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La peur de reproduire les erreurs du passé

Publié le 16 juin 2016 par Lheureuseimparfaite @LImparfaite

Cher amie lectrice, ami lecteur,

comme tu le vois en ce moment, je reprends assez régulièrement ma plume mon clavier pour partager avec toi ce qui me tracasse.

Avant toute chose, je tiens à te prévenir (parce que certains lecteurs m'ont déjà reproché de souffler le chaud et le froid...) :

Alors qu'hier je plaisantais gentiment au sujet de mes "petits travers" et de mes complexes avant l'été, aujourd'hui j'ai davantage envie et besoin d'un peu de sérieux pour pouvoir mettre les choses à plat.

C'est un assez vaste fouillis dans ma petite tête mais je vais tacher d'y mettre un peu d'ordre et de t'exposer clairement le sujet d'aujourd'hui :

* Qu'ai-je de bon à transmettre ?

* Est-ce que je suis capable de devenir mère à mon tour ?

Enfin, pas n'importe quelle mère, une "bonne" mère, pas parfaite évidemment mais pas trop mal quand même...

C'est pour ça que j'ai choisi cette photo, genre "ananas family portrait" et il y a même le petit dernier de la famille -un petit cactus jaune et vert qui a été adopté...
La peur de reproduire les erreurs du passé

Étant donné qu'on a beaucoup de mal (en fait jusqu'ici ça ne marche pas) à concevoir un bébé de façon "normale", "naturelle" et "spontanée" avec monsieur Chat, je me pose beaucoup de questions. ( C'est ma grande spécialité quoi qu'il en soit de me poser toujours 36 questions à la fois sur tout et n'importe quoi.)

Je me suis tout d'abord demandé, vu mon âge bientôt canonique pour une femme nullipare, si je n'étais " pas toute pourrie de l'intérieur ", autrement dit si mes ovules n'étaient pas un peu périmés !

Visiblement d'après mes prises de sang et le comptage de mes follicules, je suis à peine limite et les chiffres restent encore corrects. Ouf, je respire un peu.

Demain je passe un examen que j'attends depuis longtemps (rdv pris depuis Mathusalem) et que je redoute franchement (une hystérosalpingographie) et mardi suivant, armés de tous nos résultats, monsieur Chat et moi retournons voir l'équipe de pma pour découvrir la suite du processus.

En attendant je me demande si je ne fais pas un " blocage psychologique ". Après tout ça existe et je pourrais très bien y être sujette.

J'ai en très peu parlé ici. Une fois tout au plus. Mais je connais pas mon géniteur. Je ne le connais pas, mais j'ai toujours eu peur de lui ressembler.

Mon père était un homme tourmenté, un alcoolique qui tapait ma mère.

Et si moi aussi j'avais hérité de ses fragilités, de ses tourments ? Une sorte d'atavisme auquel je n'aurais pu me soustraire. D'ailleurs aujourd'hui et depuis toujours en fait : je ne bois quasiment aucune goutte d'alcool. Ok, j'ai déjà trempé mes lèvres dans une coupe de champ' aux fêtes de fin d'année, j'ai déjà testé une petite bière aux fruits rouges en soirée ou accompagné une crêpe d'un soupçon de cidre ; mais dans une année je ne doit certainement pas dépasser un litre d'alcool, voire moins d'un demi litre !! Je le fuis, je m'en désintéresse. Je ne veux pas que ça fasse partie de ma vie.

Je n'ai pas à proprement dis peur d'être alcoolique, mais j'ai peur d'être sujette à la dépendance, aux dépendances. Peur de ne pas surmonter mes fragilités. Je suis débarrassée des troubles du comportement alimentaire (aussi bien l'anorexie que la boulimie) mais il n'en reste pas moins un "charmant" terrain dépressif comme disent les médecins. (Ah, ah ! Quel joli terrain, je m'en passerais bien, merci !)

Enfin un père, un "géniteur" ça ne fait pas tout. J'ai aussi une mère. Une mère géniale, une mère courage quand j'étais petite. Et puis j'ai vu progressivement ma petite maman chérie sombrer elle aussi dans la dépression. Oh, tout n'est pas noir, comme elle le dit " il y a les jours où ça va bien ". Mais il faut avouer que ces jours là ne sont pas très nombreux.

Je crois que ma petite maman a vécu trop d'épreuves difficiles et qu'elle ne peut plus complètement se redresser aujourd'hui.

Je ne veux pas donner dans le misérabilisme ni dans l'apitoiement facile. Je constate seulement avec tristesse que les coups (physiques), les deuils, les déracinements, les séparations, les maladies ont eu raison de sa belle énergie et de ses forces.

J'ai peur de reproduire l'histoire de mes parents et de transmettre à mon tour trop de souffrance.

L'histoire de mon père, je l'ai déjà un peu reproduite à travers mes propres épisodes dépressifs et boulimiques... L'histoire de ma mère, je l'ai aussi déjà reproduite avec un premier petit copain violent, avec des tas de complexes et d'interdits qui remontent à l'éducation qu'elle a reçu de mes grands parents.

Et pourtant aujourd'hui aussi, j'ai conscience que :

je ne suis pas mon père,

je ne suis pas ma mère,

J'ai déjà commis mon lot d'erreurs. Je me suis déjà ramassé un bon nombre de fois. Et pourtant je suis encore là, je continue de vivre, d'aimer et d'apprendre. Je continue aussi d'espérer.

Je n'ai peut être pas besoin de résoudre "tous" mes problèmes, de mettre un terme à tous mes doutes et à tous mes complexes pour arriver à transmettre de l'amour et pour donner un cadre rassurant et épanouissant à un enfant.

Merci de m'avoir "écoutée". En tous cas, j'y vois un peu plus clair maintenant.

La peur de reproduire les erreurs du passé


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