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Chroniques de l’ordinaire bordelais. Épisode 186

Publié le 01 mai 2016 par Antropologia

Lendemains qui déchantent

Elle est tellement ivre que toute dignité l’a abandonnée. Incapable de tenir sur ses jambes. Lui essaie de soutenir le corps qui se dérobe comme il peut. Elle tombe, sans doute pour la énième fois, lui vocifère.  Des paroles violentes de rupture, de menace, d’insulte. Le mot « garde à vue » surgit. Il est 8h30, est-ce de là qu’ils sortent ? Plus tard il dira, très affecté : « Quand je pense que je vais aller en prison à cause de toi ! »

Désemparé et hors de lui, il tente de la faire réagir : « Ça fait 6 heures que je te traîne ! », « Lève-toi ou je t’enterre ici ! » « Tu as 33 ans, moi 28 et c’est moi qui m’occupe de toi ! » « J’appelle ta fille pour qu’elle vienne te chercher ! »

Elle, allongée au sol, gémit bruyamment : « Non ! » Elle tente de s’accrocher au sac qu’il fouille rageusement. Il en sort un téléphone, traverse et compose le numéro tout en vociférant. Quelqu’un décroche et, contre toute attente, sa voix se fait toute douce :

  • Bonjour, tu vas bien ? Je suis avec ta maman, on arrive dans 5 minutes, tu peux nous ouvrir ?

Quand il raccroche les insultes reprennent, il tente de la relever, elle l’entraîne dans sa chute. De colère il charge le corps désarticulé sans ménagement sur son épaule et part à grandes enjambées tandis qu’elle proteste avec véhémence. Plus loin, quelqu’un intervient, une nouvelle salve de hurlements ponctuée du mot « police » retentit. Puis, plus rien…

Colette Milhé



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