Sétif : l'autre 8 mai 1945" /> Sétif : l'autre 8 mai 1945" border="0" title="MONDE / SOCIÉTÉ > Sétif : l'autre 8 mai 1945" />
Manifestation nationaliste à Sétif, le 8 mai 1945
Le massacre de Sétif, c'est l'autre 8 mai 1945. Celui que la France a occulté durant des décennies. Une manifestation qui tourne à l'émeute, et le début d'une série de répressions qui durera trois mois. Ce jour-là, une manifestation a lieu dans cette ville du Constantinois pour célébrer la fin de la Seconde guerre mondiale. A l'époque l'Algérie est Française et les Algériens qui descendent dans les rues de Sétif ont des revendications propres à l’Algérie. Ils réclament la fin du colonialisme, et la libération d'un leader nationaliste, Messali Hadj, arrêté quelques semaines plutôt et exilé au Gabon.Le drapeau algérien proscritCette manifestation est "autorisée" sous plusieurs conditions : elle ne doit pas être "politique", et on ne doit voir aucun drapeau à part ceux de la France et de ses alliés. Pourtant, devant les 10.000 personnes rassemblées, un jeune scout brandit fièrement le drapeau algérien. S’ensuit le début d'une bousculade. Un jeune homme Bouzid Saâl, 26 ans, s'empare à son tour du symbole vert-rouge-blanc. Il est tué par la police. Les Européens présents se mêlent à la confusion, et le rassemblement tourne à l'émeute. Le mouvement atteint ensuite les villages alentours, notamment Guelma et Kherrata. L'armée intervient, la répression dure jusqu'au mois de juillet; Des évènements graves considérés comme les prémices de la guerre d'Indépendance. A ce moment-là, le bilan est très difficile à établir. Dès 1945, les Algériens avancent le nombre de 45.000 morts. Chiffre revue à la baisse après une commission d'enquête. On parle alors de 8.000 à 10.000 morts. Les historiens parlent de 15.000 à 20.000 victimes. Juste après les évènements, la France évoque pas moins de 1.000 morts algériens. Côté Européens, on compte entre 102 et 110 morts… … et le silence se romptLe massacre de Sétif a longtemps été passé sous silence par les autorités françaises. Pas de reconnaissance officielle de la France. Le massacre a eu lieu en 1945, et il a fallu attendre 2005, soixante ans plus tard pour qu’une première phrase soit prononcée. Ce 27 février, l’ambassadeur de France à Alger, Hubert Colin de Verdière, parle de "tragédie inexcusable". En 2008, son successeur condamne les massacres. S’écoule ensuite quatre années, François Hollande reconnaît alors "les souffrances que la colonisation a infligé", sans évoquer vraiment Sétif.Pour la première fois, un membre du gouvernement français se rend dans le pays en vue de commémorations. Mais ce n'est pas non plus une repentance. Selon certains historiens, c’est une façon de ne pas "franchement entrer dans cette histoire du passé". L'Algérie demande toujours des excuses officielles. FG