La Loi de la Jungle // De Antonin Peretjatko. Avec Vincent Macaigne et Vimala Pons.
J’ai énormément d’a priori sur Vincent Macaigne. Ce n’est pas excellent acteur mais on le voit de partout, car il a cette allure branchouille à la Sébastien Tellier et Philippe Katerine, une sorte de je m’en foutisme physique qui lui donne une sorte d’aura sympathique. Enfin, pour la critique mais pas forcément pour le public que je suis. Puis il y a eu La Loi de la Jungle, une sorte de révélation exotique, une comédie perchée à milieu lieu des films dans lesquels il a pu jouer auxquels j’ai été hermétique. Antonin Peretjatko (La fille du 14 juillet) signe probablement ici la comédie française de l’année, estivale et folle, bourrée d’anachronisme et faisait au fond revivre les comédie des années 80 avec Pierre Richard. Peut-être justement il est là le rôle de la vie de Vincent Macaigne, d’être le souffre douleur au service du comique de situation, de répliques savoureusement écrites. Il est accompagné de Vimala Pons (Comme un avion, Je suis à vous tout de suite) qui elle aussi est presque en train dee devenir une sorte de révélation stellaire, sortant des sentiers battus de la comédie française actuelle qui a tendance à se formater dans un monde qui est loin d’être celui vers lequel elle doit aller.
Marc Châtaigne, stagiaire au Ministère de la Norme, est envoyé en Guyane pour la mise aux normes européennes du chantier GUYANEIGE : première piste de ski indoor d’Amazonie destinée à relancer le tourisme en Guyane. De mésaventure en mésaventure, on lui affuble un coéquipier. Pas de chance c’est une pin-up. Pire : elle a du caractère.
La réussite de La Loi de la Jungle tient véritablement dans son humour et dans la façon de le mettre en scène. C’est drôle mais en plus de ça assez intelligent en termes d’humour. On sort des sentiers battus. Ce n’est pas une comédie d’Olivier Baroud avec Kad Merad, ce n’est pas une comédie avec Christian Clavier qui en ferait des caisses, tout est pesé et dosé de manière à procurer un véritable plaisir. Certaines scènes, presque gore (la cervelle, les larves, etc.) donnent encore une fois au film un charme, celui d’une comédie qui n’a pas froid aux yeux et encore moins peur de s’attaquer à certains sermons d’un genre qui ne créé plus, qui se pose seulement la question de faire un film automatique sur un sujet balourd. Ici, le sujet est déjà drôle (faire une station de ski en pleine forêt tropicale) mais au delà de ça, c’est l’utilisation de ce sujet qui est réellement drôle. Bourré d’anachronisme (nous sommes au temps de Mitterand et pourtant, il y a des ordinateurs portables, des smartphones, etc.). Dès les premières secondes, le film donne le ton, moquant la ribambelle de logos de producteurs afin d’en faire un élément comique à part entière. C’est spécial mais l’on comprend que l’on n’est pas devant la comédie habituelle qui a soutiré 50% du budget du CNC dans le salaire de Dany Boon.
Ensuite, La Loi de la Jungle réussie également par son casting, qui égaye l’ensemble tel un rayon de soleil. Vincent Macaigne est véritablement quelqu’un que je découvre ici, loin de toutes les incarnations qu’il a pu donner à des rôles beaucoup moins passionnants. Ici, le film est riche d’idées et délivre alors tout au long quelque chose de sucré et chaud. Vimala Pons de son côté est un autre rayon de soleil, celui qui casse un peu le rôle de femme dans la comédie française, souvent réduite à un rôle de potiche ou encore un rôle un peu simpliste. Là c’est une vraie aventurière, avec ce qu’il faut de folie (rien que de la voir mettre des mecs à terre dans le film prouve aussi presque la symbolique ultra féministe du film, elle sait même amadouer l’homme en lui faisant croire qu’elle va mourir pour faire l’amour, c’est une vraie guerrière qui a la maîtrise sur l’homme). Ainsi, La Loi de la Jungle est donc pile poil ce qu’il fallait au cinéma français pour rappeler au spectateur qu’il sait faire encore de bonnes comédies. C’est inespéré mais tout aussi irrésistible. On en veut plus des films de ce genre là.
Note : 10/10. En bref, une réussite sans équivoque. La comédie française de l’année (pour le moment).