Encore une excellente soirée ... très éclectique

Par Eric Bernardin

Notre joyeuse bande s'est réunie en ce jeudi de l'Ascension, avec un nouveau membre rencontré lors de nos "dégustations étonnantes". Comme d'hab, chacun devait amener un élément du repas avec un vin pour l'accompagner. Le jour de congé a permis a chacun d'avoir plus de temps pour le préparer, et nous nous sommes vraiment régalés !

Patrick était chargé de la "mise en bouche. Il nous a gâtés : jambon cru tout en délicatesse, gougères moelleuse et goûteuses... 

... et tartare de saumon à l'orange et au pamplemousse, relévé de la ciboulette du jardin

Pour accompagner tout cela, une bulle, of course ;-)

La robe est dorée, les bulles fines et éparses. Le nez est sur le coing et les fruits secs. La bouche est sphérique, avec une matière fine et élégante, des bulles caressantes, avec un crescendo sur une finale expressive dominée par une amertume très "Chenin". C'est pour cela que je ne démors pas d'un vin 100  % Chenin. Tout faux !

C'est la Bulles d'argile de Denois (50 % Chardonnay, 50 % Pinot noir), vin que je vends et que j'ai bu à plusieurs reprises, mais que j'ai du mal à reconnaître. Peut-être parce que le dégorgement est très récent (mars 2016) et qu'il n'est pas encore en place. Ceci dit, tout le monde l'a beaucoup apprécié !

Olivier R. nous sert un plat superbe, autant visuellement que gustativement : des filets de soles aux morilles et aux asperges, avec une embeurrée de chou et une divine sauce crémée aux morilles. Et puis deux vins (le tricheur !) : le premier a un robe or paille, avec un nez sur les fruits blancs mûrs et la noisette grillée (qui me fait penser à un Chardonnay). La bouche est d'une grande ampleur, avec une matière dense et mûre (mais bien équilibrée) et ce qu'il faut de tension. La finale est puissante, riche, avec une légère sensation d'alcool quand le vin se réchauffe. C'est très très bon, même si ça semble encore bien jeune. Chardonnay, alors ? Ben non...

C'est un Châteauneuf du Pape blanc 2013 de Beaucastel.

L'autre vin a une couleur plus évoluée, entre l'or en fusion et le cuivre. Le nez est beaucoup plus puissant, sur des notes fumées, grillées, des fruits secs, du miel... La bouche est ample, douce, enveloppante, avec une matière qui réussit à être  riche et aérienne à la fois. Vous vous en prenez plein la gueule le palais tout en ayant l'impression de vous faire caresser.  La finale est très intense, avec un retour des arômes perçus au nez, dominé par les épices. Superbe. Ca me rappelle un vieux Montrachet que j'ai bu il y a quelques années. Je brûle ? Non, je suis au pôle nord...

C'est un Hermitage blanc "Marquise de la Tourette" 1985 de Delas !!!

Nous avons poursuivi avec le plat que j'ai préparé : une épaule d'agneau de 7 heures, purée au parmesan et gremolata aux agrumes confits (plus pistaches, roquette, menthe...). Avec un vin rouge, bien sûr : la robe est grenat translucide avec un léger début d'évolution. Le nez est sur la gelée de framboise, la prune, le lard fumé et les épices, avec une touche de cuir. La bouche est fraîche, élancée, avec une matière soyeuse, fine, sans tanins apparents. Ceux-ci n'apparaissent discrètement que dans la finale, épicée à souhait. Une partie des convives part sur l'Italie. Eh non !

C'est le Terrasses du Larzac 2009 de Montcalmès.

Pour finir le plat et attaquer le fromage (Saint-Nectaire, tip top !), nous buvons le vin apporté par Fabien :  le Cahors K2 de Troteligotte. Nous n'avions pas pensé à lui demander de cacher l'étiquette. S'il l'avait fait, nous nous serions sacrément baladé, car un Cahors comme cela, c'est rarissime : un nez voluptueux sur les fruits rouges et noirs bien mûrs et épicés, une bouche toute aussi volupteuses, dense et crémeuse, sensuelle. La finale est explosive, avec du fruit et rien que fruit. Superbe !

A ce moment-là, Olivier C. angoisse un peu, car il veut nous servir une très vieille bouteille trouvée dans la maison que vient de racheter un ami (et  qui appartenait autrefois à un marchand de vins). Il craint que l'ordre la desserve un peu. En fait, pas du tout. Le niveau de ce Chambolle-Musigny 1933 de la maison Piat est excellent (2 cm en dessous du goulot). La couleur rouge cerise à peine évolué est juste incroyable. Le nez, dès l'ouverture, pète le fruit (cerise, framboise) souligné par des épices et le terreau frais. La bouche est fruitée, tonique, avec des tanins d'une grande finesse. A l'aveugle, on lui donnerait tout au plus 10-15 ans. Le vin, s'il n'est pas grand (mais il n'a jamais dû l'être) est juste délicieux et plus encore réjouissant !

Du coup, c'est plutôt mon Gaillac Enclos des roses 2010 qui souffre de passer après. Même s'il est très bon, il parait bien pataud après ce fringant et svelte Bourgogne !

Nous finissons par le dessert concocté par Stéphane : un truc de ouf ! Fraises, rhubarbe, asperges vertes, ganache de petit pois/chocolat blanc, meringue... Cela s'avère en fait très intéressant, avec un accord ganache/fraise absolument délicieux. On a vraiment envie d'encore plus "chiader" le plat pour le rendre génial

Le Riesling Auslese Ürziger würzgarten 2009  de Jos Christoffel Jr se mariait très bien avec : fin, cristallin, peu chargé en sucre, avec des notes d'ananas, de citronnelle, d'écorce d'agrume et une touche de naphte. Une façon idéale de terminer le repas sans s'alourdir !

Merci à tous pour cette soirée modeste et géniale !