Magazine

Jour 2

Publié le 11 juin 2008 par Jocelynbeaumont
Comme je représente la caricature vivante du jeune métrosexuel urbain hype, j'ai acheté un produit immobilier proposant des volumes atypiques. La traduction en français normal, j'habite dans une boutique réhabilitée en pseudo loft plein de charme (il faut comprendre petit). Seulement, la vie en rez-de-chaussée si elle propose de nombreux avantages s'accompagne souvent d'inconvénients… La loi de l'échange équivalent ne me quitte décidément pas.
Il est une heures du matin, on toque à ma fenêtre, je devrais dire ma vitrine... Et oui! Je me reveille en sursaut et manque de tomber de mon canapé… J’entends une voix de derrière la vitre : “C’est Joe, je suis dehors… Ouvre, ça caille, je t'expliquerai..." Je lui ouvre la porte et l'accueille dans mon home-sweet-home.
"Qu'est-ce que tu fous là?"
"Je me suis embrouillé avec mes meufs, elles m'ont soulé... Je me suis cassé, j'ai marché et au final je me retrouve chez toi.... Et je me disais que je ferais bien de la merde ce soir!”
Ca y est le cri de ralliement est lancé : FAIRE DE LA MERDE. L'expression est vague, floue, trouble et chacun peut l'interpréter comme il le souhaite : c'est le slogan de ma génération de paumés. "faire de la merde", c'est le sésame universel (j'entends dans les quelques arrondissements dans lesquels j'évolue) pour se mettre minable!
Joe est devant moi, son t-shirt noir est déformé par des épaules transgéniques sur lesquelles tombe une impressionante tiniasse noire. Joe, je l’aime bien. C’est un peu mon Samson de la défonce. Je l'ai connu par le biais de sa soeur Pénélope, ahhhhh Pénélope... Nos relations ont d'abord été professionnelles puis amicales.
Il sors des sachets de sa poche et les pose sur ma bibliothèque Cinna.
"Prends une BD, va pas rayer la laque..."
"T'es relou, avec tes meubles à la con, on peut rien faire avec!"
Une paire de ciseaux et le tour est joué. Le sachet de plastique éventré déverse son contenu blanc la courverture d’un album de Pascal Brutal. Joe prend la carte de credit visa premier périmée que je conserve spécialement à cet effet et commence à casser méthodiquement les morceaux de cocaïne pour les réduire en une poudre fine et uniforme.
"C’est le premier qu’est-ce que tu penses de le couper en deux ?"
"Que du bien…"
Il sépare deux lignes longues et épaisses, on appelle ça des poutrelles. Un billet roulé, une longue inspiration, et c’est fait… La poutrelle qui m’était destinée a presque disparu. Alors, parce qu’il faut bien finir le travail, j’humecte mon index et récupère le surplus présent sur le quatrième de couverture. et me frotte les dents. Ca y est j'ai les yeux qui pleurent.
Joe approche le tube de papier bleu de son nez, il inspire a son tour. La poudre blanche remonte vite, atteint son conduit nasal, passe dans sa gorge, lui laisse un goût amer dans la bouche, se mélange à son sang. Ses yeux son grand ouverts injectés de sang, sa machoire se contracte…
La soirée va commencer, le seul problème c'est qu'on est loin d'en voir la fin.

Retour à La Une de Logo Paperblog