Deuxième atelier au Centre social de la colline à Cenon, Samedi 21 mai 2016
Dans l’optique du festival « Interactions » (13 au 15 octobre 2016) que nous organisons, nous travaillons notamment avec des habitants de Cenon, adhérents du centre social de la colline.
Lors du premier atelier, un thème avait émergé de la discussion, celui du voisinage. Pour ce deuxième rendez-vous, nous avons donc convoqué notre « spécialiste maison » de la question : Michèle Pédezert. Etaient aussi présents Fatima, Zineb et Zeina, habitantes du quartier Beausite, Sidi et Yacine, salariés du centre social, Amélie et Colette de l’association Antropologia.
Placés dans une démarche de co-construction, nous apprenons les uns des autres et, pour nous anthropologues, à faire de l’anthropologie autrement. Cet atelier, comme le premier, a été une phase exploratoire et préparatoire avant d’envisager la restitution qui sera faite au festival.
Yacine avait prévu un repas demandant moins de temps de préparation afin de favoriser les temps de conversation. Le matin, nous avons donc tenté de mieux définir ce qu’était « le voisin » et le « voisinage ». Proximité, échanges, relations… S’appuyant sur son enquête en Béarn, Michèle a évoqué les signaux que lui envoie Henri, le voisin d’en face, par le biais notamment d’entrebâillements différents de la porte cochère au cours de la journée. Chacun s’est alors exprimé sur son expérience de ce « voisiner tacite » : les bruits, la voiture qui n’est plus là…
L’emploi du mot « nous », dans un sens communautaire et indéfini , englobant, a suscité un débat, (comme celui de société) avec en arrière-fond l’idée de ramener aux « je » présents, porteurs d’expériences, capables d’action.
Peu à peu des récits de faits de voisinage ont surgi, du tragique (la voiture faisant un bruit de tracteur qui un jour est restée sur place, le corps du voisin n’a été retrouvé chez lui qu’un mois et demi plus tard) au léger : un voisinage qui démarre à partir de l’observation quotidienne du jardin de l’une des protagonistes. Yacine nous a expliqué à quel point ne pas répondre à la formule « salam aleykoum » était perçu comme une humiliation. Sidi raconte alors comment sa femme avait mal réagi au mutisme de ses nouveaux voisins, des Turcs âgés et handicapés. Quelques jours plus tard, il les rencontre au marché, leur propose de porter leurs courses et c’est le début de relations de voisinage.
Ensuite nous avons préparé le repas et profité de la météo clémente pour déjeuner dehors. Nous avons encore conversé de sujets divers, les réseaux sociaux, les nouvelles technologies, le personnage « Ronald Reagan », surnom d’un voisin bienveillant…
A l’heure du café, nous avons évoqué la forme de la restitution lors du festival.
Michèle et Amélie ont proposé que nous fassions une balade dans le quartier de Beausite lors de la prochaine rencontre (17 septembre) où nous photographierons des signes de voisinage. Elles enregistreront aussi les histoires racontées aujourd’hui et d’autres… Chacun est invité d’ici là à faire des photos. Un diaporama accompagné de la bande-son diffusé lors du festival au Rocher de Palmer ponctuera alors le projet.
D’autres projets communs devraient voir le jour par la suite tant nous sommes attachés à ce partenariat !
Colette Milhé