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[Critique] La Saison des femmes

Par Régis Marton @LeBlurayphile
[Critique] La Saison des femmes

Titre original : Parched

Un film de: Leena Yadav

Avec: Surveen Chawla, Tannishtha Chatterjee, Radhika Apte

Inde, Etat du Gujarat, de nos jours. Dans un petit village, quatre femmes osent s'opposer aux hommes et aux traditions ancestrales qui les asservissent. Portées par leur amitié et leur désir de liberté, elles affrontent leurs démons, et rêvent d'amour et d'ailleurs.

La Saison des femmes pose une question: comment réaliser un film résolument féministe dans ses intentions pour finalement parvenir à un résultat plutôt traditionnel? On devine bien la démarche de Leena Yadav; sa volonté de réaliser un film engagé, mêlant un discours résolument féministe dans une veine bollywoodienne plus commerciale. De ça, elle conserve le folklore, les personnages hauts en couleur et un exotisme certain. Pour autant, elle se heurte à une contradiction. Les femmes de son film ne peuvent s'affranchir ailleurs qu'à l'intérieur de son récit. Car utiliser des procédés de narration qui restreignent la place faite aux femmes revient à les y maintenir, quand bien même le réalisateur ou la réalisatrice tiendrait un discours inverse. Ainsi, seul le discours du film va dans le sens de ses héroïnes, sa mise en scène les réduisant à des stéréotypes.

[Critique] La Saison des femmes

Si en Inde, au vu du cinéma bollywoodien, La Saison des femmes peut sembler prendre certains codes à revers, il rejoint certains clichés du cinéma occidental. Le sexe, s'il représente le premier pas d'une liberté reconquise devient aussi, pour nous, l'archétype-même d'une représentation sexualisée du fantasme oriental. Si en cela, le film peut rejoindre par moments Much Loved de Nabil Ayouch, qui ne restait pas prisonnier de ce modèle de représentation, devenu désormais un modèle de commercialisation des images, parvenait à s'en extraire dans sa seconde partie, notamment grâce à la prise en charge des personnages par ses actrices, celui de Leena Yadav, au contraire, souffre de mettre en scène des personnages d'une seule corde, que l'on pourrait résumer, et donc limiter, à leur seule condition sociale: il y a " la femme battue ", " la veuve ", " la femme libérée ", qui resteront cantonnées à ces statuts tout le long du film et dont les expériences susceptibles de les affranchir sont bien trop anecdotiques. Malgré la belle énergie dont le film fait preuve, il ne dépasse jamais le programme établi de son scénario. Si bien que tout en faisant continuellement avancer le récit, les personnages restent figés et le vent de liberté qui semble vouloir souffler sur le film peine à exister.

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