Cette étude de l’Université d’Umeå (Suède) est plutôt alarmiste : prenant en compte la localisation des populations de moustiques vecteurs Aedes, les déplacements des touristes et le risque d’importation du virus, l’analyse des températures, la capacité vectorielle, le nombre de reproduction de base du virus, ses conclusions, présentées dans la revue eBio Medicine suggèrent un risque d’éclosion dans certaines zones de l’Europe du Sud.
» Nous savons que les climats chauds créent les conditions appropriées pour le développement de maladies transmises par les moustiques « , résume Joacim Rocklöv, co-auteur de l’étude et chercheur en épidémiologie et en santé mondiale à l’Université Umeå. » La capacité vectorielle dépend d’un certain nombre de paramètres, mais en général, des températures plus élevées augmentent la vitesse à laquelle les moustiques femelles » piquent « , la reproduction du virus et le risque de transmission. La présence bien établie dans certaines zones de populations de moustiques Aedes, le climat plus chaud et cette période de pointe pour les déplacements en Europe constituent une conjonction de facteurs favorables à Zika « .
Cette étude épidémiologique sur le risque d’éclosion d’infections au virus Zika en Europe, fait suite à une précédente recherche menée sur le virus de la dengue. L’étude a utilisé le même modèle informatique, indexé sur l’évolution des températures, pour prédire les risques d’infection. Les chercheurs ont pris également en compte les données sur les flux mensuels de voyageurs aériens qui arrivent des zones endémiques, les données d’incidence de l’infection par le virus, et la capacité de reproduction des populations de moustiques Aedes estimée pour l’Europe. Le modèle aboutit aux conclusions suivantes :
· un pic du risque de transmission du virus Zika entre juin et août dans certaines régions d’Europe du Sud,
· une période de coïncidence clé entre le débit de pointe des voyageurs aériens venant des régions des Amériques touchées par le virus Zika, et le pic de la capacité des moustiques à transmettre le virus.
Des données précieuses pour le Centre de surveillance européen ECDC pour identifier et surveiller les zones et les moments critiques où le risque d’infection est à son pic.
Quelques réserves, néanmoins : il n’est pas prouvé que les moustiques européens aient le même potentiel de propagation du virus que leurs homologues sud-américains. Ce qui ne fait aucun doute cependant est la menace croissante, avec l’augmentation des températures, des maladies vectorielles transmises par le moustique, y compris en Europe. Les zones géographiques à risque d’épidémie devraient ainsi, précise l’auteur, inclure de grandes parties de l’Europe.
A noter :
· Le 7 juin 2016, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a mis à jour ses directives sur la prévention de la transmission sexuelle du virus Zika, en particulier dans ses conseils aux voyageurs qui reviennent. Au-delà de la transmission primaire, la transmission sexuelle du virus Zika s’avère en effet plus fréquente qu’on ne le pensait.
· Au 3 Juin 2016, l’Agence européenne ECDC a enregistré 728 cas importés dans 19 pays de l’Europe. 41 concernent des femmes enceintes. Enfin, ce nombre de cas importés déclarés ne reposant pas sur un système de surveillance de la déclaration systématique, il ne peut donc pas être considéré comme exhaustif.
Source: eBio Medicine June, 2016 DOI: 10.1016/j.ebiom.2016.06.009 Assessing Seasonal Risks for the Introduction and Mosquito-borne Spread of Zika Virus in Europe
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