’estomac, de très nombreuses études ont déjà documenté son caractère protecteur en prophylaxie sur le risque de cancer. Une récente étude internationale publiée dans les Annals of Oncology a confirmé ce bénéfice et précisé la réduction du risque. L’aspirine a également démontré ses bénéfices sur la survie, après diagnostic de cancer de la prostate et de cancer du côlon, et plus globalement sur la réduction de 20 à 30% du risque de décès selon les cancers. Un résumé d’études, présenté au dernier European Cancer Congress a confirmé la preuve de ses effets anticancéreux, en estimant que les participants ayant pris de l’aspirine même après leur diagnostic ont un risque de décès divisé par 2 à 5 ans de cancer gastro-intestinal. Enfin, la dernière grande étude en date, publiée en mars 2016, dans le Jama Oncology a renforcé la preuve de cette capacité prophylactique, en particulier contre le cancer de l’intestin.
Cet examen de la littérature mené par des chercheurs de l’Université de Cardiff et de Cambridge a tenté de combiner les résultats des 47 études retenues (5 essais et 42 études d’observation), portant sur l’effet de l’aspirine à faible dose, soit 75 à 300mg par jour sur le risque de décès chez les personnes déjà atteintes d’un cancer. Les études ont été regroupées en fonction du type de cancer. Cette analyse confirme des bénéfices de survie, pour certains cancers seulement, soit,
· une réduction de 24% du risque de décès par cancer du côlon (sur la base des résultats de 11 études d’observation),
· une réduction de 11% du risque de décès par cancer de la prostate (8 études d’observation).
· Une tendance, mais non significative à la réduction du risque de décès par cancer du sein (HR : 0,87 après consolidation des données de 4 études d’observation).
· Enfin, les auteurs suggèrent des données d’efficacité de l’aspirine contre les cancers liés aux mutations PIK3CA, mais qui restent à confirmer par des essais plus robustes.
· Quelques études d’observation isolées ont également suggéré un risque réduit de décès pour les cancers du poumon, de la tête et le cou, de l’œsophage et pour la leucémie lymphoïde chronique.
· Aucune différence de risque de décès n’a été observé pour les cancers de l’ovaire et de la vessie.
Les chercheurs concluent à un bénéfice probable de l’aspirine à faible dose en tant que traitement adjuvant de certains cancers, notamment du cancer du côlon et de cancers exprimant certaines mutations génétiques. Si, au fil des études, l’aspirine confirme bien ce bénéfice de survie dans certains types de cancers, prendre l’aspirine sur une base quotidienne et même à faible dose, doit passer par une discussion éclairée, avec le médecin ou le pharmacien, du rapport bénéfice-risque spécifique à chaque patient.
Source:PLOS One April 20 2016 DOI: 10.1371/journal.pone.0152402Aspirin in the Treatment of Cancer: Reductions in Metastatic Spread and in Mortality: A Systematic Review and Meta-Analyses of Published Studies
Plus de 50 étudessur l’Aspirine