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MONDE / JUSTICE > Génocide rwandais : ouverture d’un second procès en France

Publié le 10 mai 2016 par Fab @fabrice_gil
Un second procès concernant le génocide rwandais de 1994, lors duquel entre 800 000 et un million de personnes ont été exterminées, s'ouvre aujourd’hui en France.

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Un rescapé du génocide Rwandais I ©DFID


Deux anciens bourgmestres sont jugés aux assises de Paris pour leur participation présumée aux massacres de 1994 au Rwanda. Le lieu du procès n'est pas neutre : le rôle de la France a été très critiquée lors du génocide.Comparution pour "crimes contre l'humanité" et "génocide"Octavien Ngenzi et Tito Barahira nient les faits. Pourtant ils sont accusés d'avoir directement participé au massacre de centaines de Tutsis réfugiés dans l'église de Kabarondo, commune de l'est du Rwanda, le 13 avril 1994. Les deux hommes, qui se sont succédé à la tête de la localité, vont comparaître durant huit semaines pour "crimes contre l'humanité" et "génocide", pour "une pratique massive et systématique d'exécutions sommaires" en application d'un "plan concerté tendant à la destruction" du groupe ethnique tutsi. Leurs avocats Philippe Meilhac et Françoise Mathe répètent que leurs clients "nient toute participation aux massacres et soulignent les "nombreuses contradictions des témoins qui les accusent".Un procès presque deux ans après celui de Pascal SimbikangwaPhilippe Meilhac est aussi "extrêmement inquiet quant à la capacité de Tito Barahira à endurer un aussi long procès". Son client, qui aura 65 ans en juin, souffre d'insuffisance rénale et doit être dialysé régulièrement. Ce procès se tient plus de deux ans après celui de Pascal Simbikangwa, ancien capitaine de l'armée rwandaise condamné à 25 ans de réclusion pour complicité de crimes de génocide. Un "verdict politique" pour la défense, qui a fait appel, dans un contexte de rapprochement entre Kigali et Paris après trois ans de rupture des relations diplomatiques (2006-2009).Des massacres dans un espace restreintAprès un non-lieu en octobre 2015 à l’égard du prêtre Wenceslas Munyeshyaka, premier Rwandais visé par une plainte en France, l'atmosphère s'est à nouveau refroidie. Le président rwandais Paul Kagame, qui accuse Paris d'avoir soutenu les génocidaires, a récemment appelé la France à "clarifier sa position". À la différence du premier procès, qui portait sur les tueries ayant eu lieu dans la région natale du président hutu Juvénal Habyarimana -dont l'assassinat fut le déclencheur du génocide- celui des bourgmestres sera celui d'un huis clos provincial. À Kabarondo, les massacres se sont déroulés dans un espace restreint, entre le stade, la municipalité et la place du marché, mais aussi et surtout en un temps record. Lors du génocide, entre 800 000 et un million de Tutsi et de "Hutu opposants" ont été tués entre avril et juin 1994.Octavien Ngenzi présenté comme un "donneur d'ordre""Avec ce second procès, on sera face à un génocide beaucoup plus concret, avec des victimes", a assuré Alain Gauthier, président du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR), association à l'origine de la plupart des enquêtes ouvertes en France sur le génocide rwandais. "Une cinquantaine de témoins viennent du Rwanda". L'enquête judiciaire décrit Tito Barahira et Octavien Ngenzi, bourgmestres respectivement en 1977-1986 et 1986-1994, comme des personnages clés d'une administration qui allait glisser au service des tueurs. Décrit comme "passif" face aux premiers massacres, Octavien Ngenzi est ensuite présenté comme un "donneur d'ordre", à l'instar de Tito Barahira. Le matin du 13 avril 1994, des témoins affirment avoir vu Tito Barahira armé d'une lance, avant une réunion sur un terrain de football où il avait appelé à "travailler", c'est-à-dire à tuer des Tutsis, ce qu'il "nie absolument".Au Rwanda, tous deux condamnés en leur absence à la prison à viePeu après, des centaines de réfugiés arrivés les jours précédents ont été regroupés à l'extérieur de l'église : en quelques heures, des centaines furent tuées à coups de machettes, gourdins ou grenades, selon des survivants. Les Tutsis furent pourchassés jusque dans l'église et achevés, après un "tri entre Hutu et Tutsi" auquel Octavien Ngenzi et Tito Barahira auraient pris part selon certains témoins. "Tito Barahira, auquel on prête une influence démesurée, était allé voir s'il pouvait faire quelque chose pour aider les réfugiés", selon son conseil. Quant à Octavien Ngenzi (58 ans), son avocate le décrit comme "un bon bourgmestre, dépassé par les événements". Détenu depuis 2010, l’homme avait été retrouvé à Mayotte où il avait, sous une fausse identité, sollicité le statut de réfugié politique. Tito Barahira a été interpellé en 2013 à Toulouse où il s'était installé. Au Rwanda, ils ont tous deux été condamnés en leur absence à la prison à vie par des tribunaux populaires "gacaca" en 2009, selon une source judiciaire rwandaise. FG

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