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Critiques Séries : Marseille. Saison 1. BILAN (France).

Publié le 06 mai 2016 par Delromainzika @cabreakingnews

Marseille // Saison 1. 8 épisodes.
BILAN


Ah, Marseille. On ne se souviendra pas d’elle comme d’une grande réussite. La série continue et tente de faire son bout de chemin au fil de ses huit épisodes que j’ai englouti du début à la fin. J’ai tenté en tout cas et l’on ne peut pas m’en vouloir d’avoir trouvé ça presque parodique. Il y a des scènes qui sont drôles comme la mère Barres et ses lumières de soleil dans le dernier épisode (avant que l’on nous révèle pourquoi), les musiques de transition avec ces effets sur les plans aériens de Marseille, etc. Mais ce qui manque cruellement à Marseille pour éviter de plonger dans cette niaiserie narrative, c’est de profondeur. Il y a quelques fulgurances politiques intéressantes où la série tente de parler du système politique français, de la façon dont les alliances se font et comment on élit un Maire en somme. Sauf que tout est rapidement balayé afin de se concentrer sur des scènes de sexe. Le sexe s’estompe d’ailleurs au fil des épisodes. Alors très présent dans les quatre premiers épisodes, la seconde partie de la saison parvient à faire quelque chose d’un poil plus sympathique en creusant mieux les histoires et les liens que chacun des personnages entretiennent avec les autres. Du coup, la première partie de la saison est assez catastrophique, ne serait-ce que pour la façon dont la femme devient un objet sexuel.

Marseille devient alors tout d’un coup le symbole d’un sexisme que l’on ne veut plus voir en 2016 et surtout que l’on ne cherche plus à nous vendre aujourd’hui. La seule romance qui tient le choc c’est celle entre Julia et Selim. C’est une relation où la femme est forte et ces deux sont les révélations de Marseille. Stéphane Caillard (Julie Taro) et Nassim Si Ahmed (Selim) sont ceux qui incarnent le mieux leurs personnages. Si pour moi Nassim Si Ahmed est une révélation depuis la série Lascars dans laquelle il incarnait Malik, je reste fasciné malgré tout de la façon dont il donne corps au personnage de Selim. C’est un personnage intéressant mais la série échoue à faire quelque chose. Le truc c’est que Marseille échoue à tellement de choses et pas seulement avec cette romance dramatique qui se termine en drame, elle échoue aussi à créer de l’émotion là où justement elle avait les moyens de le faire. Selim et Julia c’était le coeur émotionnel de la série, celui qui pouvait faire vibrer la série jusqu’au bout. Mais finalement rien n’a fonctionné et l’on s’est retrouvé avec une série à la narration étrange où les révélations s’empilent sans cohérence car l’on a l’impression que cette toile d’araignée de liens entre les personnages manque cruellement de surprises.

Les décors sont souvent livides, limites cadavériques et Florent Siri, un réalisateur pour qui j’ai de l’admiration en France, n’arrive pas à donner le ton. Même les autres réalisateurs de la série n’ont pas si faire grand chose jusqu’au cliffangher ridicule donnant l’occasion à Gérard Depardieu de jouer aussi bien la syncope que Marion Cotillard la mort dans The Dark Knight Rises. Mais bon, c’est comme ça, Marseille ressemble à une immense mauvaise parodie qui aurait eu le malheur de chercher à se prendre au sérieux. Il y a des personnages intéressants mais jamais ils ne sont développés correctement et incarnés de la bonne façon. Tout part en sucette dès qu’ils tentent de mélanger les genres, entre le polar, le thriller politique, le thriller sexuel, etc. D’ailleurs, Marseille devient très rapidement une sorte de mauvais porno des années 70 (et la musique ne fait qu’accentuer ce que je pense). On n’arrête pas de passer pour des libidineux aux yeux des étrangers (et l’affaire DSK n’avait fait qu’amplifier la chose). Je pense que Marseille est une sorte de symbole de cette image dégueulasse que la France renvoie. J’aurais peut-être apprécié que l’on évite de faire passer les politiques français pour des marie couche toi là mais apparemment c’est légion.

Il faut dire que la France n’est jamais aidée, même notre dernier Président en date s’est laissé aller avec une maîtresse. Quoi qu’il en soit, l’autre problème c’est que Marseille s’inspire mal de faits réels. L’affaire des fausses factures dans Marseille ressemble à l’affaire Bygmalion avec l’UMP. Sauf que cela ne dure qu’un seul épisode dans Marseille et une fois l’affaire bouclée, on a l’impression que cela n’a finalement rien changé. Dans le jeu du chat et de la souris, Lucas et Robert n’ont de cesse de se barrer la route. C’est souvent facétieux plus que véritablement pertinent. Les deux acteurs surjouent. Mention spéciale à Benoît Magimel qui en fait des caisses, quitte à ruiner sa petite carrière de seconde zone déjà mal fagotée. Gérard Depardieu n’a plus rien à prouver et c’est bien là le problème. Il n’a de cesse de tenter mais le scénario qu’il a entre les lèvres reste coincé. Rien ne sort, même pas un frisson. Lui qui incarne tout de même quelque chose ne serait-ce que par son phrasé ou sa carrure, ne transmet rien au téléspectateur. Je passerais l’histoire de la femme perdue, qui n’a de cesse de faire des simagrées pour pas grand chose et fini par tenter de se suicider (pour rester en vie). Géraldine Paihlas est tellement mauvaise dans ce rôle de violoncelliste qui va perdre l’usage de sa main que je n’ai même pas envie d’en dire plus sur son sujet.

Finalement, il ne faut pas aller chercher bien loin, Marseille est plus une mauvaise parodie qu’autre chose. Parfois, on a même l’impression de tomber dans le feuilleton colombien tant la musique et le surjeu de chacun accentue ce problème.

Note : 3/10. En bref, derrière un sexisme ambiant, la première partie de la saison perd le spectateur. La seconde, un poil plus engagée sur le terrain politique échoue malgré tout à cause des élans parodiques qui donnent l’impression de regarder une telenovela.


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