Cette étude scientifique menée par une équipe de l’AP-HM apporte une meilleure compréhension des mécanismes et des troubles comportementaux (prise de décision, contrôle des impulsions) des patients souffrant de la maladie de Parkinson. Les résultats de ces travaux, publiés dans la revue Brain, marquent une avancée significative dans la compréhension de la maladie de Parkinson et révèlent le rôle clé d’une petite zone du cerveau dans le processus de décision lié à l’effort et à la récompense.
Chaque décision est basée sur les bénéfices que nous en attendons et sur le coût qu’elle entraînera. Il est donc nécessaire de faire la balance du coût et du bénéfice avant de prendre la décision d’agir. L’évaluation de la valeur du bénéfice d’une action (par exemple une récompense) et de son coût (par exemple un effort à fournir) repose sur plusieurs aires corticales notamment le cortex orbito-frontal et l’aire motrice supplémentaire. Toutefois, les mécanismes qui aboutissent à la confrontation de ces valeurs et au calcul du rapport coût-bénéfice restent encore imparfaitement élucidés.
Les équipes Marseillaises ont étudié le rôle du noyau sous-thalamique (NST) dans ce contexte. Le NST est une structure profonde du cerveau, faisant partie des ganglions de la base, recevant un grand nombre d’informations provenant du cortex qui sont ensuite renvoyées au cortex. Le NST est très largement impliqué dans la motricité – il constitue la cible de choix pour la stimulation cérébrale profonde dans la maladie de Parkinson – mais également dans des processus non moteurs tels que l’attention, le contrôle de l’inhibition et la motivation. Des données expérimentales ont permis de montrer que les neurones du NST pouvaient coder la valeur d’une récompense chez l’animal mais à ce jour cela n’avait pas été montré chez l’homme.
La prise de décision corrélée aux valeurs subjectives de récompense et d’effort : l’activité du NST de 12 patients parkinsoniens ayant reçu une implantation d’électrodes de stimulation cérébrale profonde à visée thérapeutique, a été enregistrée lors d’une tâche de prise de décision basée sur la récompense et l’effort. Les résultats montrent que des activités oscillatoires à basse fréquence dans le NST apparaissent lorsque s’affichent le niveau de récompense promise (en euros) et le niveau d’effort à produire. De plus l’intensité de ces activités s’avère corrélée aux valeurs subjectives de récompense et d’effort. Enfin, ces activités s’avèrent prédictives de la décision des sujets lorsque les niveaux de dopamine sont normalisés (après la prise du traitement médicamenteux).
L’ensemble de ces résultats indiquent que le NST est impliqué dans les processus de prise de décision basée sur la récompense et l’effort.Ces résultats vont permettre de mieux comprendre le rôle du NST dans les processus motivationnels ainsi que les mécanismes à l’origine des symptômes de la maladie de Parkinson. Ces conclusions ouvrent le champ à de nouvelles perspectives thérapeutiques, notamment dans le domaine des troubles des comportements motivés dans la maladie de Parkinson.
Source: CHU Réseau Mai, 2016 Parkinson : une découverte éclaire sur les mécanismes à l’origine des symptômes moteurs et cognitifs
Plus de 50 études sur la Maladie de Parkinson