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En avril, ne te découvre pas d’un fil…

Par Spiga

A une époque pas si lointaine, l’établissement de prévisions météorologiques relevait plus du jeu de hasard que de la science. Les gens se rabattaient alors sur les nombreux  dictons populaires plus ou moins vérifiés pour anticiper les caprices du ciel. Dans ma région, certains scrutent avec attention la hauteur des tiges de gentianes pour prédire si l’hiver sera enneigé. D’autres s’intéressent aux pommes de leur cave. Si elles pourrissent vite durant les premières semaines de stockage, c’est bon pour la neige.

Je me suis souvent demandé comment faisaient les marmottes en hibernation pour décider du bon moment pour sortir de leur torpeur hivernale, la date d’ouverture des terriers semblant varier sensiblement année après année. Sont-elles sensibles à une petite hausse de température dans leur maison souterraine? Est-ce qu’elles émergent spontanément quand leurs réserves de graisse ne sont plus suffisante pour dormir sereinement? Ou alors peut-être qu’elles regardent la hauteur des gentianes avant de coucher le terrier en automne pour prédire la durée de l’hiver? Mystère…

Voilà quelques années que je cherche à immortaliser les marmottes des crêtes du Jura au saut du lit sur un fond de neige, sans jamais pouvoir être présent au bon moment. Mi-avril, je m’étais rendu chez mes rongeurs préférés en espérant les surprendre à la sortie de leur hibernation avant la fonte complète du manteau neigeux. Si quelques traces de pas dans la neige allant d’une bouche de terrier à l’autre trahissaient la reprise des activités, aucune marmotte n’était de sortie durant cette froide journée d’avril. Je me suis donc résolu à attendre une année encore avant d’espérer quelques images de marmottes au saut du lit avec un décor neigeux.

Avec la vague de froid de ces derniers jours, les crêtes du Jura étaient à nouveau saupoudrées de quelques centimètres de neige. L’occasion était belle de monter dire bonjour aux marmottes et de les immortaliser dans la neige. Lors de la première tentative, la bise soufflait de manière importante et seule la plus téméraire des marmottes a brièvement sorti la tête de son terrier avant de retourner se blottir au chaud. Les deux visites suivantes étaient egalement infructueuses, l’une sous d’importantes chutes de neige et la seconde dans un froid glacial.

Jeudi après-midi, sous la douceur d’un rayon de soleil d’avril, je me suis rendu une dernière fois au terrier avant de devoir retourner à mes pénates hospitalières pour quelques jours. Arrivé sur place, toute la petite compagnie était de sortie et en pleine activité. Je me suis installé discrètement à l’endroit habituel et les 4 marmottes n’ont pas tardé à poursuivre leur ménage de printemps comme si je n’existais pas. Entre petits combats amicaux, changements de la litière dans le terrier principal et nourrissage, les marmottes n’ont pas chômé.

Finalement j’aurai passé plus de trois heures parmi les marmottes, soulagé de les retrouver en pleine forme après ce long hiver et heureux d’avoir pu partager ce moment avec elles. En rentrant, je me suis dis que les marmottes étaient plus raisonnables que le photographe en ne sortant que par beau temps. Il me semble même en avoir entendu une murmurer: « En avril, ne te découvre pas d’un fil »…

Val-de-Travers, le 1er mai 2016

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avril, découvre d’un fil…
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