The Durrells est une nouvelle série de six épisodes diffusée depuis le début avril sur les ondes d’ITV en Angleterre. On nous transporte dans les années 30 alors que Louisa Durrell (Keeley Hawes), veuve depuis quelques années et mère de quatre enfants décide de quitter les plages ennuagées de Bournemouth et de retrouver un peu de soleil à Corfou; cette île grecque isolée où il n’y a même pas encore d’électricité. Outre la langue, c’est toute une autre culture à laquelle la famille doit s’adapter, ce qui donne naissance à plusieurs quiproquos. Adaptation du récit autobiographique My Family and Other Animals du plus jeune du clan, Gerald (dans la série, interprété par Milo Parker), The Durrells arrive à point nommé sur nos écrans avec un récit plus léger et des personnages hauts en couleur certes, mais pas caricaturaux… Et le public en redemande!
Une famille peu conventionnelle
Lorsque Louisa apprend que Gerald a eu droit à la fessée de la part de son directeur pour son comportement peu enviable, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Disons que l’Angleterre n’a plus grand-chose à lui offrir, pas plus qu’à ses enfants : Margo (Daisy Watewrstone), Leslie (Callum Woodhouse) et Larry (Josh O’Connor). Endettée jusqu’au cou, elle décide donc de vendre la maison familiale et de partir pour Corfou. Là-bas, elle y fait la rencontre de Spiros (Alexis Georgoulis) qui avec une gentillesse désintéressée l’aide à s’installer. Celui qui s’acclimate le mieux est sans contredit Gerald. Passionné d’animaux, en compagnie du Dr Theo Stephanides (Yorgos Karamihos), il en fait une véritable collection, au grand dam de sa mère. Entamant l’adolescence, Margo pour sa part pense davantage aux garçons et à prendre du soleil, mais c’est sans prendre en compte la mentalité on ne peut plus conservatrice des Grecs qui aiment un peu plus de tissus sur la peau de leurs femmes. Leslie quant à lui a tôt fait de se désintéresser de ses nombreuses armes à feu depuis qu’il est tombé follement amoureux d’Alexia (Hara-Joy Ermidi), une jeune fille locale et reste Larry qui n’a plus à travailler en tant que courtier immobilier pour subvenir aux besoins de sa famille et qui en vrai autodidacte, se lance dans l’écriture, espérant vivre un jour de sa plume. Et disons qu’il ne manque pas d’inspirations…
Ce qui nous charme dans un premier temps avec The Durrells, c’est la famille en soi qui est extrêmement attachante, à commencer par la mère de famille qui à cette époque fait preuve de beaucoup d’assurance en quittant tout pour recommencer à zéro. Étonnamment, elle ne semble avoir pensé à aucun plan d’action une fois arrivé sur l’île et compte dans un premier temps vivre avec les maigres économies générées par la vente de sa précédente maison (qui finalement n’arrivera jamais à destination). Essayant autant qu’elle peut de renipper la bicoque qu’elle habite désormais, elle ne peut surtout pas compter sur l’aide de ses enfants. Véritables électrons libres faisant leurs premières expériences, leur égocentrisme pourrait finir par nous taper sur les nerfs, mais au fond, ils ont bon cœur et quant aux biens matériels, ils se contentent de peu de toute façon.
Au second plan, on a aussi droit à un contexte historique intéressant. L’Empire britannique touche à sa fin et Louisa en est en quelque sorte l’incarnation. En pleine crise économique, mieux vaut aller vivre ailleurs et avec moins que de demeurer dans une société aux cadres rigides. Reste que les Durrells s’adaptent plus ou moins bien au départ à cette nouvelle culture d’autant plus qu’ils ne parlent pas le grec et que les efforts pour le faire ne semblent pas être une priorité. Lors d’une séance de thé avec Florence (Lucy Black), la femme anglaise d’un médecin local, cette dernière la pousse à faire un peu plus d’efforts pour embrasser son nouveau pays, pour finalement admettre que le mode de vie anglais lui manque à elle aussi.
Léger, mais bienvenu
The Goldberg, Fresh Off The Boat, Growing Up Fisher ou plus récemment The Real O’Neals: au cours des dernières années ces séries sont apparues au petit écran et toutes s’inspiraient de l’enfance de leurs showrunners respectifs. En format de 30 minutes, ces sitcoms devaient avant tout provoquer le rire et inévitablement on a exagéré les traits de personnalité des protagonistes au point d’en réduire plusieurs à de simples clichés. The Durrells revient aussi sur une famille ayant réellement existé, mais développé sous forme de comédie dramatique, dans le même ton que Our Zoo de BBC One dans laquelle le protagoniste, George Mottershead (ayant réellement existé) avait décidé d’acheter un manoir afin de le convertir en zoo public : le premier que l’Angleterre ait connu. Dans les deux cas en les entamant, on s’attend à ce que la nouvelle aventure vire au drame (peut-être un réflexe après avoir visionné tant de séries anglaises!), mais non, on reste délibérément dans la légèreté et c’est encore plus vrai pour la nouveauté d’ITV qui fonctionne plus à coup d’historiettes qui ont tôt fait de nous séduire. Ajoutons que les magnifiques prises de vue de Corfou, ses plages, couchers de soleil et le chant des grillons ont de quoi faire rêver et arrivent à point avec le printemps.
Justement, l’hiver anglais nous a offert d’excellentes séries, mais entre drames à saveur historique (War & Peace), les policiers (Murder), les enlèvements (Thirteen) et un tueur en série (Stag), le public a manifestement envie de quelque chose de plus léger, comme en témoignent ces chiffres d’écoute : le premier épisode a attiré en direct 6,4 millions de téléspectateurs pour 29 % de parts de marché. Il s’agit du meilleur score de 2016 pour le lancement d’un pilote pour toutes les chaînes confondues et lorsqu’on cumule les enregistrements sur une période de 7 jours, ce chiffre gonfle à 8,2 millions pour 33 % de parts. En toute logique et au lendemain de la diffusion de l’épisode de mi-saison, ITV a annoncé que la série connaîtrait un deuxième opus et sachant que les Durrells sont restés sur leur île 5 longues années (jusqu’en 1939), gageons qu’on ne sera pas de sitôt à court de péripéties familiales.