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Critique Ciné : Elle (2016)

Publié le 26 mai 2016 par Delromainzika @cabreakingnews

Elle // De Paul Verhoeven. Avec Isabelle Huppert, Anne Consigny, Laurent Lafitte et Charles Berling.


Présenté en Compétition au dernier Festival de Cannes, j’ose : on n’avait pas vu Paul Verhoeven aussi en forme depuis Basic Instinct. Elle le film représente cette tentation de la femme fatale de façon assez brillante d’ailleurs. Rien ne semble échapper au réalisateur qui maîtrise se part en part son propos subtile de la femme torturée et tortueuse. Car au fond, le personnage de Michèle est complexe et ne s’arrête pas à cette simple agression ou bien au fait qu’elle soit solide comme un roc. Il y a une vraie réflexion apposée derrière qui, léchée, brille par son ambition. Ce qui me fascine là dedans c’est la capacité du film à transcender quelque chose qui était assez simple au premier abord. En effet, à la manière d’un film d’Alfred Hitchcock (et parmi ses meilleurs), Paul Verhoeven jongle autour de cette ambiguïté perverse qui nous laisse imaginer tout un tas de choses et surtout une fin très différente de celle que l’on peut avoir dans le film. C’est une très bonne nouvelle que de retrouver ce réalisateur aussi en forme après s’être égaré. Je pourrais oser porter Elle au rang de chef d’oeuvre mais j’aurais peur des représailles.

Michèle fait partie de ces femmes que rien ne semble atteindre. À la tête d'une grande entreprise de jeux vidéo, elle gère ses affaires comme sa vie sentimentale : d'une main de fer. Sa vie bascule lorsqu’elle est agressée chez elle par un mystérieux inconnu. Inébranlable, Michèle se met à le traquer en retour. Un jeu étrange s'installe alors entre eux. Un jeu qui, à tout instant, peut dégénérer.

Pourtant, Elle repose sur des classiques mais ces classiques sont immuables et séduisent justement car ils sont très différents de ce que l’on pouvait imaginer au départ. Paul Verhoeven fait une sorte de synthèse depuis la fin de Basic Instinct et revient donc avec un film sombre chargé d’une réflexion sous jacente folie. Afin de mettre tout cela en lumière, il choisit Isabelle Huppert qui est probablement la représentation la plus intéressante de Michèle. Qui d’autre aurait pu incarner cette femme froide et folle qui détruit tout sur son passage comme si elle le faisait par plaisir. D’ailleurs, Elle joue énormément sur l’ambiguïté qu’il y a chez ce personnage et le rôle qu’elle aurait pu jouer dans les meurtres que son père a commis quand elle n’avait alors que 10 ans. Le traumatisme a laissé des séquelles et c’est aussi ce qui a bâti la femme qu’elle est aujourd’hui capable de détruire les hommes sur son passage en passant par une phase de séduction. Michèle est une vraie mente religieuse qui mange ses proies une à une dès qu’elle en a besoin. L’opportunisme de Michèle, va même au delà des hommes mais je ne vous en dirais pas plus.

Pour en revenir au film, derrière une mise en scène sombre et cadrée, Elle n’a de cesse de nous impliquer dans ce récit fort et fou. On retrouve alors dans certaines séquences des choses que Paul Verhoeven a déjà utilisé ailleurs (notamment la scène avec Vincent à la fin du film qui ressemble à une scène d’Hollow Man) mais à chaque fois tout est maîtrisé sans fausses notes. Par ailleurs, j’aime beaucoup ce que le casting secondaire incarne. Notamment Laurent Laffite. Je sais bien qu’avec lui c’est ou on aime ou on déteste mais son personnage complexe me rappelle énormément ce qu’il a pu faire dans Elle l’adore l’an dernier (que j’avais d’ailleurs beaucoup aimé). A la fois drôle (même dans ses moments les plus embarrassants, Paul Verhoeven trouve un moyen de nous faire rire) et glaçant, Elle est donc l’une des meilleures surprises que le cinéma nous est offert cette année : le retour en grâce d’un réalisateur fou.

Note : 10/10. En bref, une brillante exploration de la femme fatale dans une ambiance de film Hitchockien sensationnel.


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