Cette recherche, encore fondamentale, pourrait avoir d’importantes implications en procréation médicalement assistée, en particulier pour l’évaluation de la vitalité de l’embryon, cependant, il reste à valider ses résultats sur le développement du fœtus humain. Menés sur la souris, ces travaux, présentés dans la revue Nature Communications apportent une meilleure compréhension du développement embryonnaire et suggèrent de nouveaux tests de prédiction de ce développement durant la grossesse.
Les chercheurs de l’Université de Cambridge, de Louvain et du Wellcome Trust suggèrent en effet que des embryons contenant des cellules avec un nombre anormal de chromosomes peuvent encore se développer sainement. Un » pari osé » alors que trop ou trop peu de chromosomes peuvent entraîner des maladies congénitales graves, comme la trisomie 21 par exemple. Aujourd’hui, on propose aux femmes, en particulier à risque familial élevé, un prélèvement ou biopsie de villosités choriales, entre les semaines 11 et 14 de la grossesse, afin d’analyser des cellules du placenta et, le cas échéant, une amniocentèse aux semaines 15 à 20 afin d’analyser les cellules issues du fœtus circulant dans le liquide amniotique.
Ici, les scientifiques se sont concentrés sur le moment qui suit juste la fertilisation de l’ovule par le spermatozoïde, lorsque les 2 cellules sexuelles se multiplient avant de se spécialiser et de former un petit amas de cellules. Ce petit » amas » se développe tout en voyageant dans la trompe de Fallope pour s’implanter, tel un embryon précoce dans l’utérus et cela, environ 9 jours après la fécondation. Les chercheurs constatent, qu’à ce stade, les embryons précoces contiennent des cellules euploïdes, c’est-à-dire qui contiennent un nombre normal de chromosomes, soit 23 paires et des cellules aneuploïdes, c’est-à-dire qui à la suite d’une mutation ne contiennent pas le nombre normal de chromosomes. Les chercheurs savaient que malgré cette anomalie génétique, et dans certaines circonstances, l’embryon peut être viable, mais pas toujours.
L’embryon peut être viable, même avec des cellules défectueuses, pourquoi ? L’équipe montre que des embryons de souris présentant un taux élevé (et jusqu’à 50%) de cellules aneuploïdes défectueuses peuvent en effet se développer » sainement » pour finalement devenir des bébés souris en bonne santé. En fait, un mécanisme naturel, d’auto-destruction des cellules défectueuses qui laisse les cellules saines poursuivre leur développement, normalement, permet dans certains cas à l’embryon de croître sainement. Ainsi, le taux de succès atteint 44% lorsque le ratio aneuploïde/euploïde est d’environ 75%/25%.
ØNéanmoins, ces travaux révèlent aussi que plus le taux de cellules défectueuses est élevé, plus faibles sont les chances de développement normal de l’embryon.
En conclusion, des embryons présentant » un mélange de cellules aneuploïdes et euploïdes » peuvent se développer et s’implanter dans l’utérus avec succès. Des données qui doivent encore être confirmées chez l’Homme, mais qui cependant poussent déjà à la réflexion. Quelle devrait être la précision du dépistage des embryons présentant des anomalies chromosomiques durant la grossesse et les seuils de décisions thérapeutiques durant les protocoles de traitement de la fécondité. Enfin, ces nouvelles données ouvrent également une voie de prédiction possible d’un développement sain (ou non) de l’embryon.
Source:Nature Communications March 29 2016 doi:10.1038/ncomms11165Mouse model of chromosome mosaicism reveals lineage-specific depletion of aneuploid cells and normal developmental potential
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