The Neon Demon // De Nicolas Winding Refn. Avec Elle Fanning, Jena Malone et Bella Heathcote.
Après l’échec de Only God Forgives, Nicolas Winding Refn revient avec The Neon Demon, un film particulièrement fort et riche sur le monde de la mode, le rêve américain, la souffrance que c’est d’être belle et le fait que l’homme est un loup pour l’homme. The Neon Demon c’est un conte de fée, comme les frères Grimm savaient en écrire, cruels mais montrant la face la plus horrible du monde. En prenant exemple sur le Petit Chaperon Rouge, Nicolas Winding Refn sait où trouver son inspiration. Accompagné de Mary Laws et Polly Stenham (Eleanor), il nous écrit un récit cruel sur ce monde du mannequinnat qui reste encore à mes yeux incompris. Derrière un visuel travaillé et magnifique, teinté de tout un tas de métaphore (le personnage couvert d’or, etc.) sur le rêve, la pureté et la corruption de cette pureté, se cache une réflexion assez intelligente en sous texte sur le monde qui nous entoure et sa capacité à détruire tout ce qu’il peut faire de beau. En compétition lors du Festival de Cannes 2016, le film aurait mérité le prix de la mise en scène (au moins).
Une jeune fille débarque à Los Angeles. Son rêve est de devenir mannequin. Son ascension fulgurante et sa pureté suscitent jalousies et convoitises. Certaines filles s’inclinent devant elle, d'autres sont prêtes à tout pour lui voler sa beauté.
Nicolas Winding Refn retrouve ses amours à Los Angeles, prenant inspiration chez ceux qui le fascine comme David Lynch (impossible de ne pas penser à Mulholland Drive quand on regarde The Neon Demon), Darren Aronofsky (si l’on prend l’exemple de Black Swan qui parlait de certains thèmes parfois un peu similaires), mais aussi sur des choses beaucoup plus étonnantes comme le cinéma des années 50 et 60, ce film noir très coloré, proche du giallo de Mario Bava et Dario Argento. L’inspiration est certaine quand on prend certaines scènes comme celle du défilé, ou encore celle de la scène de bondage lors de cette soirée aussi fascinante qu’étrange, etc. On retrouve alors l’utilisation des couleurs vives mais aussi de l’espace vide dans lequel on plonge. Aussi fascinant soit-il, le film cherche à raconter son histoire sous la forme d’un conte, horrible certes, mais d’un conte malgré tout. On parle alors de beauté, de mort, de cannibalisme (et là le petit chaperon rouge a du sens), de la jalousie (que l’on pourrait mettre sous la forme des trois petits cochons), de dangers permanents dans un monde cruel qui veut la beauté mais qui semble aussi la jalouser à en mourir. Quand à la fin du film l’héroïne dit « Girls would kill me to look like this », je pense que l’on est parfaitement dans la définition que cherchait à donner Nicolas Winding Refn de son histoire.
Accessoirement, Elle Fanning fascine et brille derrière cette beauté naturelle qui illumine le film. Elle a un regard, une façon d’être mise en scène par le danois qui m’a donné l’impression de voir une seule belle femme dans ce film. Constamment, il appuie son propos en la montrant avec le moins de superficialité, le minimum de maquillage, évitant donc de la peinturer de haut en bas. Quand l’un des protagonistes dit que « La beauté ne fait pas tout, la beauté est tout », dans un sens il n’a pas tord. Il est vrai que la beauté permet l’accessibilité à énormément de choses et est la seule chose qui nous permet de réussir dans ce monde. Quand on est beau ou belle, on peut tout avoir, il faut juste en prendre conscience. La beauté est un pouvoir que Nicolas Winding Refn mystifie du début à la fin du film. Si Elle Fanning aurait bien mérité un prix d’interprétation au dernier festival de Cannes, je retiens surtout de The Neon Demon que le film n’a pas été totalement compris par ses juges. C’est dommage car il y a énormément de sous textes et d’inspirations très intéressantes qui changent un peu de ce que l’on a pour habitude de voir dans le cinéma formaté actuel.
Note : 10/10. En bref, brillant.