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Babylone (1) : generalites

Publié le 08 mai 2016 par Aelezig

Babyloneest une ville antique de Mésopotamie située sur l'Euphrate dans ce qui est aujourd'hui l'Irak, à environ 100 km au sud de l'actuelle Bagdag, près de la ville moderne de Hilla

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Vue sur une partie des ruines

À partir du début du IIe millénaire avant JC, cette cité jusqu'alors d'importance mineure devient la capitale d'un royaume qui étend progressivement sa domination à toute la Basse Mésopotamie et même au-delà. Elle connaît son apogée au VIe siècle avant JC durant le règne de Nabuchodonosor II qui dirige alors un empire dominant une vaste partie du Moyen-Orient. Il s'agit à cette époque d'une des plus vastes cités au monde, ses ruines actuelles occupant près de 1000 hectares. Son prestige s'étend au-delà de la Mésopotamie, notamment en raison des monuments célèbres qui y ont été construits, comme ses grandes murailles, sa ziggourat (Etemenanki) qui pourrait avoir inspiré le mythe de la tour de Babel et ses mythiques jardins suspendus dont l'emplacement n'a toujours pas été identifié.

Babylone occupe une place à part en raison du mythe qu'elle est progressivement devenue après son déclin et son abandon qui a lieu dans les premiers siècles de notre ère. Ce mythe est porté par plusieurs récits bibliques et également par ceux des auteurs gréco-romains qui l'ont décrite et ont ainsi assuré une longue postérité à cette ville, mais souvent sous un jour négatif. Son site, dont l'emplacement n'a jamais été oublié, n'a fait l'objet de fouilles importantes qu'au début du XXe siècle. 

Redécouverte

Les explorations des sites de la Mésopotamie antique débutent dans le courant de la première moitié du XIXe siècle et se font plus intenses dans les décennies qui suivent. Mais elles concernent en premier lieu les sites assyriens dont les ruines sont plus spectaculaires. Si le site de Babylone a rapidement attiré l'attention en raison de l'importance du nom qui lui est attaché, il n'a fait l'objet de fouilles que tardivement, au début du XXe siècle ; celles-ci sont néanmoins menées par l'une des meilleures équipes d'archéologues de sa génération. D'autres campagnes suivent durant la seconde moitié du XXe siècle, précisant les connaissances sur le site, dont la majeure partie reste cependant inexplorée, alors que les perspectives de fouilles sont limitées depuis la mise en œuvre d'un programme de reconstruction de certains monuments et surtout le déclenchement de plusieurs conflits en Irak à partir de 1990.

Les premières explorations et fouilles du site

Malgré quelques confusions possibles avec les sites voisins de Birs Nimrud (Borsippa) et Aqar Quf (Dur-Kurigalzu) où les ruines des ziggourats rappellent la tour de Babel, l'emplacement du site de Babylone n'est jamais réellement perdu, une partie de celui-ci conservant son ancien nom, Babil. Plusieurs voyageurs venus d'Europe visitent ses ruines : Benjamin de Tudèle au XIIe siècle, Pietro della Valle au XVIIe siècle et au XVIIe l'abbé de Beauchamp, un diplomate français. Le premier à y effectuer un travail scientifique est le Britannique Claudius James Rich, qui établit au début du XIXe siècle le premier travail de cartographie du site, travail pionnier dans l'exploration scientifique de la Mésopotamie. Plusieurs de ses compatriotes le suivent sur le site, notamment Austen Henry Layard en 1850 et Henry Rawlinson en 1854, deux des principaux découvreurs des sites des capitales assyriennes, qui y restent peu de temps car le site de Babylone présente moins de découvertes spectaculaires que ceux du Nord, ce qui explique pourquoi il reste en marge des principales fouilles de cette période. En 1852, des Français entreprennent des fouilles sur le site, dirigés par Fulgence Fresnel assisté de Jules Oppert et Félix Thomas. Les maigres découvertes (des sépultures avant tout), qu'ils accomplissent au cours de fouilles menées dans un contexte difficile, ne peuvent être rapatriées en France car le convoi fluvial les transportant est attaqué par des tribus hostiles dans le sud de l'Irak et coule en 1855. 

