On estime que 10 à 15% des couples se retrouvent face à des problèmes de conception, voire d’infertilité. On sait également que la prévalence des troubles anxieux et dépressifs et anxieux est plus élevée chez les femmes au cours de leur période de procréation. Enfin, la question de l’usage des antidépresseurs durant la conception et la grossesse a largement été débattue. Cette nouvelle étude de la Boston University apporte une nouvelle pièce au puzzle, en suggérant que la dépression réduit les chances de grossesse, alors que, semble-t-il, l’utilisation de médicaments psychotropes ne semble pas nuire à la fertilité. Une étude, présentée dans l’American Journal of Obstetrics and Gynecology, qui présente de premiers éléments d’explication de cette fertilité réduite par la dépression.
L’étude constate en effet une diminution de 38% des chances de conception par cycle menstruel chez les femmes qui ont déclaré des symptômes dépressifs graves vs des femmes en bonne santé mentale. Cette réduction de la fertilité est similaire, que ces patientes soient, ou pas, sous traitement psychotrope. Le Dr Yael Nillni, professeur de psychiatrie à l’Université de Boston, spécialiste en sciences de la santé des femmes ajoute : » Nous constatons que des symptômes modérés à dépressifs sévères, quel que soit le traitement par médicaments psychotropes, peuvent retarder la conception « . Son équipe a suivi plus de 2.100 femmes, âgées de 21 à 45 ans, en difficulté de conception, participant à l’étude PRESTO portant sur les facteurs influant sur la fertilité. Les participantes ont renseigné leurs symptômes dépressifs et l’utilisation de médicaments psychotropes, ainsi que les autres facteurs.
– 22% des participantes ont rapporté un diagnostic clinique de dépression, soit une incidence très supérieur au taux de dépression en population générale,
– 17,2% l’utilisation de médicaments psychotropes,
– dont 10,3% une utilisation actuelle de médicaments psychotropes.
ØPlusieurs mécanismes sont évoqués : la dépression est associée à une dysrégulation de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien, ce qui peut dérégler le cycle menstruel et affecter la capacité de conception.
Quel effet des antidépresseurs sur la fertilité ? L’utilisation des benzodiazépines spécifiquement est également associée à une diminution de la fertilité. En revanche, les femmes qui avaient été traitées, avant la recherche de conception par inhibiteurs sélectifs de recapture de la sérotonine, améliorent leurs chances de conception, et cela quelle que soit la sévérité des symptômes dépressifs. Les auteurs suggèrent que ces ex-utilisatrices d’ISRS pourraient bénéficier d’avantages psychologiques ou neurobiologiques à long terme de ce traitement antérieur qui influent sur la fertilité. Une hypothèse qui reste à confirmer.
Source: American Journal of Obstetrics and Gynecology DOI: 10.1016/j.ajog.2016.04.022 Depression, anxiety, and psychotropic medication use and fecundability
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