HVE : une nouvelle école à prendre en compte

Par Mauss

Deux jours en Bourgogne, et boum ! Plein de nouveautés.

D'abord des vignerons que je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam. Les frères Michel Gilliard à Gevrey-Chambertin, face au toujours très bon restaurant Chez Guy (ICI) qui ont quelques cuvées que m'a recommandées la sommelière du Montrachet, une source sûre de bonnes adresses, et le jeune Pierre Duroché, lui recommandé par Guy, en phase d'ascension, avec encore bien du travail à faire, mais qui a choisi clairement le dur chemin du labeur à l'ancienne. On a fait nos emplettes, on va déguster et on vous dira tout !

Ensuite, passage chez Jean-Michel Guillon, toujours à Gevrey, propriétaire, entre autres, d'un terroir de toute beauté : le Clos des Portes à Marsannay : un Monopole. Vous dire que ce cru est enthousiasmant et d'un très bon RQP, c'est pratiquer l'understatement. Achtung hein : il faut lui donner a minima au moins 5 ans de cave, et là, vous êtes dans l'excellence de ce que la Bourgogne produit de mieux dans la simple appellation "village".

Comme d'hab, le gros problème : c'est de pouvoir être sur les listes des allocataires. Il n'y a qu'une seule solution : prendre rendez-vous, se présenter, et prendre patience ! Mais oui, on peut y arriver : j'en suis témoin. Jean-Michel Guillon  - là encore une découverte via la sommelière du Montrachet, comme Borgeot par ailleurs, à l'autre bout de la Bourgogne - , fait incontestablement partie des hommes pour qui le gris ne peut être  qu'un passage rapide, sinon obligé, entre le blanc et le noir. Une façon de dire qu'il a un caractère : ne pas l'oublier quand vous le rencontrerez.

Venons en à la nouveauté qu'il m'a décrite : sa fière appartenance à une nouvelle entité qualitative destinée à la viticulture : le HVE pour Haute Valeur Environnementale. Ils sont 2 pour le moment en Bourgogne. Charte résumé et Logo ci-dessous :

Statut Le logo Bon : on peut dire que l'adjectif "haute" n'est pas follement approprié à un tel objectif quand bien même les règles ci-dessous sont des impératifs de culture d'un niveau conséquent : Grandes Lignes certification HVE:
1/Pas d’acaricide
2/Pas d'insecticide
3/Pas de désherbant
4/Travail du Sol (buttage l'hiver, griffage et labourage l'été)
5/Amendements organiques 100% bio.
6/Tracteurs qui tournent aux bio carburants (nécessitant des tracteurs de - de 5 ans).
7/Période de Sulfatage accompagnée par un technicien, pose de pièges sur parcelles types!
8/Abonnement à "info vigne" obligatoire.
9/Local phyto obligatoire.
10/Traçabilité et impact de toute la saison phyto (avec un dossier de  compte rendu à la fin de chaque année)
11/Pour le Domaine, entretien de toutes les murées, utilisation uniquement de levures indigènes, utilisation de fûts de 1 vin sur les Bourgogne Rouges et Bourgogne Blanc, toutes les autre appellations 100% fûts neufs!
12/Contrat COFRAC (certification) avec le laboratoire pour le suivi de toutes les cuvées de chaque millésime jusqu’à la mise en bouteille faite par le Domaine.
13/Utilisation du souffre uniquement à l'élevage, pas de souffre à la mise en bouteille (par le Domaine) .
14/Filtration terre blanche (argile) au Domaine.
 A priori, cela ne semble pas être des principes à la Steiner qui impliquent un engagement quasi philosophique à des actions n'obéissant point à une logique cartésienne. Mais laissons là ce sujet délicat et pour lequel je n'ai aucune compétence argumentaire. D'autres s'en sont occupés. Bref : on ne peut que saluer un Domaine qui s'est engagé sur cette voie depuis plus de 3 ans et qui en applique les règles avec scrupules et précisions. Dire quel sera le futur d'une telle charte, c'est probablement un peu tôt, mais toujours est-il que ce logo, qui pourra être imprimé sur les étiquettes des vins, devra faire l'objet d'une vaste communication auprès des amateurs tant il est vrai qu'on assiste de plus en plus à une multiplication des logos "bio", "demeter" et autres… à ne plus  savoir à quel saint se vouer !
 Nid en vignes sur le Domaine Guillon : si des petits oiseaux ne craignent point de s'installer "en vignes", c'est bien que le contexte naturel doit correspondre à leurs critères particulièrement pointus de nichée.
 Un pinot voisin des petits zoziaux :-)
 

UN REVE EN BOURGOGNE

Allez savoir pourquoi, mais voilà : en Bourgogne, des moments d'insomnie me jettent en éclair les rêves précipitamment quittés.

Le dernier, je vous le donne en mille !

a : choisir un bel hectare de Chambertin, cultivé comme un jardin par un vigneron de référence.

b : au moment des vendanges, répartir les raisins entre 6 domaines : Mugnier, DRC, Rousseau, Mortet, Roumier, Clos de Tart : achtung hein !! Ces domaines ne sont nullement intervenus dans ces choix freudiens !

c : on laisse chacun de ces propriétaires traiter comme ils le souhaitent ces raisins venus d'une même terre, soignés par un même homme, récoltés le même jour.

d : on suit les méthodes appliquées par chacun, histoire de savoir plus tard de quoi on parle.

e : et tous les 5 ans, on déguste les résultats. Chiche que cela générera des discussions passionnées sur le rôle de l'homme et sur le rôle de la terre !

Bon, voilà un rêve totalement iconoclaste car bien évidement, l'INAO et autres entités sérieuses chargées de surveiller le vignoble français, sans même parler des Domaines choisis qui y verront quelques délicatesses difficiles à gérer, tout cela sera forcément contre ce rêve d'un olibrius atteint d'un gâtisme désolant !

On oublie, mais cela me fait plaisir, ce jour, d'évoquer ce rêve fait à Puligny la nuit du 25 avril, au Montrachet dont la cuisine (* michelin + carte des vins magnifique), je le garantis, ne contient aucun produit anxiogène ou de nature délictueuse.