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Nouvel atlas mondial de la pollution lumineuse

Publié le 14 juin 2016 par Pyxmalion @pyxmalion

Le nouvel atlas de la pollution lumineuse montre que 80 % de la population mondiale ne connait plus de nuit noire peuplée d’étoiles. Les scientifiques s’inquiètent de cette clarté nocturne, semblable à un « crépuscule permanent », sur la faune, la flore et aussi sur la santé humaine. Et cela ne devrait pas s’arranger.

Cet été, si vous avez envie d’admirer l’arche de la Voie lactée à travers un ciel constellé de milliers d’étoiles, il vous faudra pour cela rejoindre les derniers et rares territoires en France métropolitaine où la nuit peut encore être d’un noir d’encre : le parc des Causses du Quercy, entre Cahors et Figeac, la partie est du Parc des landes de Gascogne (au sud-est de Bordeaux), ou certains morceaux du parc d’Armorique, en Bretagne. Réduits à des portions congrues, ces espaces dénués de pollution lumineuse – celle-ci est principalement créée par l’éclairage public des grandes villes et de leurs banlieues – sont en voie de disparition.

En France, mais aussi dans toute l’Europe. Ainsi, certaines régions comme l’Angleterre, les Alpes du sud, la Belgique ou les Pays-Bas sont à un tel point inondées de lumière artificielle que la plupart de leurs habitants ne peuvent plus voir qu’une poignée d’étoiles lorsqu’ils lèvent les yeux au ciel.

En réalité, selon le New World Atlas of Artificial Night Sky Brightness, la dernière carte de pollution lumineuse dans le monde réalisé sous la direction de Fabio Falchi, de l’ISTIL (Italian Light Pollution Science and Technology Institute), et publié le 10 juin dans la revue Science Advances, dans cette région de plus en plus urbanisée et aussi à travers les États-Unis, quelque 99 % de la population vit sous un ciel nocturne orangé, où les étoiles s’éteignent… À l’échelle mondiale, cela représenterait 83 % de la population. L’augmentation est d’environ 6 % par an, soulignent les chercheurs. Et cela ne devrait pas s’arranger (malgré les efforts de certaines localités, sensibilisées au problème), bien au contraire !

Nouvel atlas mondial de la pollution lumineuse

Halo créé par la pollution lumineuse. Les étoiles disparaissent

Trop de lumière nuit

« Quelle chose horrible à faire pour nous, en tant qu’espèce, de vivre dans un crépuscule permanent et de ne jamais être en mesure de voir les étoiles », déplore Travis Longcore, spécialiste de l’écologie urbaine travaillant sur les moyens de calculer l’« illuminance horizontale » (comment la lumière artificielle est réfléchie par les nuages et le sol, selon les conditions météo). Cet atlas est un outil dans son étude des nuisances sur la faune et la flore causées par les myriades de lumières artificielles qui éclairent indirectement le ciel. L’exemple le plus connu est celui de la migration des oiseaux qui peut être différée dans la saison. Mais cela affecte aussi nombre de pollinisateurs nocturnes comme les chauves-souris, sans oublier les écosystèmes sous-marins, rappelle le chercheur à l’université du sud de la Californie.

Enfin, nous ne sommes pas épargnés non plus car cette clarté a pour effet indésirable d’augmenter la production de la mélatonine et donc de perturber le sommeil. S’ensuit un risque accru de développer certains cancers.

« Nous pouvons certainement réduire les niveaux de pollution lumineuse en éteignant les lumières, mais nous ne pouvons pas réparer les dégâts que nous avons déjà fait » s’inquiète Fabio Falchi.

En effet, l’équipe internationale qui a réalisé des projections signale que si chaque lampe au sodium est remplacée par des lampadaires à Led, comme cela est en cours, le ciel nocturne nous apparaitrait alors encore plus clair car ces lampes émettent plus de lumière bleue. L’Homme y est très sensible et en outre, elle se disperse mieux dans l’atmosphère.

« Le nouvel atlas fournit une documentation critique sur l’état de l’environnement nocturne alors même que nous sommes à l’aube d’une transition vers la technologie LED dans le monde entier, résume l’auteur principal de ces travaux. Sauf si un examen attentif est porté sur la couleur et les niveaux d’éclairages des LED, cette transition pourrait malheureusement conduire à une augmentation de 2 à 3 fois la lueur dans le ciel par les nuits claires » déplore Fabio Falchi qui, rappelons-le, avait produit la première carte mondiale de la pollution lumineuse en 2001.

Pollution lumineuse en Europe — Crédit : ISTIL

Pollution lumineuse en Europe — Crédit : ISTIL

Un atlas réalisé grâce à l’aide milliers de citoyens scientifiques


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