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1932

Le site est régulièrement parcouru par des fouilleurs dans la seconde moitié du XIXe siècle après ces premiers chantiers. En 1862, le consul français Pacifique Delaporte trouve une tombe parthe richement dotée en objets qui sont expédiés au musée du Louvre. Des locaux qui jusqu'à présent collectaient surtout des briques sur place s'emparent aussi des objets anciens qu'ils y trouvent pour les revendre sur les marchés voisins... Cela se fait parallèlement à des fouilles, organisées par des équipes britanniques, sous la direction d'Hormuzd Rassam dans les années 1870, qui réussit à rapporter plusieurs objets de choix au British Museum, notamment le cylindre de Cyrus. Les fouilles britanniques reprennent de temps en temps sur fond de scandale lié à des soupçons de collusion entre fouilleurs clandestins et Rassam, avant que les Allemands ne s'intéressent à Babylone à partir de 1897.

Les fouilles allemandes

C'est en 1897 que Robert Johann Koldewey vient à Babylone et décide de prendre en charge ses fouilles à une échelle sans précédent. L'année suivante, la Deutsche Orient Gesellschaft (DOG, Société orientale allemande) est créée pour mobiliser les fonds nécessaires à ce projet, en même temps que le département oriental des musées prussiens qui devra recevoir des trouvailles effectuées lors des fouilles, le tout bénéficiant de l'appui de l'empereur Guillaume II, qui manifeste un vif intérêt pour l'antiquité orientale. Les fouilles débutent l'année même, et durent jusqu'en 1917, chantier exceptionnel par sa durée pour l'époque, d'autant plus que les recherches ne s'interrompent pas une seule fois dans l'année, contrairement aux pratiques actuelles.

Du fait de l'ampleur du site et des objectifs (redécouvertes scientifiques du site et dégagement puis envoi de pièces majeures à Berlin), une logistique lourde est mise en place par Koldewey et ses assistants, notamment Walter Andrae. Plusieurs chantiers ont lieu en même temps (souvent trois, parfois cinq), les effectifs d'ouvriers dégageant les tells explorés atteignent rapidement 150 à 200 personnes, et même 250 au maximum. L'équipe a également pour but d'entreprendre des chantiers sur d'autres sites, et elle explore Birs Nimrud (Borsippa), Fara (Shuruppak), puis Qala'at Shergat (Assur) où Andrae est affecté en permanence de 1903 à 1913. Les fouilles à Babylone permettent de dégager plusieurs monuments majeurs et d'en laisser des plans et autres données d'une qualité inédite jusqu'alors dans l'histoire de l'archéologie mésopotamienne, le directeur des fouilles, architecte de formation, ayant un intérêt marqué pour la restitution des bâtiments anciens, à la différence de nombre des autres archéologues l'ayant précédé qui se focalisaient avant tout vers les trouvailles d'objets sans trop se soucier de préserver les bâtiments anciens.

Le Kasr, le tell des palais royaux principaux, est le premier exploré, avant le complexe de Marduk (tells Amran Ibn Ali et le Sahn). Ils restent les chantiers principaux. Le palais du tell Babil est également exploré, ainsi que des temples sur le tell d'Ishin Aswad, la « Voie processionnelle » et le quartier résidentiel du Merkès à partir de 1907. Dès 1913, Koldewey publie les résultats des découvertes dans l'ouvrage Das wiedererstehende Babylon (« La résurrection de Babylone »), livre qui fait l'objet de plusieurs rééditions jusqu'à sa mort en 1925 et est depuis devenu un classique de l'archéologie mésopotamienne. Finalement, une documentation impressionnante et de grande qualité au regard des autres chantiers de l'époque a pu être collectée pour être analysée, mais l'ampleur du site fait que seule une petite partie en est connue même si les principaux bâtiments ont été explorés. Parallèlement, des trouvailles sont expédiées en Allemagne, comme prévu dans les objectifs des fouilles, notamment les reliefs glaçurés de la porte d'Ishtar et de la Voie processionnelle qui sont reconstitués au Pergamon Museum. Les fouilles sont moins intenses à partir du déclenchement de la guerre, en 1914, qui appelle de nombreux fouilleurs allemands et locaux sous les drapeaux. Koldewey reste jusqu'en 1917 avec une équipe limitée.  

