Titre:
Frankenstein Underground
Auteur :
Ben Stenbeck (dessin), Mike Mignola (scénario) et Dave Stewart
(couleur)
Editeur :
Delcourt
Collection
: Contrebande
Année :
2016
Page
: 144
Prix
: 15,95 €
Résumé :
La
créature de Frankenstein erre depuis des décennies dans le monde,
pourchassée et haïe par les hommes quelle que soit l'époque. Elle
trouve finalement refuge dans un vieux temple mexicain occupé par
une vieille femme qui semble être en recueillement. A bout de
forces, La bête s'effondre. A son réveil, guérie de ses blessures,
la créature discute avec la vieille femme. Le souci, c'est que
quelqu'un d'autre a repéré le monstre de Frankenstein et a envie de
se l'accaparer. La poursuite va reprendre et entraîner notre petite
bête au fin fond de dédales souterrains et anciens où l'attend une
drôle de rencontre. Autant dire que le monstre de Frankenstein n'est
pas au bout de ses peines...
Mon
avis :
Ce
Frankenstein a tout pour être touchant. Enfin, n'exagérons rien, il
n'a rien de mignon. La pauvre créature, par contre, semble bien
douée de conscience et même plus, elle semble chercher la paix,
voire même la rédemption. Ayant pleinement réalisé ses erreurs
passées et les crimes commis, elle espère tout au long de cette
histoire en cinq chapitres trouver la paix. La paix dans la mort,
pour fuir la solitude...
Son
souhait sera-t-il accompli ? Peut-être mais pas avant une curieuse
aventure où se mêlent mysticisme, possession, culte ancien et
terrible, explorateurs humains et légende de la terre creuse. Et je
ne vous dévoile qu'une partie de l'intrigue, qui comporte bien
d'autres révélations.
N'étant
pas familier de l'univers de HellBoy, je ne saurais vous dire à quel
point ces informations sont importantes pour la compréhension du
monde du démon rouge. Vous me direz : « Mais quel rapport
entre Frankenstein et HellBoy ? » je vous répondrai que les
deux héros (ou anti-héros) se sont déjà rencontrés et ont
combattu l'un contre l'autre. C'est peut-être cette histoire qui
donna envie à Mike Mignola d'offrir un récit entier à
Frankenstein. Ainsi aurait naquis Frankenstein Underground !
Et
ce petit écrin sombre offre une nouvelle vie à la créature du
savant fou – ou bien trop en avance sur son temps -. En effet, même
sans connaître l'univers de Hellboy, on s'attache à ce monstre
perdu face à sa conscience et les obstacles qui se mettent sur sa
route sont suffisamment insurmontables pour qu'on se demande même
comment il va s'en sortir. D'ailleurs, vous noterez au fur et à
mesure de la lecture qu'il ne s'en sort pas... Tant qu'il ne reçoit
pas d'aide ! C'est dire la complexité des embûches qui surgissent
sur son chemin. L'histoire est curieuse par les mythologies qu'elle
met en scène. Créatures cyclopéennes et antiques, mort-vivants en
débâcle et je vous laisse encore quelques surprises. Finalement,
dans ce récit complet, Mignola fait se rejoindre Lovecraft et
Shelley, entre autres ! Et les enjeux semblent dépasser largement la
recherche de paix et de mort de notre pauvre créature.
Voilà ce que c'est que de laisser la porte ouverte !
Si
Mignola nous pond une histoire riche en surprises, c'est Stenbeck qui
prend les pinceaux pour lui donner vie et surtout noirceur
appropriées. Les couvertures de chapitre sont, elles, bien signées
Mignola.
Les
personnages tirent vers un certain réalisme, même s'ils sont
souvent morts, démoniaques, laids, sorciers ou autres choses bien
loin de notre quotidien. Les couleurs sont sombres ou pâles et du
coup, le rouge – sang entre autres – claque sur l'image comme une
décharge.
Le
noir est souvent présent et si on rejoint parfois des couleurs plus
claires, c'est le plus souvent le temps d'un flash-back, qui n'est
pas forcément porteur de joie et de bonheur. Vous l'aurez compris,
l'histoire est sombre, bien sombre, très sombre et un peu sanglante
aussi. Bref, c n'est pas la Kolossale Rigolade à chaque page, loin
de là !
La
composition joue sur une à trois bandes de une à trois cases mais
on est loin du gaufrier classique. Les dessins s'étalent et imposent
leur dimension aux cases. On rentre aisément dans l'histoire, le
style m'a bien accroché et j'y suis resté collé, fasciné par ces
grands noirs et ces instants sans dialogues pourtant chargés
d'émotion.
La
composition sert un cadrage qui sait bien montrer combien notre
créature, pourtant puissante, est réduite à peu de choses devant
les forces contre-nature qui se dressent autour d'elles – et
surtout devant elle, d'ailleurs -.
Et
si tout cela ne vous suffit pas, le dernier chapitre de l'histoire
est en fait un cahier graphique avec des commentaires de Stenbeck et
Mignola sur leur travail et les différentes étapes de dessins, les
recherches de couvertures, de personnages...
Frankenstein
Underground est une belle surprise, un récit complet qui m'a captivé
de long en large, autant par son histoire que par son style
graphique. Moi, j'ai bien aimé. Alors j'espère que vous aussi. Bon,
bien sûr, fans de Bisounours, abstenez-vous ou préparez-vous au
choc gothique de ce premier semestre.
Zéda
rencontre la créature de Frankenstein...
David
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