Roots // Mini-series. 4 épisodes.
BILAN
History a eu une ambition, celle de faire un remake de Roots, une mini-série qui avait fait sensation il y a plusieurs dizaines d’années. Bien que le tout soit assez familier pour le téléspectateur, ce remake vaut le coup. History a tenté de réimaginer la mini-série Roots de Alex Haley et le seul reproche que je puisse lui faire c’est que cette mode des remakes, reboots et cie est un peu désolante. Ce n’est pas comme l’on avait besoin de voir tout ce qui est vieux de nouveau neuf. Surtout dans le cas de Roots, une mini-série de 1977, qui avait réalisé des records d’audience à l’époque, dominé les Emmys et illuminé un peu la nation américaine sur l’histoire de l’esclavage. Mais la nouvelle vision de Roots par History parvient à justifier à elle seule l’intérêt de ce remake. Roots démontre à quel point les mentalités ont beaucoup évolué au fil des années sur la condition afro-américaine dans le pays à cette époque et de ce fait, les américains sont désormais beaucoup plus enclins à raconter certaines choses difficiles qui se sont passées à cette époque. Au travers d’un casting qui ne pouvait pas être meilleur, d’une narration intelligente et maligne, Roots se concentre un peu plus sur la vie des esclaves. Laurence Fishburne est Alex Haley comme il le dit si bien en voix off et ce sera la voix off de toute cette mini-série.
L’une des forces de Roots ici est de savoir raconter toutes ces histoires sans avoir peur de rien du tout. Le but de History a toujours été de faire des mini-séries fidèles à l’Histoire, la vraie. Et Roots semble être un fidèle passage de l’histoire des Etats-Unis au travers de la condition noire américaine. La première partie, mise en scène par Phillip Noyce, est inspirée et l’on est tout de suite plongés dans cette aventure de près de 7h. La première partie donne donc à Juffure un sens de l’histoire et du lieu qui permet de rendre Roots beaucoup plus tragique.Dès que Kunta arrive dans sa nouvelle maison, une ferme à tabac de Virginie détenue par John Waller (incarné par James Purefoy) alors tout semble beaucoup plus familier. Quand l’on a vu des fictions comme 12 Years a Slave (avec ce que cela avait de clinique), The Book of Negroes, etc. on a déjà vu des tas de choses récemment sur la condition afro-américaine à cette époque là. Les épisodes suivants servent alors le récit et l’évolution de l’histoire de chacun des personnages. Tout cela nous permet de suivre une galerie de personnages totalement différents. Je pense que ce qui justifie le mieux Roots et l’intérêt de ce remake est les performances de chacun des membres du casting.
Les prestations sont suffisamment bonnes pour rafler quelques Emmy à la rentrée prochaine. Je crois que l’une des révélations ici est la prestation de Kirby dans le rôle de Kunta. Je dirais même que c’est mieux que la mini-série originale. Pour quelqu’un qui n’a jamais vu Roots l’original, alors cette série sera fascinante pour lui. D’autant plus que chacun des membres du casting s’avère être parfait dans son rôle. Malachi Kirby incarne un héros fort et soigné pendant que les autres sont là pour lui donner une pertinence différente. Notamment Anika Noni Rose que l’on ne peut pas détester mais bien au contraire, que l’on ne peut qu’ardeur. Forest Whitaker, Laurence Fishburne, James Purefoy, et même Anna Paquin s’avère convaincante c’est dire à quel point Roots a réussi à faire quelque chose avec ce qu’elle a entre les mains. Il y a des scènes difficiles et notamment lorsque l’on voit que finalement les gens à cette époque avaient le droit de faire ce qu’ils voulaient des esclaves et même des gens qui partagent leur vie (notamment quand Anna Paquin est pendue dans la partie 4). La série parvient à reproduire l’émotion d certains moments à merveille, créant une sentiment dramatique assez souvent démontrant à quel point Roots est importante. C’est une mini-série qui a un impact tout de même et un remake qui a lui aussi un impact.
Ce remake permet donc de mettre en avant l’évolution de la façon de raconter l’histoire afro-américaine et de l’esclavage à une certaine époque. Quand la mini-série originale Roots a été diffusée il y a presque 40 ans, c’était quelque chose de nouveau qui n’avait jamais été vu auparavant en télévision, c’était une mini-série à récompense, un phénomène en somme, qui a même battu des tas de records d’audience avec un casting de stars. L’histoire de Kunta Kinte et de ses descendants était la première adaptation honnête et horrifique de l’histoire de l’esclavage, appuyant la suprématie blanche aux Etats-Unis. Roots n’aura probablement pas aujourd’hui le même impact qu’elle ne l’avait en 1977, en grande partie car les mentalités ont changées mais ce qui frappe aussi c’est le fait que Roots comprend mieux le monde des esclaves et les origines de ces hommes aujourd’hui par rapport à auparavant. Ce remake ne perd pas de temps sur certaines futilités et se concentre sur ce qu’il y a de plus important : les personnages et leur vie. Notamment d’un point de vue familial. Tout est fait dans cette série pour nous surprendre et nous prendre de court, tout en créant un sentiment dramatique rempli d’espoir. Car ce qu’il y a au fond de l’histoire de Kunta et des autres c’est le fait que le changement est possible, que la vie de chaque génération est différente de l’autre. On pourrait faire un autre remake de Roots dans 40 ans et voir encore l’évolution…
Note : 8/10. En bref, une belle mini-série qui mérite le coup d’oeil, que vous aillez vu l’original ou non, le point de vue est différent et le casting brillant.