Globalement, pratiquer l’exercice, ici la marche, le jogging ou le vélo, reste bénéfique, même en cas de pollution, souligne à nouveau cette étude britannique. Les bénéfices l’emportent en effet et généralement sur les dommages possibles, liés aux produits toxiques et aux particules de la pollution. Cependant ces travaux, présentés dans la revue Preventive Medicine, vont jusqu’à préciser, en fonction de la pollution, les seuils jusqu’auxquels l’exercice reste bénéfique : En cas de pollution moyenne, l’exercice physique reste bénéfique jusqu’à 7 heures par jour pour le vélo ou 16 heures pour la marche. On peut donc alors pratiquer ces activités en toute sérénité. Mais dans les zones très polluées, ce seuil est réduit à 30 minutes par jour pour le vélo et à 90 minutes pour la marche.
Une précédente étude de l’Université de Copenhague, publiée dans la revue Environmental Health Perspectives, avait déjà montré que les bénéfices de l’exercice physique l’emportent sur les effets nocifs de la pollution de l’air, pour notre santé, sur le risque de mortalité prématurée. L’étude alors basée sur des niveaux de pollution » moyens » appelait donc quel que soit le lieu de résidence, et lorsqu’on est en bonne santé, à pratiquer l’exercice, et bien sûr autant que si possible, dans les espaces verts et loin des routes fréquentées…
Les chercheurs de l’Université de Cambridge et de l’Imperial College de Londres ont utilisé la modélisation informatique pour préciser le seuil de pollution et la durée de pratique auxquels les bénéfices de l’exercice laissent la place à des risques possibles pour la santé. Cette estimation des » points de basculement » est la première à notre connaissance et ces mêmes points correspondent à une réalité dans 1% des villes, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ainsi, l’analyse mathématique montre que :
· dans une ville moyenne, l’exercice physique reste bénéfique durant un maximum de 7 heures par jour en vélo ou à pied pendant 16 heures,
· dans les villes les plus polluées, au-delà de 30 minutes de pratique par jour pour le vélo et 90 minutes pour la marche, l’exercice n’est plus bénéfique.
Pourquoi ?
· Les chercheurs constatent que pour une pratique du vélo durant 30 minutes, une concentration de la pollution (PM2.5) de 95 microgrammes / m3 (constatée dans 1% des villes du monde) est nécessaire pour atteindre le point de basculement, c’est-à-dire le seuil auquel l’exposition aux particules devient un risque pour la santé,
· le point de rupture est atteint à une concentration de 160 microgrammes / m3.
· Pour la pratique de la marche, pendant 30 minutes, les points de basculement et de rupture sont estimés en cas de concentration supérieure à 200 microgrammes / m3. Ce qui signifie dans une zone urbaine moyenne, que cette limite d’exposition pourrait être atteinte après 16 heures de marche par jour.
Au global, cela signifie qu’une pratique raisonnable en termes de durée de la marche ou du vélo est associée à un rapport bénéfices/risques positif pour la santé. Néanmoins, en zone hyperpolluée, il faut mieux limiter la pratique d’u exercice plutôt intensif, comme le vélo, à de petites durées, inférieures à 30 mn. Des résultats qui doivent donc rassurer les sportifs urbains préoccupés par les effets de la pollution sur leur santé mais qui montrent également les limites pratiques d’exposition à ne pas dépasser. Reste également la question de l’exposition des groupes de population plus vulnérables, dont les enfants et les personnes âgées pour lesquels, les points de basculement devront certainement être rabaissés.
Source: Preventive Medicine May 6 2016 DOI: 10.1016/j.ypmed.2016.02.002Can air pollution negate the health benefits of cycling and walking?
Lire aussi: EXERCICE PHYSIQUE: La pollution est-elle une contre-indication? –