La semaine dernière, alors que nous remontions, de manière collective, les bretelles d'un jeune qui avait dépassé des bornes qu'il ne semblait pas avoir perçues, mon collègue psy lui a demandé :" Si tu devais mourir demain, qu'aimerais-tu que l'on dise de toi?"
Au delà du fait qu'il n'a rien pigé à l'introspection qu'imposait la question, moi ça m'a sacrément interpellée. D'autant plus en ce moment, où je milite activement contre la tendance au nombrilisme (le "Oui mais moi").
S'ouvrir aux autres me semble le meilleur moyen d'avoir accès à soi-même, de se regarder par le prisme de ce que nous renvoyons. Autrui c'est ce moi qui n'est pas moi (merci Sartre). Voilà donc autrui, ce sont mes Blonds, mon Époux, ma famille, mes amis, mes stagiaires, mes collègues, ma boulangère et tous ceux que j'approche au quotidien, les sans abris de ma ville (quelle que soit leur nationalité), les personnes qui souffrent, celles que je condamne ou juge, celles qui m'agacent et me font honte, celles que je méprise aussi .
Mais alors, après moi que restera-t-il? Au-delà des kilos de livres, des niches à bazar, des centaines de photos, l'amour peut-être, ou cette espèce de bienveillance que j'ai tenté d'éprouver pour le genre humain, la compassion que je m'efforce de ressentir même quand la gymnastique intellectuelle que cela impose semble insurmontable,
J'espère qu'on dira de moi que j'ai aimé, et j'ai su aimer, inconditionnellement et quotidiennement mes enfants, mon époux, ma famille, que j'ai pu leur prouver chaque jour à quel point ils me constituaient et faisaient partie de mon identité... Et, finalement, dans l'absolu, même ceux que je n'ai pas aimés, ceux qui m'ont fait souffrir, m'ont permis de grandir et d'être celle que je suis, et dont je ne rougis pas.
Cette semaine, se sont prêtées au thème : MHF