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EUROPE / POLITIQUE > Autriche : Alexander van der Bellen devient président fédéral, un succès en demi-teinte

Publié le 23 mai 2016 par Fab @fabrice_gil
Alexander van der Bellen, candidat ancien dirigeant des Verts, a remporté l’élection présidentielle autrichienne face à l'extrême droite. Un succès en demi-teinte. [Analyse]

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L'écologiste Alexander Van der Bellen à Vienne (Autriche), le 22 mai 2016 I ©ROLAND SCHLAGER / APA /AFP


Les électeurs autrichiens ont désormais choisi leur président fédéral entre l’ancien dirigeant des Verts Alexander van der Bellen, qui a obtenu 21,34 % des voix au premier touret le représentant du parti d’extrême-droite FPÖ, Norbert Hofer, qui a obtenu 35,05 % des voix le 2 mai dernier. L'issue était incertaine, d'autant que cette élection ressemble à un vrai coup de tonnerre dans la sphère politique autrichienne. Le ministère de l'Intérieur n'a pas encore communiqué les chiffres officiels, mais les bulletins déposés dans les urnes, dimanche, laissait entrevoir une victoire de Norbert Hofer qui avait recueilli 51,9% des suffrages, contre 48,1% pour Alexander Van der Bellen. Les votes par correspondance, traditionnellement peu favorables au FPÖ (parti d'extrême droite), ont été déterminants. Ils ont représenté 14% des votants lors de ce scrutin.L’élection du Conseil national en 2018 confirmera-t'il la tendance ? La FPÖ est donnée par le dernier sondage Gallup à 34 % des intentions de vote contre 22 % à l’ÖVP conservatrice, 21 % à la SPÖ sociale-démocrate et 13 % aux Verts. La persistance de la pensée nationalisteIl n’y a pas de cause unique, mais plutôt un faisceau de raisons qui ont poussé l’électorat a voté à l'extrême droite. L’Autriche est un pays particulier. En effet, grande puissance européenne durant des siècles, il est devenu un petit Etat mal taillé et travaillé par la nostalgie de la grandeur perdue des Habsbourg. Cette réalité a maintenu la vivacité du courant national-allemand ("deutschnational"), favorable à l’Anschluss avec l’Allemagne durant l’entre-deux-guerres et qui a persisté après-guerre sous une forme nationaliste raciste. A cela s’est ajouté un manque de culpabilité pour la période nazie du pays. A partir de 1986 et de la montée en puissance de Jörg Haider, la FPÖ -qui dès sa création en 1955 regroupait d’anciens nazis et des nationalistes- a cristallisé une partie de cet électorat permettant ainsi d’atteindre 27 % des voix en 2000. C’est sur ce terreau idéologique que la formation d’extrême-droite a prospéré et devrait continuer de prospérer. Dans ce contexte, la crise des réfugiés et sa gestion ont provoqué un sentiment de rejet d’une partie des votants à la fois de l’UE et des populations arrivantes. L’électorat a alors quitté les grands partis, ÖVP et SPÖ pour se replier vers la solution deutschnational, la FPÖ. En un an seulement, ce parti a gagné près de dix points dans les sondages. Le 2 mai dernier, le score de Norbert Hofer accusait un record historique pour la FPÖ. Mais faire de la crise des réfugiés la seule cause du succès de cette formation est une erreur. C’est aussi que cette crise intervient alors même que surgit une crise politique et économique.Quel était le programme économique de la FPÖ ?Globalement, il s’agissait d’un programme très libéral. En novembre 2015, la représentante du parti, lors du débat budgétaire au parlement était Barbara Kolm, directrice de l’institut Hayek. Preuve que le parti "des libertés" reste ancré dans une double culture : celle du nationalisme allemand et celle du libéralisme. Le programme de défense des travailleurs autrichiens passait donc par la "fermeture" aux étrangers de l’emploi dans certains secteurs, par des protections nationales contre le "dumping social" et par la priorité donnée aux Autrichiens pour les transferts sociaux. Mais en termes de politique budgétaire, la FPÖ se veut plus orthodoxe que les partis traditionnels, parlant même d’une "discipline budgétaire de fer" fondée sur la réduction de la "bureaucratie", sur la suppression des subventions et sur la fin du "gaspillage". Cette politique devait permettre d’offrir des cadeaux fiscaux aux PME et aux ménages "autrichiens", qui, par ailleurs, auraient dû accepter une réduction des transferts sociaux. Malgré son échec, la FPÖ ne souhaite pas pour autant quitter la zone euro et l’UE pour pratiquer de la relance budgétaire, mais pour pouvoir pratiquer de la discrimination nationale et pouvoir protéger certains secteurs. Ce parti est une aile nationaliste du libéralisme autrichien qui rejette le libéralisme sociétal promu par les Verts et le parti Neos, lui-même issu de l’aile gauche de la FPÖ, ainsi que le libéralisme "européiste" de l’ÖVP. JB-M

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