De mémoire de militant, associatif, syndical et politique, jamais je n’ai vu pareille situation, aussi ubuesque, sur le front des mobilisations sociales. Voir des manifestations littéralement emmenées par les forces de l’ordre, avec la complicité de certains services d’ordre de syndicats qui se réclament par ailleurs comme des syndicats de combat ¹, alors qu’ils se transforment en simples auxiliaires de police, au service du pouvoir en place, voilà qui est proprement effarant.
Tout manifestant sincère et droit dans ses baskets comme dans ses convictions qui se respecte ne saurait à mon sens se laisser mener comme un mouton à l’abattoir par un cordon de CRS sans réagir vertement. Surtout quand cela risque fort de le mener dans un cul de sac, où il se fera gazer gratuitement, si possible à l’abri des regards indiscrets. « Toute vérité qui n’est pas libre n’est pas vraie » disait Prévert. Dans cette situation voilà qui prend tout sens. A présent, comme de son temps, « les vérités de la police sont celles d’aujourd’hui« … Triste spectacle. Voir une manifestation dont le cortège de tête est un peloton de CRS, et de nouvelles pratiques comme le nassage , ainsi que le saucissonnage de cortège se multiplier, afin de séparer certaines parties de la manifestation, et donc empêcher d’éventuels mouvements de solidarité entre manifestants, en les prenant en otage pour leur interdire de se disperser, y compris quand ils sont en danger, est proprement scandaleux. Il devient donc important et nécessaire de trouver des formes novatrices de manifestation pour contrecarrer ce type de dispositifs policiers inacceptables, qui ne garantissent nullement la sécurité de ceux qui protestent contre des lois iniques, bien au contraire.
« Débordons, débordons, ces grotesques cornichons ! »
Et quand j’écris cela, je pense donc dorénavant à la foi aux forces de l’ordre comme à ces syndicats compromis. Rien ne doit plus empêcher notre colère de sortir des rangs. Question de survie.
¹ On s’en doutait déjà, entre vieux loups, mais ces pratiques apparaissent à présent au grand jour…
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