Notre système immunitaire inné -ou notre première ligne de défense, celle qui se met en action quel que soit le type de maladie ou d’infection- pourrait être impliqué dans le développement des maladies neurodégénératives, comme la maladie d’Alzheimer et de Parkinson. Comment ? En se déclenchant d’abord en réponse aux premières anomalies des cellules du cerveau, puis en » s’emballant » au fil du temps et en finissant par » s’attaquer » aux cellules saines, entraînant finalement leur dégénérescence et leur mort. C’est le tableau brossé par cette recherche, présentée dans la revue Frontiers in Neuroscience, qui suggère que cette activation anormalement prolongée du système immunitaire inné, combinée à une inflammation croissante, un autre facteur clé, pourrait expliquer aussi les différences de susceptibilité » innée » aux maladies neurodégénératives.
Le système immunitaire inné a pour mission de prévenir la propagation de l’infection en identifiant les envahisseurs comme les virus, et en supprimant les cellules infectées. Il va donc s’activer s’il perçoit une anomalie des cellules du cerveau. Mais, chez certains sujets, encouragé par l’inflammation, il reste actif plus longtemps et entraîne des dommages prolongés aux cellules saines du cerveau. La réponse immunitaire innée pourrait donc bien théoriquement jouer un rôle dans le développement de la démence. Une étude publiée dans Nature a d’ailleurs montré l’efficacité de médicaments immunosuppresseurs (comme l’ustekinumab (Stelara), sur des rats modèles de démence.
Les chercheurs de l’Université d’Adélaïde (Australie), ont mené un examen de la littérature dans le but de réunir des preuves à l’appui de cette hypothèse. Leur rapport reprécise la fonction du système immunitaire inné, et le processus par lequel il déclenche ses armes, des molécules mais aussi la mort mais aussi les différentes voies par lesquelles il peut aussi entraîner des dommages collatéraux. Dans le cas des maladies neurodégénératives, le système immunitaire inné se trouve dans l’incapacité de supprimer totalement la menace, ce qui le contraint rester actif.
Des différences de susceptibilité : Mais ce n’est pas le cas chez tous les sujets, et l’examen identifie les marqueurs de susceptibilité génétique de cette réponse immunitaire innée prolongée. Bref, la composante générique du risque de maladie neurodégénérative serait directement liée au système immunitaire inné.
Inflammation et hyperactivité immunitaire : en conclusion, la maladie neurodégénérative serait le résultat cumulatif de l’activation chronique de cette voie de surveillance innée, encouragée par un contexte d’inflammation et de lésions tissulaires. Une nouvelle fenêtre d’étude se confirme, avec ces premières preuves rassemblées à partir de la littérature, qui mérite d’être explorée, avec à la clé, peut-être de tout nouveaux traitements qui cibleraient à la fois l’inflammation – la première des réponses immunitaire- et cette hyperactivité prolongée du système immunitaire inné.
Source:Frontiers in Neuroscience May 10 2016 DOI: 10.3389/fnins.2016.00193The Enemy within: Innate Surveillance-Mediated Cell Death, the Common Mechanism of Neurodegenerative Disease
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