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Bas-relief La reine de la nuit

Les fouilles après 1945

Les explorations archéologiques à Babylone ne reprennent que plusieurs décennies après le départ de Koldewey. Des équipes allemandes fouillent le secteur de la ziggourat et d'autres bâtiments, notamment un complexe qui correspond peut-être à l'ancien temple de la fête-akitu, en 1962 puis entre 1967 et 1973. À partir de 1974, c'est une mission italienne menée par G. Bergamini qui investit le site. Un premier objectif est d'effectuer des relevés topographiques et stratigraphiques visant à corriger et compléter les fouilles de l'époque de Koldewey, en mettant notamment en avant le rehaussement de la cité en lien avec les problèmes hydrographiques du site. Des bâtiments sont également mis au jour dans le secteur d'Ishin Aswad. En 1979 et 1980, une équipe irakienne fouille le temple de Nabu Sa Hare, où elle retrouve un important lot de tablettes. Les chantiers sont interrompus en 1990 par la guerre du Golfe.

Reconstructions et dégradations : une histoire récente tourmentée

Durant les années 1960 et 1970, les équipes archéologiques irakiennes entreprennent la restauration des monuments antiques du pays, dans un but touristique, en particulier le temple de Ninmah, le tout en parallèle avec de nouvelles fouilles. Le site de Babylone est au premier rang, vu qu'il est rapidement devenu un symbole de l'Irak dès les débuts de cet État, une statue de lion du site figurant par exemple sur des timbres. À partir de 1978, le programme de reconstruction se fait plus intense, en lien avec la volonté de Saddam Hussein, qui dirige le pays de 1979 à 2003 et cherche à se rattacher au passé antique de la Mésopotamie pour des besoins de propagande, en se présentant parfois comme successeur de Hammurabi et de Nabuchodonosor II (et également de souverains assyriens). Les enjeux politiques se mêlent donc à des enjeux touristiques, et Babylone doit (à nouveau) servir de lieu de manifestation du pouvoir : les murs de certains monuments sont restaurés, une partie des murailles, avec la porte d'Ishtar, et certains bâtiments sont remaniés, comme le palais Sud dont la salle du trône est adaptée pour pouvoir servir lors de concerts et de réceptions ou le théâtre grec qui est doté de 2500 places pour servir lors de spectacles. Saddam Hussein laisse même des inscriptions de fondation comme le faisaient les anciens souverains babyloniens, et se fait construire un palais sur une des trois collines artificielles qui sont alors érigées sur le site. Plusieurs festivités ont lieu régulièrement à Babylone.

Ces actions sont critiquées par les archéologues, parce qu'elles empêchent les fouilles sur une grande partie du site et accélèrent la dégradation de certains des monuments anciens, déjà endommagés par les fouilles précédentes qui ont emporté des parties de certains d'entre eux vers les musées européens et par l'érosion qui s'accélère depuis qu'ils avaient été dégagés.

Les dégradations du site de Babylone ont empiré à la suite de l'invasion de l'Irak en 2003 par les armées américaines. En effet, le site de Babylone est retenu pour établir le « camp Alpha », une base militaire américano-polonaise de 150 hectares et au moins 2000 soldats, comprenant notamment un héliport. Les activités militaires ont endommagé certains édifices, à cause du passage des véhicules (hélicoptères, blindés à chenilles), d'une garnison conséquente, et surtout à d'importants travaux de terrassement, le tout en plein milieu du secteur monumental de la ville entre le Kasr, le Tell Homera et le Sahn... Des tranchées sont creusées sur des sites archéologiques, le pavement de la Voie processionnelle est endommagé par les véhicules. Les critiques contre les dégradations que subit le site incitent finalement les autorités militaires coalisées à le restituer aux autorités irakiennes en décembre 2004, permettant alors de constater l'ampleur des dégradations. Celles-ci se sont poursuivies par la suite en raison du manque d'entretien du site, avant que ne commencent à être mis en place des projets de préservation.

D'après Wikipédia


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