Vu dans Le monde en ligne du 17 juin 08 un article publié par Aurélie Sobocinski intitulé " La suppression de la carte scolaire renforcera les getthos"
La suppression de la carte scolaire annoncée pour 2010 par Nicolas Sarkozy, qui s'y était engagé lors de la campagne présidentielle, entraine à concevoir la mixité à n'être plus qu'un "fantasme républicain". "C'est l'avertissement que lancent les inspecteurs généraux de l'éducation nationale Jean-Pierre Obin et Christian Peyroux dans un rapport, que s'est procuré Le Monde, sur les premiers effets de l'assouplissement de la carte scolaire, interdit de publication depuis octobre 2007 par le ministère de Xavier Darcos". Un état des lieux rédigés entre juin et septembre 2007 qui a porté sur 34 départements montre une accentuation d'une baisse de la mixité scolaire. Ce constat est inquiétant car "Il souligne aussi un renforcement des logiques de concentration ethnique".
"Pour MM. Obin et Peyroux, le principal effet de l'assouplissement de la carte scolaire a été de dégrader davantage la mixité scolaire, "accélérant les processus sociaux déjà à l'oeuvre depuis des années". Les établissements déjà délaissés sont les plus touchés par cette érosion. Même si seulement 13 500 demandes supplémentaires de dérogation ont été enregistrées, les effets sont sensibles."
Les catégories favorisées évitent certains collèges, les établissements convoités ont peu d'élèves de condition modeste. L'accent porté sur la création de label ou de filières d'excellence dans les zones sensibles, ne suffisent pas à faire revenir les populations qui ont migré vers des établissements plus "prestigieux".
"Pour les inspecteurs généraux, concilier une plus grande liberté des familles et une plus grande mixité des établissements est néanmoins "possible". Mais la voie est "étroite", préviennent-ils, et ne pourra être suivie qu'à certaines conditions. Pour l'avenir, MM. Obin et Peyroux suggèrent donc quelques correctifs.La principale clé repose sans doute sur la rectification du problème des élèves boursiers. Parmi les demandes de dérogations, ils apparaissent en effet "peu nombreux et mal traités", avec un taux de dérogation accordé "très variable selon les départements". En l'absence de directives ministérielles et pour des raisons techniques, peu d'inspections académiques ont décidé de modifier la gestion informatisée de leurs affectations, notamment à l'entrée en seconde."
"Favorables à un système qui ne serait pas totalement dérégulé, Jean-Pierre Obin et Christian Peyroux affichent également leur attachement au maintien par les familles d'un "droit d'affectation dans l'établissement le plus proche du domicile" et à une régulation toujours "assurée par l'Etat" plutôt que par les chefs d'établissement ou les parents eux-mêmes. Ces pistes trouveraient un écho plutôt favorable au ministère de l'éducation nationale.
Pour motiver les collèges et lycées à rester dans une dynamique de mixité, ils suggèrent en outre l'introduction d'un "indicateur" de suivi de la mixité sociale, qui permettrait de récompenser les établissements les plus vertueux par une "dotation supplémentaire". La fermeture des établissements "ghettos", "si le quartier est dangereux et le collège déjà bien vide", à l'image de certains établissements déjà identifiés sur le pourtour méditerranéen ainsi qu'à Lyon ou à Grenoble, pourrait être par ailleurs une solution "positive"."
Il semblerait que le gouvernement doive encore affiner ses propositions et trouver des solutions afin d'éviter la mise en concurrence des établissements. L'objectif de réussite des élèves doit être la priorité... On ne sait pas encore de quoi l'avenir sera fait...