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Le storytelling de frustration

Publié le 12 mai 2016 par Dangelsteph

L’idée de cet article m’est venue après avoir visionné l’excellent reportage de Cash Investigation sur les Panama papers, qui ne mentionne pas le mot storytelling, mais qui en est, assurément.

La bande annonce débute d’ailleurs par la scène qui a émoustillé mes neurones :

à un moment, la journaliste Elise Lucet tente d’interviewer Ariane de Rothschild, présidente du groupe Edmond de Rothschild, plus particulièrement sur sa branche banque d’affaires,mise en cause dans l’émission dans l’affaire des Panama papers. Bien entendu, d’interview il n’y aura pas, la dame se défilant, de couloir en couloir, d’écran humain en écran humain, façon écran de fumée. Le micro des journalistes parvient tout de même à traîner, pour capter une petite perle… Elle glisse à la personne qui l’accompagne qu’il faudrait éviter d’inviter de tels journalistes et ce dernier lui répond : “madame, ils ne peuvent rien contre vous, vous êtes intouchable !”. La madame en question lui répond par un sourire entendu…

Voilà, ce sourire est du storytelling.

Que signifie ce storytelling ?

Je parle, pour nous, public. C’est une histoire sans happy end, La journaliste n’a pas eu de réponse, et pourra toujours dire que ne pas avoir de réponse est aussi une forme de réponse, mais bon… Nous public, sommes frustrés au-delà de ce cul-de-sac journalistique : car la dame en question a raison, elle est intouchable et tous les Cash Investigation du monde n’y changeront rien. Elle le sait, nous le savons, Elise Lucet aussi, évidemment.

Ce storytelling est-il utile ?

C’est un storytelling qui entretient notre rancoeur, point. Ce n’est pas une de ces histoires tremplins chères à Steve Denning, le pionnier du storytelling des organisations, qui donnent une impulsion au public, catalysé ensuite vers le changement. Le public ne bougera pas, il n’en sortira qu’un peu plus informé et plus blasé, aussi.

Un storytelling vraiment inutile ?

Ce storytelling est inutile parce qu’il n’est pas porteur d’action. Cela ne veut pas dire qu’il ne faudrait pas raconter ce type d’histoires, car, tout de même, elles sont intéressantes. Satisfaire notre intérêt, notre curiosité : c’est déjà pas mal. Pour le reste, l’action, circulez !


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