La théorie économique et les autorités monétaires semblent s’accorder pour concevoir et mettre en oeuvre une même politique monétaire, définie en tant que règle active centrée sur un objectif d’inflation (inflation targeting).
Les règles monétaires actives ou contingentes s’opposent aux premières règles mises en place, c’est-à-dire à la fois aux règles passives et aux politiques discrétionnaires :
I Les règles passives avec Friedman, visant une croissance stable et modérée de la masse monétaire (règle de taux constants k %) (première règle avec Simons (1936) : la règle de couverture 100% or).
Mais ces règles passives souffrent d’un manque de flexibilité ;
I Les politiques discrétionnaires, agissant au coup par coup (dont l’objectif est la stabilité de l’activité économique).
Mais ces règles discrétionnaires conduisent à des biais inflationnistes (tentation de tricher pour la BC) et à une absence de transparence.
Les règles monétaires actives apparaissent comme la solution la plus efficace pour une banque centrale cherchant I à stabiliser l’inflation à un niveau cible et à limiter les fluctuations macroéconomiques (stabiliser l’activité économique), sans pour autant éliminer leur champ d’actions discrétionnaires.
La règle de Taylor (Taylor, 1993 et 1998) est la référence centrale de ces règles monétaires actives et l’expression de ces conceptions communes.
Elle lie, de manière linéaire, le taux d’intérêt nominal (l’instrument privilégié de la politique monétaire) à l’écart entre l’inflation actuelle observée et l’inflation cible (l’objectif d’inflation des autorités monétaires) - définie souvent comme la stabilité des prix l’output gap (la différence entre output effectif et output potentiel, celui qui se réaliserait si l’économie fonctionnait de manière compétitive), et I un résidu purement aléatoire appelé le « choc de politique économique », non-corrélé avec l’inflation ni l’output gap.
La règle de Taylor a une double interprétation :
1. Description de la politique monétaire à différentes périodes, c’est-à-dire examiner différents épisodes de l’histoire monétaire, et donc appréhender le comportement
d’une BC en matière de conduite de la politique monétaire.
2. Anticipation et prescription du taux d’intérêt que la BC doit fixer en réponse à l’inflation et à l’activité réelle.
Indication du poids alloué à la stabilisation de l’inflation et à l’élimination de l’output gap.
D’un point de vue normatif, la règle de Taylor – en comparant le taux d’intérêt issu de la règle de Taylor au taux d’intérêt à court terme observé sur le marché – permet de juger l’adéquation de la politique monétaire aux variables économiques fondamentales.
Le succès de la règle de Taylor vient du fait qu’elle permet d’expliquer, au moins sur une certaine période, le comportement de banques centrales (BC), comme la Fed, la
Banque du Japon et certaines banques centrales européennes.
Par conséquent, ce modèle fait référence parmi les économistes de banques et d’instituts de conjoncture chargés d’analyser et d’anticiper les comportements de banques
centrales.