Magazine Société

Joseph Incardona, invité de Tulalu!?, au Lausanne-Moudon

Publié le 09 mai 2016 par Francisrichard @francisrichard
Pierre Fankhauser et Joseph Incardona

Pierre Fankhauser et Joseph Incardona

Ce soir, l'association littéraire Tulalu!? reçoit au Lausanne-Moudon Joseph Incardona, auteur de romans noirs. Ce qui ne signifie pas pour autant qu'il ne sait pas prendre la vie du bon côté et rire franchement, même des vicissitudes. Joseph Incardona sait bien en effet que la vie est faite de hauts et de bas, que les retournements de situation personnelle se suivent et ne se ressemblent pas, qu'il faut sans cesse s'adapter, qu'il faut être résilient et ne surtout pas chercher à être assisté.

Joseph Incardona recherche les lieux où il peut trouver des gens avec lesquels il se sent bien et, ce soir, c'est le cas, non pas parce qu'il est né à Lausanne (en 1969) - il n'y a guère vécu -, mais parce qu'il aime faire de telles rencontres. Sans doute est-ce aussi parce que son existence n'a pas toujours été confortable. Avoir une mère suisse et un père italien, cela vous met Le cul entre deux chaises, le titre de son premier roman, réédité en 2014 par BSN-Press. Ce qui veut dire en clair: ne pas avoir de chaise du tout pour le reposer.

Dans sa jeunesse Joseph Incardona a lu beaucoup de... bandes dessinées, mais aussi des auteurs comme Cendrars ou Steinbeck. Plus tard deux auteurs vont le marquer profondément: John Fante (Demande à la poussière) et Harry Crews. Ces deux auteurs, comme lui, ont une dilection pour les personnes en marge: Joseph Incardona en rencontre lorsqu'il fait des visites dans les prisons et il en peuple ses romans noirs, tels que Derrière les panneaux il y a des hommes, où il en crée un véritable microcosme, au bord d'une autoroute.

Comment en est-il venu à écrire? Parce qu'aucun métier ne le tente, tandis que l'écriture a l'avantage d'être à sa portée et d'être l'art du pauvre, d'être pour lui un moyen de s'accomplir et de ne plus se sentir inutile, même s'il sait que l'écriture est fragile et qu'il éprouvera toujours le stress de la phrase à venir. Comment écrit-il? Il n'a pas besoin de réel confort pour écrire, il n'a besoin que de s'isoler quelques heures, le matin, de disposer de ce que Virginia Woolf appelle Une chambre à soi. Et, quand, alors, il écrit deux ou trois bonnes pages, cela suffit à son bonheur.

Yves Jenny et le duo Posology, Nicolas Bonstein et Danielle Goren

Yves Jenny et le duo Posology, Nicolas Bonstein et Danielle Goren

Son livre Permis C est le deuxième volume d'une trilogie romanesque, dont le premier, qui en est pourtant la suite, est Le cul entre deux chaises, cité plus haut. Il s'agit d'un roman, non pas d'une autofiction, même s'il se nourrit à des sources autobiographiques. Le mensonge ne permet-il pas de mieux cerner la vérité? Dans ce roman d'initiation, le protagoniste est confronté à la méchanceté gratuite (il y a en fait des raisons sociologiques à la violence qu'il subit); il connaît une première fois, inachevée, avec la mère d'un camarade; et il éprouve un grand moment de plénitude.

Ces trois temps forts ont été choisis pour donner un aperçu de l'écriture de Joseph Incardona, dont l'ambition, couronnée de succès, est de donner de la couleur à ses textes, notamment par le détail imparfait, celui qui retient l'attention et dans lequel se trouve le diable selon Friedrich Nietzsche... Lus avec ferveur par Yves Jenny, accompagnés avec subtilité par l'électronique du duo Posology, que forment Nicolas Bonstein et Danielle Goren, ces extraits permettent de se rendre compte de la variété des registres de l'auteur, qui fait habilement des allers-retours verticaux, du sexe à la tête, en passant par le ventre...

Depuis quatre ans Joseph Incardona arrive à vivre de l'écriture, au sens large. D'avoir écrit une douzaine de livres l'y aide. Tout comme d'avoir obtenu des prix qui, s'ils ne rapportent rien en eux-mêmes et ne récompensent pas forcément les meilleurs, ont des conséquences heureuses sur la diffusion. Pour Derrière les panneaux il y a des hommes, il a ainsi obtenu le Grand prix de la littérature policière. Il y est en excellente compagnie, celle d'auteurs qu'il a presque tous lus et aimés, tels que Léo Malet ou Frédéric Dard, alors qu'il n'a peut être lu qu'un seul Prix Goncourt...

Francis Richard   


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Francisrichard 12008 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazine